lundi 1 mars 2010

Tolède.

La page la plus glorieuse de la Guerre d’Espagne. Plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants qui résistent aux pires criminels de l’humanité, au prix de tous les sacrifices. Tout commence la nuit du 18 juillet. Le lendemain d’une agression ratée menée par la CNT contre la Guardia Civil qui fit 5 morts chez les révolutionnaires (dont leur chef Huertas), le colonel José Moscardo monte à Madrid pour voir la tournure des événements. Avant de se rallier à Franco, il a l’intelligence d’attendre le rassemblement de tous les gardes civils fidèles et de leur famille, promise au massacre. Il reçoit les ordres du général de la Cruz, collabo des rouges, de livrer les armes de l’arsenal, mais pour gagner du temps, il demande des ordres écrits. Le 21, les premiers contingents de gardes civils, des paysans, des étudiants se rassemblent dans l’Alcazar. A 16 heures, les rouges attaquent, les premiers morts tombent et le char qui participait à l’attaque est détruit par le commandant Villalba et le capitaine Badenas. 300 gardes civils des compagnies Ocana et Talavera viennent se réfugier dans l’Alcazar. L’hôpital est rapidement canonné par la batterie de 105mm de la colonne du général Riquelme (2400 hommes plus 1500 anarchistes) mais malgré les bombes républicaines qui détruisent un camion, les nationalistes confisque les munitions de l’usine locale dirigée par le colonel républicain Soto. Les assauts républicains échouent et les derniers réfugiés s’y rassemblent. Les 20 moines du couvents des Carmes refusent d’abandonner leur monastère : 18 d’entre eux seront massacrés par les anarchistes, furieux de voir l’Alcazar tenir.

Au 22 juillet, 1787 personnes sont réfugiés dans la bâtisse : 196 officiers, 9 cadets, 232 hommes de l’Académie et de l’Ecole de gymnastique, 664 gardes civils, 19 garde d’assaut, 5 membres du corps de vigilance, 108 paysans en armes, 12 employés de l’Académie, 2 auxiliaires, 26 musiciens, 5 religieuses des sœurs de la Charité (dont Mère Josepha Barrel leur supérieure), 271 femmes (dont deux enceintes), 215 enfants et 73 civils non armés (vieillards et impotents, plus un pâtissier français Isidore Clamarigaud. Ce dernier, capturé par les rouges alors qu’il transférait son stock de farine vers l’Alcazar, fut enfermer à la synagogue del Trasito et sauvé in extremis du peloton par le consul de France ). Les femmes et les enfants sont regroupés dans la partire ouest, la mieux protégée. Le 23 juillet, les rouges vont franchir encore une étape dans la lâcheté. Ayant capturé Luis Moscardo, le fils du colonel âgé de 17 ans, ils menacent de l’exécuter si son père ne se rend pas. Enfant ayant été élevé chrétiennement dans le devoir et le sacrifice, Luis sait que si son père capitule, il n’est non seulement pas certain d’avoir la vie sauve, mais il livrerait à la mort les 1787 résistants. Aussi, après un bref échange téléphonique avec son père, aussi poignant que court, il accepte de se sacrifier. Il sera exécuté le 23 août avec 73 autres personnes en représailles d’un bombardement d’une barricade républicaine par un de leur propres Bréguet-XIX qui avait raté sa cible. Sa mère Maria et son petit frère Carmelo (14 ans) seront enfermés dans un asile, torturés, mais un « infirmier » marxiste, pris de pitié, arrivera à sauver leur vie.

Le 25 juillet, le capitaine don Luis Alba Navas, enseignant à l’école de gymnastique, essaye de traverser les lignes pour envoyer un message à Franco. Il est capturé et abattu d’une balle dans la nuque… La nourriture vient rapidement à manquer. Les 199 chevaux et 27 mules de l’Alcazar sont débités pour fournir de la viande. Un raid le 3 août permet de prendre 32,4 tonnes de blés au nez et à la barbe des rouges. Pour maintenir le moral des troupes, un petit journal interne quotidien est créé (El Alcazar) avec comme directeur le commandant Victor Martinez et comme rédacteur en chef le commandant Félix Cano. Fréquemment bombardé par les avions républicains qui ont la maîtrise absolue des airs et par leur puissante artillerie, l’Alcazar tient quand même (au total, 9800 obus auront frappé la citadelle). Les 14 bombardements aériens détruisent les deux tours au-dessus de la forteresse. Le 16 août, les anarchistes de la CNT essayent de faire sauter la forteresse mais des cocktails molotov lancés par les défenseurs font s’effondrer leur tunnel. Le 22 août, un avion nationaliste leur apporte du courrier. Les premiers avions nationalistes, des Ju-52 et des SM-81 interviennent le 26 et 27 août, bombardant l’usine d’armement acquise aux rouges. Le 3 septembre, les assiégés apprennent que les Rouges ont été écrasés par le général Yaguë à Talavera, à 30 kilomètres de Tolède. L’espoir renaît. Les blessés sont opérés pour 120 d’entre eux (et amputés pour 14) dans un hôpital de fortune dépourvu de tout, soignés par trois médecins, les cinq religieuses et quelques femmes promues infirmières.

Le 8 septembre, Franco décide de surseoir à la prise de Madrid, qu’il juge trop bien défendue, et envoie immédiatement la colonne du général José Enrique Varela, composée de 2 tabors marocains (225 hommes), une bandera de la Légion (600 hommes) plus 5000 hommes de divers services, pour libérer Tolède. Pour l’Alcazar, il faut tenir à 600 contre plus de 8.000 et des munitions en voie d’épuisement. Apprenant le mouvement des franquistes, les Rouges essayent de faire capituler Moscardo. Le chef, le général Asensio, envoient le commandant Rojo (ancien instructeur à l’Alcazar et socialiste) négocier, en vain. La seule chose que demande les Nationalistes est l’envoie d’un prêtre, ne devant compter que le soutien spirituel d’Antonio Rivera, président de la Jeunesse Catholique de Tolède (qui mourra de ses blessures en novembre). Les rouges envoient l’abbé Enrique Vasquez, chanoine de la cathédrale de Madrid, prêtre aux idées républicaines notoires. Il administre l’extrême-onction aux mourants, baptise l’un des deux bébés nés (l’autre, une petite fille appelée Josepha, naîtra le 18 en plein assaut rouge), célèbre la messe et donne l’absolution générale. Il essaye de convaincre les Nationalistes de se rendre, mais ne peut même pas leur apporter la garantie que les femmes et les enfants seraient épargnés. Il ne connaît que trop bien ses « amis »… Les nationalistes n’ont pas confiance, et ce à juste titre… le 18 septembre, sachant que les femmes, les enfants et les blessés étaient réfugiés dans l’aile ouest, les anarchistes de la CNT font sauter celle-ci, faisant s’effondrer un quart de l’édifice. L’assaut final, du moins le croyaient-ils, est lancé. Ce dernier fut un fiasco. Les milices anarchistes, très fortes pour incendier des églises et attaquer des monastères sans défense, sont taillées en pièces par les défenseurs, des mômes de 16 ans : plus d’une centaine de morts dans leur rang. Même leurs blindés sont inefficaces. Leur artillerie pilonne sans relâche l’Alcazar dont les munitions s’épuisent : l’immense majorité des soldats n’a plus de cartouches et la moitié des effectifs est constitué de blessés. Les morts sont enterrés dans la piscine. Au total, il y en aura 82.

Le 25 septembre, les forces républicaines sont attaquées à 3 kilomètres de la ville par les regulares de Varela. Le 27, le dernier assaut républicain est lancé et se termine par une nouvelle déroute : les 6000 litres d’essence qui devait brûler vifs les défenseurs de l’Alcazar sont détruits par une grenade nationaliste, le feu se répand et s’étend sur une partie de Tolède… Mais déjà, les arènes sont occupée par les légionnaires de la 5e bandera. Trois Ju-52 font leur apparition, l’occasion pour les Rouges de commettre un dernier crime de guerre. L’un des avions sera abattu par les Dewotine offerts par la France, le pilote sera mitraillé alors qu’il tombait en parachute et le co-pilote arrivera à s’éjecter, mais après avoir vidé son chargeur sur les Rouges, il tombera au combat. Capturé, le troisième sera châtré et dépecé vivant en petit morceaux par des miliciennes anarchistes. Les Marocains du 1er tabor des Regulares culbutent les rouges du commandant Barcelo et délivrent la garnison d’où sortent de véritables mort-vivants, choqués, épuisés, aveuglés par la lumière du jour, mais libres. C’est un Marocain, le commandant Mohammed El Mizzan, ancien Cadet de l’Alcazar, qui entre le premier. Chrétienté et Islam unis contre le bolchevisme comme ils le seront plus tard en URSS. Le 28, la ville est nettoyée et les criminels rouges subissent le juste châtiment pour leurs crimes : les Maures sont sans pitié. Le 29, Franco se rend sur les lieux de la victoire et décore tous les rescapés de la Croix de San Fernando. José Moscardo est nommé général et est muté sur le front de Siguenza. Ce dernier, sortant de l’enfer, prononcera ces mots historiques : « Rien à signaler à l’Alcazar ! ».Tous les Cadets survivants seront promus officiers. Un seul survivra à la guerre. ARRIBA ESPANA ! Moscardo nous donne une leçon de courage et montre la voie : il a refusé de négocier et de se rendre et à survécu. Il n’avait aucune confiance dans la parole des républicains avec raison. Il n’a pas fini comme les martyrs de Quiberon, du Grand-Bornand, de la grotte de la Vierge qui payèrent de leur vie leur naïveté…


H. de Fersan.