mardi 2 mars 2010

La trahison des Templiers.

« Robert de Fling attira l'attention de Philippe IV (1285-1314) de France sur certains événements qui étaient survenus sous le règne de Louis IX (1226-1270) - Saint Louis - Le grand-père de Philippe. Philippe ordonna une enquête. En conséquence, Enguerrand de Marigny et Raoul de Presle fournirent les preuves documentaires (enregistrées dans la Chronique de Saint Denis) démontrant la trahison des Templiers durant le règne de Louis IX. Au temps de la septième Croisade et de la bataille de Mansourah (1250), les Templiers trahirent Louis IX en faveur des Sarrasins. Louis demeura prisonnier en Palestine, de 1250 à 1252, jusqu'à ce que l'énorme rançon exigée puisse être levée en France et envoyée en Palestine. Une part de la rançon royale fut remise aux Templiers par les Sarrasins, comme prix de leur trahison ».

D'autres documents prouvent qu'un traquenard avait été prévu pour Louis au temps de la Huitième Croisade. Le roi fut induit à faire voile pour Tunis sur un rapport des Templiers à l’effet que le roi Omar de Tunisie se convertirait et joindrait ses forces avec celles de France contre les Sarrasins. Le résultat du traquenard fut que le gros de l'armée française et que Louis lui-même périrent de la peste sous les murs de Tunis (1270).

D'autres documents prouvaient que l'Ordre des Templiers était subversif et qu'il avait planifié le renversement du Gouvernement...

Rien ne prouve plus les noires ambitions de l'Ordre et ses relations intimes avec les puissances occultes que la façon dont l’ordre se vengea du Pape, du Roi et du pays. - Par le poison, les tortures et la pendaison, il fit exécuter par de perfides moyens tous ceux qui avaient pris une part active au procès… (M. Warren Weston, dans Father of Lies , M.C.P. Publications, London, England.)

En 1794, Charles-Louis de Gassicourt fit paraître un livre sur Jacques Molay, ou histoire secrète et abrégée des Templiers, dans lequel on peut lire ce qui suit : « il y a en Europe une foule de loges maçonniques : mais elles ne signifient rien sous le rapport politique; ce ne sont que de véritables séminaires. Les vrais maçons Templiers ne sont que cent-huit sur la terre : ce sont eux qui, par vengeance, par ambition et par système, ont juré le massacre des rois et l'indépendance de l'univers ».

Les Templiers, dit N. Deschamps, dont parle Cadet Gassicourt, étaient les chefs des loges parisiennes, les membres actifs du Grand Orient.

C'est par la prise de la Bastille, ajoute Cadet Gassicourt, que commença la Révolution, et les initiés la désignèrent aux coups du peuple, parce qu'elle avait été la prison de Jacobus Molay.



Avignon fut le théâtre des plus grandes atrocités, parce qu’il appartenait au Pape, et qu'il renfermait les cendres du Grand-Maître. Toutes les statues des rois furent abattues. afin de faire disparaître celle d'Henri IV, qui couvrait la place ou Jacques Molay fut exécuté: c'est dans cette même place et non ailleurs que les initiés voulaient faire élever un colosse foulant aux pieds des couronnes et des tiares, et ce colosse n'était que l'emblème du corps des
Templiers....

« La perte des Bourbons, jurée par les Templiers, ne permettait pas au duc d'Orléans, Philippe, de gouverner la France : sans perdre son nom; il crut qu'il suffisait d'y renoncer, il renia son père à la tribune des jacobins, il protesta à la commune que sa mère, prostituée, reçut dans son lit un cocher, et qu'il était le fruit de ses impudiques amours. Il supplia humblement qu'on lui ôta son nom, et il prit celui d'Égalité. Mais Robespierre avait déjà un parti, et d'Orléans, méprisé même de ses complices, fut sacrifié ».

Ce que dit Cadet Gassicourt ou encore N. Deschamps sur le rôle prépondérant de la secte maçonnico-templière qui faisait manœuvrer toutes les loges ordinaires, est confirmé par d'Haugwitz dont voici les expressions textuelles dans son mémoire aux princes assemblés à Vérone : « L'Ordre du Temple était en possession du secret, et les faits ont montré que ce n'est pas par un pur hasard que Louis XVI fut conduit au Temple, d'où il ne sortit que pour être sacrifié aux mânes de Molay ». (Cité par N. Deschamps ,dans Les sociétés secrètes et la Société, édité à Paris par Oudin Frères, en 1883, Tome troisième,pp.76~78,79 et 80.)

Mais ce qu'il nous faut souligner, en terminant ce sujet, c'est que les Templiers ou membres de l'Ordre des Chevaliers du Temple, furent avant tout une secte de Gnostiques qui infesta l'Église du Christ en prétendant défendre le Saint Sépulcre et faciliter l'accès des pèlerins à Jérusalem.

En l'an 1118, soit vingt-huit ans après que Hassan Sabah, originaire d’Égypte, eut fondé en l'an 1090 la secte des Assassins (Hashishim - parce que le Haschich était utilisé comme drogue par ses fidèles...) Hugues de Payens fonda l'Ordre des Chevaliers du Temple. Le but déclaré des chevaliers était de défendre le Saint Sépulcre à Jérusalem et de protéger les pèlerins voyageant en Palestine.

Au début du douzième siècle, raconte Paul Rosen, dans Satan et Cie (Paris, 1888,p.84), il y avait dans le Proche-Orient une secte de chrétiens Johannites; ils prétendaient que les Évangiles n'étaient que de pures allégories... Leur chef, Theocletus, initia dans les Mystères Johannites le chef des Templiers, Hugues de Payens ... et le nomma son successeur.

Les Chevaliers du Temple professèrent dès lors le Gnosticisme primitif et leur doctrine eut plus tard une place spéciale dans la Franc-Maçonnerie.

Il a été noté que plusieurs des fondateurs de l'Ordre des Templiers furent initiés dans la secte des Assassins. Selon John Yarker, un haut Maçon et une autorité sur les sectes Gnostiques, il y avait à l'origine sept degrés d'initiation dans l'Ordre du Temple, soit le même nombre de degrés que celui des Assassins...

La position sociale des Chevaliers du Temple, avec leurs relations secrètes dans le monde occulte, leur apporta le pouvoir. La France, l'Angleterre et d'autres pays formèrent des Associations ( Prieurés ) de Chevaliers du Temple, dont chacune avait un Grand Maître et d'autres officiers. Une si grande richesse s’accumula dans les trésors de l'Ordre que, durant la seule année 1185, son revenu annuel représentait trente millions de dollars (six millions de livres).

Les Templiers étaient devenus banquiers et ils prêtaient de 1'argent selon leurs propres conditions..." -entendez par là surtout leur propre taux d'intérêts.

Comment, seulement après 67 ans de sa fondation, fait remarquer Warren Weston, cet Ordre supposément altruiste - charitable - pouvait il compter sur un revenu annuel qu'aucune maison commerciale en Europe pouvait égaler? Et celui-ci ajoute : « Cet énorme revenu annuel représentait surtout l'usure sur l'argent prêté par des Juifs dans toute l'Europe... ». (Le tout tiré de 1'Ouvrage de Warren Weston Father of Lies, déjà cité, pp.l84, 185 et 186).

La seule dénomination de « Templiers », de « Chevaliers du Temple » choisi par Hugues de Payen, aurait du éveiller l'attention des contemporains, puisqu'il n'y avait pas de Temple à défendre à Jérusalem et que les vrais croisés, ceux qui réussirent, après des souffrances et des efforts incroyables, à s'emparer de Jérusalem en l'an 1099, furent d'abord et avant tout des chevaliers du Christ.

Pour ceux qui ont pu douter et peuvent encore douter de l'impartialité des juges qui ont condamné les Templiers, au temps de Philippe le Bel, nous nous devons de rappeler ce qui suit : Ayant les preuves en mains, Philippe demanda au Pape Boniface VIII de traduire l'Ordre en justice. Dans ce but et durant ses dix années de combat avec l'Ordre, le roi eut l'entier support des États Généraux (ou Parlement). Mais Boniface VIII, craignant un scandale, refusa d'agir, il incomba à son successeur, Clément V, de faire une nouvelle enquête.

Ayant annulé les procédures de la Commission mise sur pied par Philippe, Clément V présida à Poitiers une enquête préliminaire de 72 chevaliers, en espérant que les charges portées contre l'Ordre s’avéreraient sans fondement. Mais bien au contraire, il reçut de ces chevaliers une confession libre et volontaire de tous les crimes dont l'Ordre était accusé.

Comme résultat, le Pape se vit obligé de procéder. Il institua une Commission spéciale qui se réunit à Paris et examina les accusations en suivant la procédure légale régulière. La Commission était composée d'archevêques, d'évêques et de hauts dignitaires, tant ecclésiastiques que civils, de même que de quatre notaires publics (les notaires publics avaient en ce temps-là des fonctions plus importantes qu'aujourd'hui). -

Les Templiers eurent toutes les opportunités possibles pour se défendre et défendre l'Ordre. Des deux cent trente et un chevaliers interrogés par cette commission, tous, à l'exception de 30, confirmèrent le témoignage des 72 Chevaliers entendus à Poitiers. Les trente qui nièrent les accusations étaient du pays de Foix et tous employèrent la même formule de désaveu.

Quant aux deux cent chevaliers qui sans y être contraints et sous serment, confirmèrent les accusations, chacun fit une déclaration détaillée, en spécifiant le temps, la place, les noms, etc… dans chaque instance où l'action immorale avait été commise.

Les procédures de cette Commission spéciale furent pour la première fois publiées des manuscrits originaux par l'historien français Jules Michelet, membre de l'Institut français et lui-même un haut maçon.

Son premier volume Le procès des Templiers parut en 1845, le second volume en 1851. Michelet, après plus de quinze ans d'études, était convaincu de la culpabilité des Templiers. Son travail n'a jamais été surpassé, et il devrait être étudié par tous ceux qui s'intéressent à la question.

Des 30,000 à 40,000 chevaliers qui, pour les crimes avoués, furent condamnés à des termes d'emprisonnement, de jeûne, ou de prières, pas un seul ne rétracta sa confession, même après la mort du Pape et du roi, et sa propre mise en liberté hors de la prison.

Seulement le Grand Maître, J. de Molay et Guy Dauphin d’Auvergne, condamnés par le Pape à l'emprisonnement à vie, lorsqu'appelés à demander pardon au public en présence des fidèles devant la cathédrale de Paris, rétractèrent leur confession.

Philippe IV, sans le consentement du Pape, donna alors les ordres, selon la loi civile alors en vigueur pour que le Grand Maître soit brûlé vif sur l’île de la Seine le 11 de Mars 1314...

Les propriétés des Templiers furent transférées aux Chevaliers de Saint Jean et aux Chevaliers de Malte, aucunes n'allèrent au roi ou dans son trésor royal.

Comme résultante des constatations du procès de Paris, l'Ordre fut supprimé dans tous les autres pays d'Europe ; en Angleterre, les propriétés de l'Ordre furent transférées aux Chevaliers Hospitaliers. (M. Warren Weston, dans idem, p. 188, 189).

Ajoutons maintenant que Michelet lui-même a écrit : « Il reste deux manuscrits authentiques du grand interrogatoire : l'un copié sur vélin, fut envoyé au Pape... l'autre, sur simple papier, fut déposé au trésor de Notre Dame de Paris. » et il ajoute : « Cette grande affaire, la plus grave peut être du Moyen-Âge, devait, pour être traitée gravement, se présenter à la critique dans l'intégralité de ses détails, dans sa vérité naïve et terrible ».

Qu'entend Michelet par « vérité naïve et terrible »?

Monsieur N. Deschamps, dans son ouvrage Les sociétés secrètes et la Société (Paris 1882, Oudin Frères; voir le tome I, p. 305) nous en donne une bonne idée : « Voici le résumé de cet acte authentique et de la série des accusations sur laquelle roulait l'interrogatoire, série dressée par l’ordre du Pape, sur les aveux de 72 templiers des plus notables faits devant le pape et les cardinaux... librement, sans torture et sous la seule foi du serment de dire la vérité et toute la vérité; dans ces aveux il avait été déclaré :

1. Que chaque Templier, à sa réception, après les trois vœux de religion, obéissance, pauvreté, chasteté, ou peu après, à la convenance de celui ou de ceux qui recevaient et qui étaient toujours des premiers dignitaires de l'Ordre, reniait le Christ tantôt crucifié, tantôt comme Jésus ou Sauveur, tantôt comme Dieu, ainsi que la bienheureuse Vierge et les Saints, selon qu’il y était poussé ou invité par ceux qui les recevaient et qui leur disaient que le Christ était un faux prophète, ou qu'il n'avait pas souffert ou été crucifié pour la Rédemption du genre humain, mais pour ses crimes, que cette pratique était commune à celle de la majorité.

2. Qu'on l'obligeait à cracher sur la croix, où sur la figure et la sculpture de la croix, ou sur la sainte image de Jésus-Christ.

3. Que c'était la coutume de quelques uns de se réunir le vendredi saint, ou un autre jour de la semaine sainte, pour fouler ainsi aux pieds la croix, faire sur elle des outrages plus odieux encore et en faire faire par les autres...

6. Qu'à la réception des frères audit Ordre, le recevant et le reçu se baisaient sur la bouche sur le nombril ou le ventre nu, tantôt sur l'anus ou l'épine dorsale, tantôt plus indécemment encore.

7. Que ces réceptions étaient secrètes ou en présence seulement des frères de l'Ordre et qu'on leur faisait jurer de n'en pas sortir.

8. Que les recevants disaient aux reçus qu'ils pouvaient entre eux se livrer au crime infâme, que la chose était permise, qu'ils devaient mutuellement s'y prêter, qu'eux-mêmes le pratiquaient, ainsi qu'un grand nombre d'autres.

9. Qu'ils avaient dans chaque province des idoles.

10. Qu’on regardait comme chose permise dans l'Ordre de s'emparer dans son intérêt du bien d'autrui par tous les moyens...

Monsieur N. Deschamps fait en outre remarquer : Faut-il ajouter maintenant que les mêmes aveux juridiques et sans contraintes se retrouvent partout en Angleterre, au synode de Londres, ou deux mois consacrés aux mêmes informations constatent les mêmes confessions,

les mêmes infamies, et que c'est en conséquence de ces aveux que l'ordre des templiers est aboli dans ce royaume, et que le Parlement dispose ensuite de leurs biens.

Mêmes informations encore et mêmes résultats dans les Conciles tenus en Italie à Ravenne; Bologne, Pise et Florence ...

La publication récente de l'enquête de Florence, par M. Jules Loiseleur, a achevé de démontrer la culpabilité de la grande majorité de l'Ordre du Temple, à partir d'une époque qui remonte au milieu du XIIIe siècle.

Dès avant le Concile de Vienne, bien des fois des accusations d'hérésies avaient été adressées à la papauté contre eux, et la voix populaire les désignait comme coupables des plus grands crimes, du reniement du Christ, de sodomie et d'alliance avec les mahométans, particulièrement avec l'ordre des Assassins, qui, par une analogie singulière, était également une secte panthéiste et rationaliste issue de l'Islamisme.

Comme dans la Maçonnerie, à côté des statuts publics ils avaient des articles secrets, qui contenaient une doctrine analogue à celle des cathares, des bogomiles et des lucifériens, et qui comme elle était une ramification de l'ancien Manichéisme.

Tel est le dernier mot de l'érudition contemporaine sur cette question, que la violence des préjugés hostiles à l'Eglise a seule pu obscurcir.

Il a fallu pour cela une véritable conspiration contre l'histoire à laquelle se sont livrés les écrivains francs-maçons du XVIIIe siècle, comme le dit en propres termes l’historien de la secte le plus autorisé actuellement, le frère Findel… (Tiré de Idem, pp.309, 310) .

Cette conspiration s'explique assez bien par le passage suivant, tiré de Morals and Dogma d’Albert Pike (édité à Washington D.C., par the House of the Temple en 1965, la page 820) : « La fin du drame est bien connu, et comment Jacques de Molay et ses compagnons périrent dans les flammes. Mais avant son exécution, le Chef de l'Ordre condamné organisa et institua ce que l'on a appelé plus tard la Maçonnerie Écossaise, Occulte et Hermétique. Dans l'obscurité de sa prison, le Grand Maître créa quatre Loges Métropolitaines, une à Naples pour l'Est, une à Édimbourg pour l'Ouest, une à Stockholm pour le Nord et une à Paris pour le Sud ».

Ajoutons que dans l'Ordre du grand prêtre Luciférien Albert Pike, le titulaire du vingt septième degré porte le titre de « Chevalier commandant du Temple ».

Les fables d'Albert Pike ne peuvent justifier en rien les crimes des Templiers. Et malgré tous les mensonges et les artifices des écrivains maçons ou anticléricaux, le procès des Templiers a été bel et bien tenu et les sentences furent prononcées en toute connaissance de chaque cause et personne ne pourra rien y changer.

Dominique Godbout: "L'Orgueil et la Déchéance de la Vieille France et de la Nouvelle France"