lundi 8 février 2010

Vérités sociales et erreurs démocratiques.

L'ensemble des richesses matérielles, intellectuelles et morales amassées par le genre humain au cours des siècles forme le trésor actuel de l'humanité, trésor immense, acquis par une somme de travail incommensurable et par un nombre infini d'actes de vertu.

A qui appartient-il ? Et qui a le droit d'en user ?
A cette question, les socialistes, les démocrates et les conservateurs donnent des réponses diverses sinon contradictoires.
La solution n'en peut être trouvée qu'en remontant au premier principe de la raison humaine : le principe de la causalité.

Toute chose appartient à celui qui l'a faite.
C'est le principe qui nous oblige à reconnaître la suprême autorité de Dieu sur nous, à l'adorer, à obéir à ses commandements. C'est le principe qui légitime l'autorité des parents sur leurs enfants. C'est aussi le principe qui me rend le maître de mes oeuvres, sauf réserve des droits de Dieu, cause première de toutes choses. «Le capital, dit M. de Saint-Bonnet, a un père, fils de l'homme, le travail, et une mère, également fille de l'homme, l'économie.» Les laborieux le créent, les vertueux le conservent et les intelligents le font valoir. Il n'est que juste qu'il appartienne à chacun dans la mesure où chacun a contribué à le former.

Or si nous recherchons quels ont été les facteurs de la richesse totale que possède actuellement l'humanité, et par conséquent, quels doivent être ses maîtres, nous trouvons qu'il est en une grande part qu'il faut laisser au genre humain dans son ensemble; mais qu'il est d'autres parts que l'on peut attribuer à telle ou telle nation, telle ou telle famille, telle ou telle personne.
Conformément au principe que nous avons posé, tout homme qui travaille a droit au fruit de son travail; toute famille qui met en réserve les produits de son labeur de ses membres est légitime possesseur de son épargne; toute nation a une patrie qui lui est propre, composée du territoire qu'elle a fécondé des sueurs de ses générations, des institutions qu'elle s'est données et qu'elle a perfectionnées dans le cours des âges. Et, par suite, les nations ont le droit de résister aux envahisseurs; les familles - associations religieuses ou laïques aussi bien que les familles naturelles - ont le droit de résister aux spoliateurs, et les particuliers au vol. C'est la raison qui dit cela, aussi bien que la loi de Dieu, la raison appuyée sur le principe de la causalité et du domaine que la cause acquiert sur l'effet en le produisant.

(pp. 184-185, Vérités sociales et erreurs démocratiques, Mgr Delassus)

L'ascendence davidique des rois de France.

(…)
Abordons maintenant le sujet qui tient à la personnalité du Grand monarque, Roi issu du Sacré-Coeur du Seigneur Jésus qui est Le Roi des rois et Le Roi d'Amour Universel, donc Catholique.

Si l'on retient les seuls critères externe et naturel de notre jugement trop humain, la réalité du personnage ne saute pas immédiatement aux yeux. L'excellence de sa personne est avant tout intérieure étant donné que l'Enfant-Dieu en personne lui a communiqué une partie de la Sagesse Eternelle. Le roi a par conséquent une manière tout à fait particulière d'aborder les faits et les évènements les plus divers en leur attribuant un jugement lumineux, une explication céleste, stupéfiante pour le commun des rationnels mais ô combien fondée dans le droit et le vrai. c'est la raison pour laquelle et selon les prophéties qui en apportent l'illustration, ce roi est au dessus de tous les rois de la terre. C'est Dieu qui lui a forgé cet état d'âme par une mise à l'épreuve rigoureuse depuis ses plus tendres années, assortie de consolations extraordinaires.

Selon la prophétie de 1689 à Marguerite-Marie, "...il faut laisser agir la puissance de l'adorable Coeur de Jésus..."
Pour comprendre la position généalogique de notre Roi du xx° siècle, vivant au XXI selon le calendrier officiel, il est bon de nous remémorer l'origine des fondements légaux de la dynastie royale à travers la Loi Salique :
Il est impossible aujourd'hui d'affecter l'époque précise de la première assignation de la loi Salique. Tout ce qu'on peut assurer avec quelque certitude, est que cette codification fut faite au-delà du Rhin, avant l'époque de l'invasion. L'édition qu'en donna Clovis est rapportée par le président Hénault en l'année 5II, et celle que publia Charlemagne, qui y introduisit des changements notables, parut en l'année 798. Quant à l'ancienne rédaction, elle nous a été conservée par un manuscrit de l'abbaye de Fulda (Germanie) d'une origine très reculée, publié par Hérold dans son recueil intitulé :
Leges antiquae Germanorum.

Toutefois nous pensons que ce code, le plus ancien des lois des Barbares que nous ayons, représente encore très exactement l'état de la législation au commencement du 6e siècle, c'est-à-dire au moment où Clovis, par son alliance avec le clergé catholique, fonda la monarchie dans les Gaules, et y devint selon le bon vouloir divin le prince le plus puissant, Catholique résolu , de chef d'une peuplade peu nombreuse et mystérieuse qu'il était auparavant. A connaître la loi Salique, il ne faut pas s'imaginer que l'on connaît la constitution et les lois sous lesquelles vivaient alors les peuples de la Gaule.

Retournons maintenant à l'histoire Galate de notre France bien aimée.
Parmi les nations qui, dans les quatrième et cinquième siècles, s'élancèrent sur les Gaules pour saisir un empire que les Gaulois n'avaient jusque-là cédé qu'à la fortune de César, on distingua la nation des Francs, et particulièrement la tribu des Saliens, et celle des Ripuaires. La peuplade dont nous retiendrons le nom est "les saliens". Pourquoi les saliens ? C'est en effet cette nation qui, forte par sa vaillance, plus que par le nombre de ses guerriers, secoua par la force des armes le joug que les Romains s'efforçaient d'appesantir sur elle ; ce sont ces mêmes Francs Saliens qui, après avoir reçu la Grâce du Baptême, recueillirent avec soin les corps des saints martyrs, que les Romains avaient livrés aux flammes, au fer et aux bêtes féroces.

Revenons à l'écrivain-historiographe Flavius Joseph qui nous apprend ceci : Les Gaulois viennent de Gomar, père hébreux fondateur des gomarites, que les Grecs appellent Galates ou Gaulois. De grands érudits catholiques confirment ce décret comme St Jérome, Docteur de l'Eglise et traducteur officiel de la Bible appelée Vulgate.

De fait, toutes les maisons royales d'Europe descendent de David, roi de la Tribu de Juda. Mais seule, la Maison Royale de France est l'héritière du droit d'aînesse par la lignée MALE. La Loi Salique appliquée dans l'Ancienne Alliance dispose que tout aîné mâle reçoit en héritage la succession familiale, en vertu des principes divins.

Le plus grand nombre des habitants de la Gaule appelée Galatie était régi par la législation romaine, modifiée par les lois du clergé catholique, décrétées en concile ; celles-ci étaient d'autant plus obligatoires pour eux, que si, au milieu des Barbares qui avaient envahi la France, au midi, à l'est et dans le nord, et qui étaient parvenus jusqu'aux extrémités de l'Armorique, ils avaient refusé de reconnaître l'autorité des lois ecclésiastiques, des évêques et des clercs, les seuls hommes civilisés, imprégnés de la vertu de Foi et de Charité à l'époque, les auraient laissés sans protection ; ils seraient devenus serfs ; selon le credo : "veritas liberabit vos".

L'unité de l'Église, et l'empire spirituel que le clergé exerçait sur toutes les classes et dans toutes les parties de la France, lui donnaient la force de résister à la violence des chefs des Francs, à la domination un peu plus civilisée des rois des Bourguignons et des Visigoths.

Clovis devina cette influence salvatrice, et en se faisant le disciple et le défenseur du collège presbytéral puissant de l'Eglise dont NSJC est la Tête et le Corps Mystique, il devint le premier homme raisonnable de la nation Franque Catholique.

Ainsi, l'esprit des saliens a-t-il donné la loi salique dont nous pouvons apprécier les effets bénéfiques y compris dans les diverses constitutions républicaines contemporaines et laïques, loi survivant tant bien que mal aux travaux de sapement des idéologues révolutionnaires.

Brève Généalogie Davidique des rois Francs :
Pour des raisons objectives de sécurité, il nous est apparu prudent de ne divulguer aucun patronyme ni aucune référence cognatique relativement à la gravité des temps.
D'autre part, et à l'effet de ménager les sensibilités monarchiques et n'offrir au démon aucune querelle dont il pourrait tirer grand profit, nous allons nous borner à l'étude de quelques indices à partir desquels pourra jaillir aux yeux des lecteurs l'extraction du Grand Dynaste.

Les évangiles nous apprennent que la Vierge Marie et St Joseph sont issus de la tribu de Juda . De la même manière, les rois Francs proviennent par filiation mâle via Zarah, fils de Juda de cette même souche : Hector, descendant au 9°degré de Zarah, est l'ancêtre de Clovis, premier roi catholique de France. Pour rendre la généalogie de nos rois plus insigne encore, la céleste Providence permit au roi Marcomir IV d'épouser en 129 ap. Jésus-Christ, Athildis, fille de Coel qui était apparentée à NS Jésus-Christ et à la TSV Marie par son ancêtre St Joseph d'Arimathie qui descendait lui-même du Roi David. De Marcomir IV résultent les différentes branches de la Maison Royale de France, à savoir :
- les Mérovingiens du nom du roi Mérovée, descendant au 16° degré de Marcomir IV précité ;
- les Carolingiens issus de Sigimer (rameau de Marcomir IV) via Charles Martel et Charlemagne;
- les Capétiens, relevant encore de la ligne de Marcomir IV via Hugues Capet, Louis IX (saint)et ses successeurs au trône de France.

Les différentes branches de la Maison Royale de France jusqu'à la dernière (Bourbons) peuvent s'enorgueillir à juste titre d'être une race de choix, race glorieuse mise en place par le Ciel pour faire valoir les prérogatives de Dieu sur terre, volontés réitérées notamment à Louis XIV par l'entremise de Ste Marguerite-Marie Alacoque, comme nous l'avons dit précédemment.

A l'heure où les français doutent beaucoup du retour imminent de la monarchie, il suffit de leur dire ceci : Comment Dieu qui par privilège exclusif a élu la France fille aînée de l'Eglise, pourrait-Il la laisser indéfiniment aux mains des barbares franc-maçons et autres suppôts de Satan?

Le Seigneur Dieu de l'Univers est avant tout une personne (de la trinité) logique et emplie d'Amour Miséricordieux envers ceux qui L'invoquent comme l'exprime si magnifiquement le Roi David dans le psaume 50 : "miserere mihi Domine secundum magnam misericordiam tuam..."

- Votre miséricorde Seigneur, s'accomplit aujourd'hui pour nous afin de nous délivrer puissamment de l'ennemi infernal ! Or donc, le Monarque que Vous nous avez promis ne peut tarder à surgir puisque nous sommes ici-bas aux portes de l'enfer !


Henri de la Croix - 2003

jeudi 4 février 2010

La mission divine de la France.

"Chaque Nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu'elle doit accomplir" a dit Joseph de Maistre. Celle de la France est d'exécuter les gestes de Dieu, « GESTA DEI PER FRANCOS ! »

Et le grand Philosophe d'ajouter. "Le châtiment des Français sort de toutes les règles ordinaires et la protection accordée à la France en sort aussi; mais ces deux prodiges réunis se multiplient l'un par l'autre, et présentent un des spectacles les plus étonnants que l'œil humain ait jamais contemplés (Considérations sur la France, ch. II, p. 8 et p. 27.).
Strabon, le grand Géographe de l'Antiquité, semble l'avoir pressenti quand il écrit de la Gaule: "Personne ne pourrait douter, en contemplant cette œuvre de la providence, qu'elle n'ait disposé ainsi ce pays avec intention et non au hasard."
En effet, Dieu a toujours préparé ses voies. De toute éternité, dans Sa prescience des événements, il avait jeté son dévolu sur notre pays et choisi notre peuple pour succéder au peuple Juif et remplir, pendant l'ère chrétienne, la mission divine qui avait été assignée à ce dernier sous l'Ancien Testament.
Cette mission a été et demeure la plus glorieuse, assurément, de toutes celles qu'Il a jamais confiées à une nation. Aussi, parce que cette mission -- en raison même de son importance -- fera encourir fatalement à la France les assauts répétés de l'Enfer déchaîné, va-t-Il, dans Sa prescience des événements, lui donner un protecteur d'autant plus puissant que les attaques infernales seront plus farouches, Il choisit alors le plus puissant et le premier de tous les Anges, le Chef de toutes les Milices Célestes, le grand vainqueur de Satan: Saint Michel, qui est associé à toutes les grandes pages de notre Histoire, inspira personnellement notre Jeanne d'Arc et lui déclara: "Je suis Michel, le Protecteur de la France."(*)
(*) Voir: de la Franquerie: "Mémoire pour le renouvellement de la Consécration de la France à Saint Michel", préfacé par S. Exc. Monseigneur de la Villerabel, Evêque d'Annecy.
Déjà, les peuplades de la Gaule croyaient à l'immortalité de l'âme et méprisaient la mort et, bien avant la naissance du Christ, avaient le culte de la Vierge qui devait enfanter le Sauveur du Monde, culte que Notre-Dame de Chartres a continué en le christianisant.
Dans la lutte engagée entre Vercingétorix et César -- cinquante ans avant l'avènement du christianisme -- ne peut-on voir encore l'un des signes de la prédestination de notre pays, dont le jeune chef inflige à Rome -- c'est-à-dire au paganisme officiel -- la sanglante défaite de Gergovie? Ephémère victoire, sans doute, puisque l'héroïque chef gaulois est vaincu en définitive et que, magnanimement pour sauver son peuple des représailles romaines, il s'offre en holocauste, est traîné en esclave derrière le char de César et est égorgé à Rome dans cette prison Mamertine où, un siècle plus tard, le premier Vicaire du Christ, Saint Pierre, sera crucifié.
Autre marque de la prédestination de notre Pays: le seul être qui ait volontairement apporté un soulagement matériel au Divin Maître au cours de sa Passion, Véronique, n'était-elle pas une Gauloise, originaire de Bazas? Le premier converti du Sacré Cœur, qui fut aussi le premier à oser proclamer la divinité du Sauveur, Longin, n'était-il pas Gaulois lui aussi? N'est-il pas logique, puisque notre Patrie a une mission divine à remplir, que Dieu ait voulu que ce soit une femme de chez nous qui transmit au monde entier l'image de sa Sainte Face et qu'un soldat de notre Pays ouvrit son Cœur adorable d'où devaient jaillir tous les trésors de grâce, d'amour et de résurrection qui, depuis lors, ne cessent d'embraser les âmes droites et qui doivent les irradier davantage encore à l'approche des derniers temps.
Ajoutons encore qu'en mourant, Notre Seigneur regardait du côté de l'Occident, et que, le jour de son Ascension glorieuse en montant au ciel, Son regard se portait toujours du même côté, comme s'Il avait voulu unir dans un même geste d'amour suprême Rome et notre France, Son Église et Son Royaume de prédilection (Voir les recherches de Saint Ignace de Loyola par les Bollandistes).
Enfin, les premiers Evangélistes qui apportent à la Gaule "la bonne Nouvelle" sont Madeleine, Marthe et Lazare. Lazare, image de la résurrection de la France. Madeleine, la grande pécheresse, mais l'âme au grand repentir et au grand amour qui symbolise à l'avance notre France pécheresse d'aujourd'hui, et notre France repentante et amoureuse de demain; Madeleine, que le Christ a sauvée d'un regard et pour laquelle Il eut une toute particulière et tendre affection. En donnant à notre Pays Ses amis de dilection, le Sauveur pour la première fois lui donnait Son Cœur.
De son côté, la Vierge Immaculée voulut également manifester avec éclat l'amour dont Son Cœur débordait pour notre Pays: A ces Amis de dilection que Son Fils envoie en Gaule, Elle confie ce qu'Elle a de plus sacré au monde, le corps de Sa Mère, Sainte Anne, pour qu'ils le déposent dans notre sol, pour bien montrer qu'Elle considérait que notre Peuple était plus capable qu'aucun autre de La remplacer sur terre pour entourer cette tombe si chère de respect, de vénération et d'amour.
Puis, si l'on en croit le Martyrologe Romain, le Pape Saint Clément envoie dans notre pays Denys de l'Aéropage, converti par Saint Paul et qui a assisté la Vierge à ses derniers moments. Denys s'installe à Lutèce et fait de nombreuses conversions.
Après plusieurs arrestations et supplices, il est décapité avec quelques autres Chrétiens, sur la Colline de Mars, appelée depuis lors Mons Martyrum ou Montmartre (a l'endroit même où a été édifié le Sacré-Cœur), et enseveli à Saint-Denis. Ses restes furent, de tous temps, l'objet d'une vénération particulière, et il y a bien peu d'événements de notre Histoire auxquels l'Abbaye de Saint-Denis ne soit mêlée. La Basilique est le sanctuaire où sont enterrés tous nos Rois et où est déposée la vieille Bannière qui nous a si souvent conduits à la victoire au cri de "Mont-joye Saint-Denis". Aussi n'est-on pas surpris de voir un Allemand, l'auteur de "la Mystique divine, magique et diabolique" (Voir Santo. "Les crimes allemands". -- "La chaine infernale et ses 33 anneaux".) s'écrier:
"Détruisez la basilique de Saint-Denis: dispersez au vent les ossements de leurs Rois; abattez, réduisez en cendres cette Basilique de Reims, où fut sacré Klodowig, où prit naissance l'Empire des Francs, faux frères des nobles Germains; incendiez cette Cathédrale". Il avait bien compris, le misérable, ce que sont Reims et Saint-Denis: les deux symboles de notre Histoire Nationale.
Il ne faisait, il est vrai, que continuer les traditions sauvages de sa race. Déjà, au début des invasions barbares, le général romain Cérialis disait très justement aux Gaulois:
"Les mêmes motifs de passer en Gaule subsistent toujours pour les Germains: l'amour des plaisirs, celui de l'argent, et le désir de changer de lieu. On les verra toujours, quittant leurs solitudes et leurs marécages, se jeter sur les Gaules si fertiles, pour asservir vos champs et vos personnes..." (P. Champion "Galerie des Rois", page 22.)
Cérialis avait dit vrai. Pendant plusieurs siècles, les tribus germaniques ne cessèrent de ravager la Gaule. C'était le temps où nos Evêques prenaient la tête de la résistance aux envahisseurs et méritèrent de s'appeler les défenseurs de la cité; le temps où les Monastères étaient les refuges de la civilisation et où les moines défrichaient non seulement le sol de notre France, mais son âme et y semaient à profusion toutes les vertus qui devaient y germer en une éclosion magnifique et nulle part égalée. Comment ne pas citer Saint Martin, le grand apôtre de nos campagnes et le fondateur de Ligugé...? Déjà, à cette époque, la foi rayonnait de la Gaule sur les autres Pays: Saint Patrick qui convertit l'Irlande n'était-il pas un disciple de l'Evêque de Tours...?
Au milieu du Ve Siècle, pour châtier le monde tombé dans l'arianisme, Dieu permit qu'Attila ravageât, avec ses Huns, les peuples hérétiques. Redoutable par son génie et par sa cruauté, il mit tout à feu et à sang sur son passage, égorgeant les populations terrifiées. Quand le châtiment eut été assez grand, Dieu suscita alors un autre Chef pour vaincre celui qui s'appelait justement "le fléau de Dieu" et sauver son Église: Mérovée, le Roi des Francs. Mérovée était païen, mais il avait l'âme généreuse et le cœur droit; il souffrait de voir les tortures des populations chrétiennes et résolut d'arrêter l'envahisseur. Il le rencontra aux Champs Catalauniques, non loin de Reims, où son petit-fils, Clovis, devait être baptisé et sacré. Il tailla en pièces les Huns qui s'enfuirent de l'autre côté du Rhin, laissant au vainqueur un immense butin. Mérovée avait sauvé le monde chrétien et magnifiquement inauguré les gestes de Dieu par les Francs. Aussi Dieu permit-il qu'il donnât son nom à la première branche de nos Rois.
***
Comme s'il voulait que notre Pays ne fut étranger à aucun des grands événements chrétiens, Dieu permit qu'il fut mêlé au triomphe de l'Eglise sur l'Empire Romain. L'homme choisi par le Christ pour être le sauveur de la chrétienté fut Constantin l'Empereur des Gaules. Et c'est sur notre sol, à la tête de ses légions, composées en partie d'hommes de chez nous que la croix lumineuse lui apparût avec cette fulgurante promesse de victoire; In hoc signo vinces! et qu'il se convertit (*)
(*) La tradition bourguignonne place l'apparition de la Croix dans la région de Paray-le-Monial (cf. le musée du Hiéron à Paray-le-Monial), d'autres disent que ce fut lorsqu'il traversait les Alpes.
"Quand le temps fut arrivé, que l'Empire Romain devait tomber en Occident, Dieu, qui livra aux Barbares une si belle partie de cet Empire, et celle où était Rome, devenue le Chef de la Religion, destina à la France des Rois qui devaient être les défenseurs de l'Eglise. Pour les convertir à la Foi, avec toute la belliqueuse Nation des Francs, Il suscita un Saint Rémi, homme apostolique, par lequel Il renouvela tous les miracles qu'on avait vus éclater dans la fondation des plus célèbres Eglises, comme le remarque Saint Rémi lui-même dans son testament.
Ce grand Saint et ce nouveau Samuel, appelé pour sacrer les Rois, sacra ceux de France, en la personne de Clovis, comme il dit lui-même, pour être les perpétuels défenseurs de l'Eglise et des pauvres", qui est le plus digne objet de la Royauté. Il les bénit et leurs successeurs, qu'il appelle toujours ses enfants, et priait Dieu, nuit et jour, qu'ils persévérassent dans la Foi: prière exaucée de Dieu avec une prérogative bien particulière, puisque la France est le seul Royaume de la Chrétienté qui n'a jamais vu sur le trône que des Rois enfants de l'Eglise (Bossuet: "Politique tirée de l'Ecriture Sainte" L. v. VII, art. 6, 14e prop.).
Le savant Cardinal Baronius écrit dans ses "Annales ecclésiastiques" (Caesar Baronius, Annales ecclesiastici, 1593-1607, tome IV, pages 420. Bibli. Nat. H. 106.):
"A la chute de l'Empire d'Occident, trois races de barbares occupaient les Gaules: les Goths, les Burgondes et les Francs.
Tout marchant à la dérive, la Divine Providence destina à survivre et à s'épanouir dans les âges futurs, le seul de ces peuples où devait s'épanouir aussi, au plus haut degré, le culte de la piété, de cette piété dont Childéric fut la fleur et Clovis le fruit (*)
(*) "Deproratis penitus rebus Divina Providentia factum est ut ejus tantum modo gentis regnum ad posteros feliciter propagaretur, penes quam cultus pietatis foret excellentius effulsurus, cujus in Childerico ut dictum est flores apparuerunt, in Clodoveo autem collecti sunt fructus."
Pour protéger son Eglise naissante contre les flots envahissants de l'hérésie (L'Arianisme.) et de la barbarie qui régnaient sur tous les trônes d'Orient et d'Occident...
... Dieu paraît avoir institué les Rois de France et les a fait s'élever sur les ruines des peuples non Catholiques disparus.
C'est pour cela que tous les peuples entachés d'hérésie... furent expulsés ou absorbés par les Francs, suivant la parole de Notre Seigneur: tout arbre que n'a point planté mon Père sera arraché".
C'est pour cela que le Royaume des Francs s'est épanoui dans une riche et luxuriante végétation arrosée par sa piété...
Tout cela est d'une évidence qui se touche du doigt.
... Il ne fallait rien moins qu'un tel Saint (Rémi), d'une telle vertu, d'une telle inspiration divine pour amener des ténèbres de la gentilité à la lumière de l'Evangile, la noble Nation des Francs et son très illustre Roi.
Comme il ne fallait rien moins qu'un tel Roi (Clovis), pour illustrer le premier de tous et à jamais, son royaume de l'impérissable éclat de la religion du Christ, pour entourer d'un amour sans défaillance, d'une protection perpétuelle, cette même religion du Christ".
C'est ce que reconnaissait le Pape Pélage II:
"Ce n'est pas en vain, ce n'est pas sans une admirable disposition que la Providence a placé la catholique France aux portes de l'Italie et non loin de Rome, c'est un rempart qu'Elle ménageait à toutes deux (Migne. -- Patrologiae cursus completus, patres latini, tome LXXII, page 706, Bibl. Nat. A, de 112 à 329.)".
Mission providentielle de la France, proclamée par Grégoire IX écrivant à Saint Louis (Labbe. -- Tome XI, p. 366 et 367. Lettre rappelée par Saint Pie X le 13 décembre 1908 lors de la béatification de Jeanne d'Arc (actes de Pie X, t. V, p. 204 et 205.)):
"De même qu'autrefois la tribu de Juda reçut d'en haut une bénédiction toute spéciale parmi les autres fils du Patriarche Jacob; de même le ROYAUME DE FRANCE EST AU-DESSUS DE TOUS LES AUTRES PEUPLES, COURONNÉ PAR DIEU LUI-MÊME DE PRÉROGATIVES EXTRAORDINAIRES.

LA TRIBU DE JUDA ÉTAIT LA FIGURE ANTICIPÉE DU ROYAUME DE FRANCE".

Marquis de La Franquerie.

Origines et finalités surnaturelles de la Monarchie française.

INTRODUCTION

Je suis donc chargé, Mesdames et Messieurs, de faire un exposé sur les origines et les finalités surnaturelles de la monarchie française. Vous ne serez donc pas étonnés que cet exposé comprenne deux parties :
1 - Les ORIGINES surnaturelles de notre monarchie nationale.
2 - Les Finalités surnaturelles de ces mêmes institutions monarchiques.


PREMIÈRE PARTIE


LES ASSISES SURNATURELLES DU TRONE DE FRANCE

Nous allons voir que le Trône de France est assis sur ce qui est FERME, c'est-à-dire sur le FIRMAMENT. Le Firmament est ainsi appelé parce qu'il est FERME, autrement dit éternel. Il nous faudra mettre en évidence la suite des ACTIONS DIVINES qui s'exercent en faveur de cette monarchie :
- depuis l'implantation de l'ARBRE ROYAL en France à l'époque de MEROVEE,
- jusqu'à la DÉCOLLATION de Louis XVI le 21 Janvier 1793 (on peut bien parler de DÉCOLLATION, comme pour saint Jean-Baptiste, puisque Louis XVI est, de l'aveu unanime, mort martyr de la Foi).

C'est Dieu qui a véritablement PROCÉDÉ à la fondation de cette monarchie. Et Sa protection, Son PATRONAGE, Il ne l'a pas accordé seulement pendant la période des ORIGINES, Il l'a RENOUVELÉ (confirmé) de siècle en siècle.
On peut dire, sans crainte de se tromper, que L'INSTITUTION MONARCHIQUE en France, est l'œuvre de Dieu. Je vais essayer de vous en administrer la preuve. Au cours de cette démonstration, nous aurons en vue des actions d'ordre surnaturel. Ne soyez donc pas surpris par la nature des jalons historiques que nous allons retenir pour nous guider dans notre cheminement, dans notre raisonnement.
Nous retiendrons seulement des événements d'ordre surnaturel. Car tel est précisément le sujet de notre exposé. Des événements surnaturels que l'histoire profane ne relate pas ou très accessoirement et auxquels, pour notre part, nous attribuerons une importance majeure, déterminante. Nous allons donc nous comporter comme quelqu'un qui, voulant retracer l'histoire d'un individu chrétien, se contenterait de son HISTOIRE SACRAMENTELLE :
- son Baptême
- sa Confirmation
- ses Chutes
- ses comparutions au tribunal de la pénitence
- ses pèlerinages ... etc ...
et qui négligerait, par conséquent, son histoire physiologique et professionnelle.

Mais vous verrez qu'en fin de compte, l'histoire des ORIGINES de la Monarchie Française, que nous allons retracer en suivant ces JALONS SURNATURELS se révélera aussi RÉALISTE (et même plus réaliste) que si nous nous contentions de son histoire, mettons, biologique et profane.

Nous voilà donc amenés à ÉNUMÉRER un certain nombre d'INTERVENTIONS DIVINES historiquement prouvées.

Voici les PRINCIPAUX ÉPISODES où cette action divine a été consignée par l'Histoire.
- Les Champs Catalauniques - Tolbiac - Le Sacre de Reims - La Prophétie de Saint Remy - La Bataille de Vouillé - L'attribution de l'emblème des fleurs de LYS - La Devise de l'Écu de France.
Ce seront autant de paragraphes de notre exposé.

LES CHAMPS CATALAUNIQUES

Voyons, pour commencer les circonstances de l'IMPLANTATION DE L'ARBRE ROYAL dans la Gaule Gallo-Romaine et les Signes Providentiels dont elle est entourée.

Une incontestable SIGNATURE DIVINE s'est manifestée à la Bataille des CHAMPS CATALAUNIQUES en 451, bataille qui a duré 3 jours, les 20, 21 et 22 septembre.
C'était à la lisière NORD-EST de l'actuelle ville de Châlons-sur-Marne. C'est à cet endroit, et durant ces 3 jours, que le germe du Grand Arbre Royal a été déposé en terre.

D'un coté Attila, terrible Roi des Huns, qui commandait à une armée de 700 000 hommes et qui avait brûlé 70 villes. Il prétendait avoir trouvé une ÉPÉE DIVINE avec laquelle il combattait et, en même temps, comble de CONTRADICTION, il se proclamait FLÉAU de DIEU.
De l'autre, Mérovée, Roi des Francs, qui commandait l'armée franque grossie de 2 contingents : l'un fourni par AETIUS, général Romain, l'autre par Théodoric, Roi des Wisigoths.

Les premiers engagements eurent lieu le 20 septembre 451. La bataille fit rage pendant toute la journée du 21 septembre. Elle se continua pendant une partie de la journée du 22 septembre.
A la fin du 22 septembre, Attila se réfugia au milieu d'un rempart de chariots dans lequel la cavalerie franque ne put pénétrer.
Mais dès le lendemain, Attila commença son repli dans la direction de la vallée du Danube.
La VICTOIRE des Francs fut évidente, pour la Chrétienté tout entière, mais surtout pour la Gaule. Or (et c'est là que nous discernons les premiers JALONS SURNATURELS qui vont guider notre marche), la bataille des Champs Catalauniques met en évidence DEUX SIGNES, DEUX SIGNES de prédestination chrétienne.
Le PREMIER SIGNE nous est suggéré impérativement par les DATES des 3 Jours de bataille : les 20, 21 et 22 septembre.
Le SECOND SIGNE nous est suggéré par l'année de la bataille : 451 après Jésus-Christ.

Reprenons séparément ces deux SIGNES.
Voyons d'abord le PREMIER SIGNE qui inaugure le cheminement surnaturel que nous voulons suivre :
la BATAILLE se livre, disons-nous, les 20, 21 et 22 septembre.

Ce sont précisément les JOURS ANNIVERSAIRES de la DÉCIMATION DE LA LÉGION THÉBAINE qui avait eut lieu à AGAUNE, dans le Valais Suisse, en l'année 298 de notre ère, sous le Règne de l'Empereur DIOCLETIEN au cours de la DIXIÈME et DERNIÈRE PERSÉCUTION. Il y avait donc 150 ans.
Qu'est-ce que la LÉGION THÉBAINE ?
- La Légion Thébaine avait été recrutée dans la Région de Thèbes en Égypte. Elle était entièrement chrétienne et elle était commandée par saint Maurice.
Or, la ville de Thèbes et ses environs avait été évangélisée par saint Mathieu (dont l'emblème est l'homme ailé). Saint Mathieu Apôtre et Évangéliste dont la fête tombe précisément le 21 septembre, avec vigile (puisque c'est une fête d'Apôtre) le 20 septembre.
C'est l'Évangile de saint Mathieu qui commence par ces mots : "Généalogie de Jésus-Christ Fils de David..."
Saint Mathieu est généralement considéré comme l'Évangéliste de Jésus-Roi pour toutes sortes de raisons qu'il serait trop long de rappeler ici.
Saint Mathieu, évangéliste de Jésus-Roi (dont il fournit la Généalogie royale) peut donc être considéré, dans l'Histoire et dans la Géographie de la Grâce, comme ayant suscité la Légion Chrétienne de Thèbes, puisqu'il est directement à l'origine de son CHRISTIANISME.

En 298 de notre ère, le commandement militaire romain, sous la pression de DIOCLETIEN, exigea que la légion thébaine sacrifie aux idoles, et en particulier à celle de l'Empereur, comme tous les habitants de l'Empire. Or, la légion de saint Maurice ne refusait pas de SERVIR MILITAIREMENT l'Empereur, et elle en avait donné des preuves, mais elle ne voulait pas SACRIFIER RELIGIEUSEMENT aux idoles, chose que d'ailleurs on ne lui avait jamais demandée.
Il s'en suivit des pourparlers entre le commandement militaire Romain et saint Maurice qui était le général de cette légion de 6.600 soldats chrétiens.
Saint Maurice opposait aux administrateurs romains cette formule qui est restée célèbre : "MALUMUS MORI INNOCENTES QUAM VIVERE NOCENTES" (Nous préférons mourir innocents que de vivre coupables).

Le commandement romain décida de DÉCIMER LA LÉGION jusqu'à ce que les survivants acceptent la DÉMARCHE RELIGIEUSE que l'on exigeait d'eux. La Légion Thébaine, forte de ses 6.600 hommes ne se révolta pas. Elle accepta la décision. Elle se rangea en ordre et l'on exécuta, dans les rangs, un légionnaire sur dix. Et comme la calme détermination se maintenait, on reprit une nouvelle tournée de décimation. Pas un seul légionnaire ne fit défection. L'opération dura 3 jours : les 20, 21 et 22 septembre de l'an 298.

La fête de Saint Maurice et de ses compagnons martyrs se célèbre le 22 Septembre. De sorte que la bataille des CHAMPS CATALAUNIQUES (près de 150 ans plus tard) commencée en la fête de saint Mathieu évangéliste de Jésus-Roi, fils de David, se termina triomphalement en la fête de saint Maurice et de ses compagnons martyrs.

La CONCOMITANCE DES DATES frappa tellement les contemporains que, pendant toute une période, la bataille des "Champs Catalauniques" fut appelée la BATAILLE DES CHAMPS MAURICIENS.

Tel est le premier signe, le premier jalon, la première signature divine qui commence à nous suggérer l'idée qu'une œuvre chrétienne d'un ordre particulier était là en GESTATION.

Et voici maintenant le SECOND SIGNE. C'est le Millésime, c'est l'année de la victoire. Que s'est-il donc passé, cette année-là, que l'on puisse mettre en rapport avec les CHAMPS CATALAUNIQUES ?
451 est l'année du CONCILE DE CHALCEDOINE, où fut confirmée, par le Magistère, la réalité de la NATURE HUMAINE de NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST, réalité de la Nature Humaine qui était contestée par les MONOPHYSITES. Les Monophysites disaient que la NATURE HUMAINE de Notre-Seigneur Jésus-Christ avait été seulement une APPARENCE (une illusion). Jésus-Christ, selon eux, n'avait qu'une seule nature, la NATURE DIVINE.
Pas du tout enseigna saint Léon, Pape, au Concile de Chalcédoine : la NATURE HUMAINE de Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas une illusion et une apparence, c'est une RÉALITÉ terrestre et tangible.

Il est important de remarquer la CONCOMITANCE des DEUX VICTOIRES :
- la victoire spirituelle de saint Léon-le-Grand (Léon signifie Lion) montrant la réalité de la NATURE CHARNELLE de Notre-Seigneur Jésus-Christ ;
- et la Victoire temporelle de Mérovée (autre Lion) au moment où s'implante indéracinablement en Gaule l'ARBRE ROYAL qui devait incarner la LieuTenance temporelle de Jésus-Roi, de Notre-Seigneur Jésus-Christ ("LieuTenance ROYALE").

La victoire de Mérovée aux Champs Catalauniques fait donc apparaître l'AIDE et la FAVEUR DIVINES :
- par les fêtes liturgiques de saint Mathieu et de saint Maurice au cours desquelles elle fut remportée ;
- par l'année 451 qui la fait coïncider avec une victoire tout à fait analogue sur le Chapitre de la Doctrine.

Il y a là une HARMONIE pleine d'enseignements et d'encouragements pour les Chrétiens, mais HARMONIE qui échappe, évidemment, à ceux qui n'ont pas la foi, et pour qui une fête liturgique est une CIRCONSTANCE sans VALEUR.

On peut dire qu'à la bataille des Champs Catalauniques ont eu lieu les FIANÇAILLES de la Gaule avec la RACE des Souverains qui lui était destinée par Dieu, DESTINÉE et déjà DÉSIGNÉE
La future épouse était déjà "parée des Grâces divines" puisqu'elle avait été soigneusement évangélisée dès les premières années de l'ère chrétienne, par saint Lazare, l'ami de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Marseille où il avait débarqué, par saint Martial, l'envoyé de saint Pierre dans la partie sud de la Loire, par saint Denis, l'envoyé de saint Paul au nord de la Loire, et par une foule de disciples comme saint Front, saint Amadour... etc...
Pour sa part le Futur Époux ( le Roi Franc ) venait de déployer la force de son bras et de montrer qu'il était capable de défendre son épouse contre n'importe quel danger.

C'est donc bien dans les plaines de Châlons-sur-Marne qu'il faut retourner pour retrouver la semence de L'ARBRE ROYAL.

Une dernière preuve de l'importance de cette bataille, de ce que nous disons, nous est fournie par les JACOBINS eux-mêmes.
Quand le démon, après bien des siècles, a voulu tirer vengeance de cette implantation et procéder à l'abolition de la monarchie française, quelle date a-t-il choisie ?
Il a choisi l'anniversaire des Champs Catalauniques. La Séance inaugurale de la CONVENTION en 1792 a eu lieu le 21 septembre (fête de saint Mathieu). C'est à cette séance inaugurale que, sur la proposition de l'Abbé Grégoire (prêtre constitutionnel), la monarchie fut abolie et la république proclamée.
L'arbre Royal fut COUPE en l'anniversaire du jour où il avait été semé.
Après cela il ne restait plus qu'à faire au Roi son procès et à "s'assurer de sa personne" (comme l'on dit).

TOLBIAC

Un nouveau signe de PROTECTION DIVINE va se révéler, se manifester à la bataille de Tolbiac.

La localité de TOLBIAC est située à la limite OUEST de l'AUSTRASIE entre le Rhin et la Meuse, au Nord de TRÈVES et non loin d'Aix-la-Chapelle.

Tout le monde connaît cet épisode historique. Il est célèbre à juste titre. A l'époque de TOLBIAC, CLOVIS était déjà Roi, mais il était encore païen. Il avait épousé sainte Clotilde à Soissons quelques années auparavant.

Au cours d'un engagement contre les ALAMANS (qui tentaient une poussée vers l'OUEST), l'affaire tourna mal, les troupes franques reculant. Clovis n'arrivait pas à redresser la situation. Ce n'était pas faute d'invoquer ses divinités tutélaires. Mais le PRESTIGE du "Dieu de Clotilde", "PUISSANT ET MISÉRICORDIEUX" hantait son esprit. Or, les "Génies protecteurs" qu'il invoquait d'ordinaire lui firent défaut. Il recourut au DIEU de Clotilde, selon la formule qui a été recueillie par les Historiens, par les Chroniqueurs. Ce faisant, il jouait sa tête. Car, si la victoire ne s'en était pas suivie, les officiers de son entourage n'auraient pas manqué d'attribuer la défaite à ce "blasphème", à cette trahison, à ce reniement, et par conséquent à lui régler son compte.

On est bien obligé de reconnaître que Clovis a fait là un véritable ACTE DE FOI fort méritoire. De toute évidence, il a cru le "Dieu de Clotilde" capable de le secourir.

C'est cet acte de foi que Dieu a récompensé, en donnant la victoire à Clovis. Victoire qui assurait à la France la frontière du Rhin.
Comment alors ne pas remarquer qu'en faisant de la Frontière du Rhin la
conquête expresse de la Foi de Clovis, Dieu a montré, dès le début de notre Histoire, que la France n'a de solides fortifications que dans la foi chrétienne.

En reconnaissance pour cette victoire de Tolbiac (que par conséquent Il considérait comme miraculeuse), Clovis fit édifier la première cathédrale de STRASBOURG. Ce fut son "ex-voto". Elle a été reconstruite depuis, mais le souvenir de Clovis a été conservé dans la nouvelle construction, puisque l'on y voit encore, sur la façade, la STATUE ÉQUESTRE de Clovis.

REIMS

La TROISIÈME marque de Prédilection divine (PATRONAGE) que nous noterons, (mais il y en eut d'autres), c'est celle de Reims.
Elle est particulièrement importante parce qu'elle a laissé des TRACES JURIDIQUES. Elle a passé DANS LA LÉGISLATION. Il s'agit du SACRE DE CLOVIS par saint Remy, Évêque de Reims, le jour de Noël 496.

Ce fut à la fois le BAPTÊME et le SACRE de Clovis.

Le DIACRE qui devait apporter le Saint-Chrême de la Sacristie au Baptistère, fut empêché de passer à cause de l'extrême densité de la foule. Le temps passait et les célébrants commençaient à s'impatienter.
C'est alors que l'on vit une COLOMBE apporter au Baptistère l'AMPOULE fameuse remplie d'un CHRÊME, qui dès lors ne pouvait être que CÉLESTE, dès lors qu'il était ainsi miraculeusement apporté à saint Remy. C'est avec ce chrême que Clovis fut sacré Roi.

Ce miracle, éminemment significatif, a été attesté par des AUTORITÉS INCONTESTABLES :
- par Hincmar, archevêque de Reims au IXème siècle (il manifestait ainsi une tradition de son église cathédrale) ;
- par Flodoard. prêtre de la même église ;
- par ce que l'on nomme le DIPLÔME de Louis le DÉBONNAIRE, fils de Charlemagne ;
- par Elie de Bourdeilles qui déposa au procès de RÉHABILITATION de Jeanne d'Arc ;
- par le Cardinal BARONIUS, dans ses "Annales Ecclésiastiques" qui sont consacrées précisément à l'histoire des premiers siècles de l'Eglise.
Tous ces documents retiennent comme MIRACULEUX et comme HISTORIQUE l'apport de la Sainte Ampoule au Sacre de Clovis.
Ceux qui dénient l'Historicité de ce miracle sont animés du même ESPRIT de DÉMOLITION que les gens qui dénient l'historicité du TRANSFERT de la CHAIRE de Saint Pierre d'Antioche à Rome, sous prétexte que ce transfert n'est pas consigné dans les ACTES des APÔTRES (alors que le transfert de Jérusalem à Antioche s'y trouve). En réalité, c'est pour se dispenser d'admettre la SUPRÉMATIE du Pontife Romain.
Il en est de même de ceux qui contestent le miracle de la Sainte Ampoule: c'est pour se dispenser d'admettre le DROIT D'AÎNESSE des ROIS de FRANCE et par voie de conséquence le PRIVILÈGE de la FRANCE FILLE AÎNÉE de l'Eglise.

Le miracle de la Sainte Ampoule n'est pas resté un phénomène ISOLE. D'abord il a été CONFIRME de règne en règne par le miracle de la GUÉRISON DES ÉCROUELLES, qui manifeste le maintien de la FAVEUR DIVINE sur la personne du Roi régnant. La formule était : "Le Roi te touche, Dieu te guérit." A la sortie de la cathédrale de Reims, sur le parvis, APRÈS LE SACRE, on amenait les malades.

Et puis surtout, le miracle de la sainte AMPOULE a constitué le fondement du Droit Royal français. Désormais le Roi de France sera "Roi par la Grâce de Dieu". Il n'est pas "Roi par l'autorité du Siège Apostolique". Il l'est par un choix spécial, directement formulé. De sorte que personne n'a le droit de DÉPOSER UN ROI DE FRANCE. Le CHOIX DIVIN manifesté personnellement à Clovis s'est perpétué sur toute la RACE ROYALE FRANÇAISE.
CAR si le Trône de France a changé de DYNASTIE, ces DYNASTIES successives RELÈVENT de la même ascendance. L'unité des 3 races est maintenant chose reconnue.

Chaque DYNASTIE a produit son ROI TYPE :
- Charlemagne, pour les Carolingiens ;
- saint Louis, pour les Capétiens.
Tous ces Rois furent les BÉNÉFICIAIRES des mêmes promesses initiales, du même PACTE INITIAL.

Je vous ferai remarquer, Mesdames et Messieurs, que c'est saint Charlemagne qui nous procure l'occasion de parler de tout cela AUJOURD'HUI puisque c'est sa FÊTE : la Saint-Charlemagne se fête le 28 janvier car il a une fête liturgique au PROPRE du DIOCÈSE d'Aix-la-Chapelle. Il a même des VÊPRES propres avec un hymne superbe. Charlemagne est mort le 28 janvier 814. Cette année 1989 est même une Année Jubilaire puisqu'il y a 1175 ans. C'est cette année le 47ème jubilé. Il est mort un SAMEDI (comme aujourd'hui), et c'était la 3ème semaine après l'Épiphanie.

LA PROPHÉTIE DE SAINT REMY

Saint Remy est appelé le SAMUEL du Nouveau Testament, parce qu'il a joué auprès de Clovis un rôle tout à fait analogue à celui de SAMUEL auprès de DAVID.
Saint Remy, en sacrant Clovis, a CONFIRME le CHOIX DIVIN (il s'en est porté GARANT).

Mais saint Remy s'est également montré PROPHÈTE.
On a de lui une PROPHÉTIE, qui est une véritable CHARTE, et dont voici le texte.
S'adressant à Clovis, il lui déclare :
"Apprenez, mon fils, que le Royaume de France est PRÉDESTINÉ par Dieu à la Défense de l'Église romaine, qui est la seule véritable Eglise du Christ. Ce Royaume sera un jour grand entre tous les royaumes. Il durera jusqu'à la fin des Temps. Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera FIDÈLE à la FOI ROMAINE. Mais il sera rudement châtié toutes les fois qu'il sera infidèle à sa VOCATION".
On constate aisément la MARQUE DIVINE, dans cette PROPHÉTIE SIMPLE et dans cet avertissement SÉVÈRE.

Par d'autres textes mystiques nous savons que le DERNIER ROI de cette lignée sera aussi Le PLUS GRAND. Nous savons donc que la RACE DES ROIS de FRANCE ne s'éteindra pas dans la DÉGÉNÉRESCENCE et dans l'humiliation mais au contraire dans une APOGÉE et dans le TRIOMPHE.

VOUILLE

Et pour que la mesure des ATTENTIONS DIVINES déborde, Dieu a encore confirmé Sa prédilection à Clovis, lors de la Bataille de VOUILLE.

Nous voilà arrivés aux années 506-507 de notre ère. Il y a 14 ans que Clovis a épousé sainte Clotilde. Il y a 10 ans qu'il a été sacré Roi à REIMS. Clovis va incessamment entreprendre la campagne contre les WISIGOTHS ariens qui tiennent le Languedoc, l'Aquitaine et le Nord de l'Espagne. La Gaule tout entière est convaincue que la campagne contre la puissante armée WISIGOTHE va constituer une grosse affaire.

Toute la catholicité de la Gaule se tient dans une attente mêlée d'anxiété. Car du sort de l'affrontement va dépendre la paix religieuse de la Chrétienté. L'Occident sera ARIEN si les Wisigoths l'emportent ; il restera catholique orthodoxe si c'est Clovis qui gagne.
Or voilà que Clovis tombe malade, gravement malade. Son état empire. Les médecins renoncent à le guérir. Le couple royal fait alors appel à saint Séverin. Et c'est là que nous retrouvons saint MAURICE, illustre général chrétien. Car saint Séverin est Abbé du Monastère d'Agaune (Valais) sur l'emplacement de la fameuse DÉCIMATION.
Saint Séverin a la réputation d'un thaumaturge à qui l'on peut confier les cas désespérés. Dès qu'il est averti, saint Séverin se met en route. A peine arrivé, le saint Thaumaturge dépose avec précaution son manteau sur Clovis malade et il lui rend immédiatement la santé. Voilà un PREMIER symptôme qui montre que Dieu n'a pas abandonné son LIEUTENANT TEMPOREL.
Clovis rétabli, il met en mouvement l'armée FRANQUE qu'il a bien préparée matériellement et spirituellement. Elle vient d'Ile-de-France et se dirige vers Tours en vue de franchir la Loire et de passer sur la rive Sud, pour aller à la rencontre d'Alaric II Roi des Wisigoths, qui vient d'Aquitaine et qui remonte vers le Nord.
Tours est la ville de saint Martin, l'Apôtre des Gaules, qui est mort voilà un peu plus d'un siècle. Clovis projette d'aller à la cathédrale pour recommander sa campagne au saint et puissant patron du diocèse. Il se fait précéder par une délégation d'officiers qui portera quelques présents au clergé et qui annoncera sa visite. Les délégués, ne voulant pas troubler l'office qui est en cours, s'arrêtent au fond de la nef et prêtent l'oreille à la psalmodie. Or, ils entendent chanter le verset 40 du Psaume 17 dont voici la traduction :
"Vous m'avez revêtu de force pour la guerre et vous avez supplanté sous moi ceux qui s'élevaient contre moi.
"Vous avez fait tourner le dos à mes ennemis et vous avez dispersé ceux qui me haïssent".
Clovis, à qui on rapporte le fait, considère que le chant de ce verset, à ce moment précis, est la réponse de saint Martin à sa demande de PROTECTION.

Les Francs ont maintenant quitté Tours. Ils ont franchi la Loire et se trouvent sur la rive sud du fleuve. Après avoir traversé la Vienne, l'armée campe à 7 lieues à l'ouest de Poitiers. Le soir venu, voilà qu'un globe de feu (une sorte de soleil) s'élève du tombeau de saint Hilaire, mort il y a 140 ans, saint Hilaire, docteur de l'Eglise. Et ce globe de feu, ce soleil comme disent certains textes, vient se poser au sommet de la tente de Clovis. Le grand docteur gaulois, que saint Jérôme appelait "le Rhône de l'éloquence latine", manifestait lui aussi son encouragement à Clovis, par un SOLEIL, qui est précisément l'emblème des DOCTEURS parce que la DOCTRINE ILLUMINE l'intelligence.

La route de Clovis vers les plaines de VOUILLE, a ainsi été jalonnée par des signes surnaturels auxquels naturellement, l'histoire officielle n'attache aucune espèce d'importance, mais qui sont, pour celui qui croit, des signes très authentiques de faveur divine.

La RENCONTRE des deux armées se produisit au lieu-dit VOCLADES (aujourd'hui Vouillé) ce qui signifie : "Carnage de Goth". VO = Goth CLADES = défaite.
L'Histoire n'a conservé aucune notation précise sur les diverses phases de cette bataille. Il semble seulement que l'affaire ait été réglée assez rapidement.
Les deux Rois ennemis étaient présents tous les deux sur le champ de bataille et ils commandaient leurs troupes.
Clovis identifia assez vite le peloton qui escortait Alaric Il. Il estima que sa position du moment rendait le Roi Wisigoth assez vulnérable (peut-être parce qu'il se trouvait en contrebas). Clovis se dirigea directement vers lui avec sa propre escorte et il le prit personnellement à parti.
Combat singulier de deux Rois en pleine bataille. Clovis domina Alaric II et le tua de sa main, remportant ainsi la DÉPOUILLE OPIME de son adversaire.
La mort d'Alaric Il, qui survient au début de l'engagement, fut rapidement connue de toute l'armée wisigothe. La nouvelle provoqua des flottements dans les rangs, puis peu à peu une véritable débâcle, conformément au verset 40 du Psaume 17 qui avait été chanté par les clercs au passage de Tours : "Vous avez fait tourner le dos à mes ennemis et vous avez dispersé ceux qui me haïssent".

La Victoire de Vouillé ouvrit la porte de l'AQUITAINE à Clovis. Elle s'ajouta à la victoire de Soissons sur Syagrius, de Tolbiac sur les Alamans, de Dijon, un peu plus tard, sur les Burgondes.

Ainsi le premier Roi Franc, en un seul Règne, en quelques années traça les frontières naturelles de son Royaume.

La Gaule est désormais libérée de l'autorité romaine qui, après avoir été si utile, devenait pesante.
Elle n'a plus à craindre ni les envahisseurs venus de Germanie, dès lors contenus à l'Est du Rhin, ni la reprise des DISCORDES ARIENNES.

Il est temps, pour elle, de prendre le NOM de son Roi comme une épouse prend le NOM de son époux et de s'appeler la FRANCE.

Observons la différence entre la conquête de la Gaule par César et la conquête de la Gaule par Clovis. César avait conquis la Gaule en la combattant. Clovis a conquis la Gaule en la libérant (à aucun moment il ne l'a combattue), en l'AFFRANCHISSANT.
Clovis définissait ainsi la VOCATION de la France qui est d'AFFRANCHIR.
La France a donné l'exemple typique de sa vocation à l'AFFRANCHISSEMENT en AFFRANCHISSANT Jérusalem du joug des Infidèles en 1099 (prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon).

L'EMBLÈME DES ROIS DE FRANCE

Les Rois de France n'ont pas CHOISI leur emblème selon le propre esprit. Cet emblème leur a été attribué explicitement par le Ciel.

Les armoiries de Clovis païen étaient des armoiries païennes. Ses fanions, ses boucliers, portaient des CRAPAUDS. J'ignore d'où provenait ce symbole. Il était SIGNIFICATIF des Divinités Païennes. Comment Clovis en arriva-t-il à changer son emblème ?

Ouvrons la plus ancienne des "Histoires de France", celle de Nicole Gilles(1416). Il y rapporte une tradition ecclésiastique de l'église de POISSY. On peut lire ce qui suit :
"Il y avait en ce temps un ermite, prud'homme et de sainte vie, qui habitait en un bois près d'une fontaine, au lieu qui, de présent, est appelé JOYE-EN-VAL, en la châtellenie de POISSY, près Paris.
"Auquel ermite, la dite Clotilde, femme du Roi Clovis, avait grande fiance, et pour sa sainteté, le visitait souvent et lui administrait ses nécessités. Et advint un jour que, le dit ermite étant en oraison, un ANGE apparut à lui, en lui disant qu'il fit raser des armes les crapauds que Clovis portait en son écu, et, au lieu d'iceux, qu'il portât un écu dont le CHAMP fut d'Azur semé tout de fleurs de lys d'Or".
Ainsi s'exprime Nicole Gilles, ajoutant que l'ermite transmit à sainte Clotilde les désirs de l'Ange, et Clotilde fit le nécessaire auprès du Roi.

Je ne croîs pas me tromper en disant qu'à VOUILLE, Clovis avait déjà abandonné l'emblème des crapauds pour adopter celui des fleurs de lys. DES FLEURS DE LYS SANS NOMBRE : un semis.

C'est par la suite seulement, au temps des premiers Valois, que le nombre de fleurs de lys fut réduit à Trois. Pourquoi "sans nombre" ?
Pour représenter tous les sujets du Royaume.
Dans le premier écu de France aucun français n'était oublié.

SIGNIFICATION DES FLEURS DE LYS.

La fleur de lys est l'EMBLÈME du VERBE INCARNE.
Jésus-Christ a confié son "emblème personnel" au Roi de France, pour bien marquer que celui-ci GOUVERNE EN SON NOM et POUR SON COMPTE.

Expliquons le SYMBOLISME de la fleur de lys.
Le Verbe Incarné est Une PERSONNE DIVINE comprenant une nature divine et une nature humaine, laquelle est formée d'un corps et d'une âme.

Le FLEURON du MILIEU qui est rigide et dressé vers le Ciel représente la Nature divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est ferme et qui s'élève au dessus de tout. On peut dire aussi qu'il symbolise la FERMETÉ de la FOI.
Les FLEURONS LATÉRAUX qui sont recourbés vers la terre signifient, l'un la PRUDENCE dans les décisions de l'âme raisonnable, l'autre la MISÉRICORDE dans les œuvres.
La BAGUE qui encercle les Trois fleurons représente le CORPS de Notre Seigneur Jésus-Christ qui renferme Son âme et Sa divinité.

Résumé : fermeté dans la foi, prudence dans le conseil, miséricorde dans les œuvres. Bref, nous venons de le dire : Jésus-Christ, par le ministère de l'Ange de Joye-en-Val, a confié Son emblème personnel au Roi de France.
On ne peut pas exprimer plus fortement et plus simplement l'idée (que sainte Jeanne d'Arc viendra rappeler) à savoir l'IDÉE de "LieuTenance".

Le véritable titulaire de la Couronne de France et de la ROYAUTÉ en général, c'est Jésus-Christ.

LA DEVISE

La Devise maintenant.
Car les armes de France comportent aussi une devise. Elle est tout simplement tirée de l'Évangile de saint Mathieu (l'évangéliste de Jésus-Roi).
Car les lys ont les honneurs de l'Évangile.
Considérons donc les lys, comme Saint Mathieu nous y invite :
"Considérez les lys des champs comme ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent."
Telle est la DEVISE Neque laborant Neque Nent. : Ils ne travaillent ni ne filent.
Les bons héraldistes donnent l'explication suivante :
Neque Laborant : les lys ne travaillent pas parce qu'ils ne font rien d'eux-mêmes. Ils ne sont pas des ACTIVISTES et des ambitieux. Ils ne sont pas animés du PROPRE ESPRIT. Ils laissent opérer le Saint-Esprit. Ils correspondent à la GRÂCE. Ils la suivent. Ils ne la précèdent pas (il est injurieux de précéder son supérieur).
Ils ne travaillent pas parce qu'ils se laissent TRAVAILLER.

Neque Nent : les lys ne filent pas. C'est une occupation féminine que de filer. Si les lys ne filent pas, c'est qu'ils se succèdent par ordre de PRIMOGÉNITURE MÂLE. C'est la loi salique. Le Royaume des lys ne tombe pas DE LANCE EN QUENOUILLE.

Telle est la DEVISE c'est-à-dire l'IDÉAL VISÉ, quelquefois atteint.

CONCLUSION

Il est temps de conclure notre PREMIÈRE PARTIE : "Les Origines surnaturelles de la Monarchie française." Depuis la Renaissance, nos historiens humanistes, nos universitaires issus de l'encyclopédie, du socialisme et de la gnose pour les plus récents, ne manquent pas de nous faire remarquer les DÉBUTS SOLENNELS et richement significatifs de L'EMPIRE ROMAIN, le périple d'Enée, la fondation du Latium, la fondation de ROME en 753 avant Jésus-Christ par deux jumeaux allaités par une LOUVE, qui ouvrent un refuge pour les parias...
Ce symbolisme des débuts de Rome n'est certes pas négligeable. On peut même y voir l'annonce de la révélation de DESSEINS PROVIDENTIELS, sur lesquels nous n'avons pas à nous étendre...

Mais qu'est-ce que tout cela en COMPARAISON des Champs Catalauniques, sous la protection des 6.600 Martyrs de la Légion Thébaine, de TOLBIAC avec l'intervention miraculeuse du Dieu de Clotilde, de REIMS avec le chrême céleste et cette prophétie de saint Remy qui s'étend jusqu'à la fin des temps, de Vouillé annoncé par l'apparition du Soleil des Docteurs, des LYS désignés par l'Ange de Joye-en-Val et de tant d'autres signes que l'histoire profane oblitère totalement, mais qui n'en sont pas moins HISTORIQUES.

Tous ces signes d'Élection Divine, on les cherche en vain dans l'histoire de la fondation de Rome. Il y a entre la fondation de ROME aussi riche qu'elle soit en symbolisme, et la fondation de REIMS, la différence qu'il y a entre la NATURE et la GRÂCE, entre l'humain et le divin, et pour prendre une comparaison plus sensorielle, entre le vin pâteux des mers chaudes et le Champagne qui pétille, qui pétille parce qu'il est SPIRITUEL.

On objecte parfois que Clovis ne fut pas le premier chrétien qui régnât. Bien sûr. Avant lui, par exemple, Constantin et Théodose furent des chrétiens qui régnèrent. Mais ce ne furent pas des ROIS CHRÉTIENS.
Clovis est le premier ROI CHRÉTIEN, c'est-à-dire le premier chrétien qui reçut de l'Eglise l'ONCTION ROYALE avec le Chrême céleste, et c'est ce qui fonde son DROIT D'AÎNESSE.

Mais alors, me direz-vous, un tel PRIVILÈGE doit obligatoirement entraîner, chez ceux qui en sont TITULAIRES, un ORGUEIL DÉMESURÉ et par conséquent une tendance au DESPOTISME.

Eh bien pas du tout : le PRIVILÈGE, s'il vient vraiment de Dieu, engendre l'HUMILITÉ, et cela pour deux raisons CONVERGENTES :
- de par l'expérience de la PSYCHOLOGIE CHRÉTIENNE, on peut constater que le PRIVILÈGE ne raidit pas l'homme, il L'ASSOUPLIT, il rend condescendant et bénin. Si le privilège vient du Démon, il rend DUR et TYRANNIQUE ;
- c'est Notre-Seigneur qui choisit les RACES ROYALES, celle de David comme celle de Clovis, et Il les choisit évidemment comme présentant avec Lui une certaine ressemblance.

Or, que savons-nous du Tempérament de Notre Seigneur ?
PEU de CHOSE.
Sinon qu'il était DOUX et HUMBLE de Cœur.
Les deux vertus royales par excellence sont donc LA DOUCEUR et l'HUMILITÉ. Clovis a donné maints exemples d'humilité. Nous en connaissons DEUX.
A Tolbiac, il n'a pas refusé de suspecter les DIEUX de ses PÈRES et d'invoquer le Dieu de son épouse. Ce n'est pas là une marque d'orgueil que nous sachions.
A Reims, il n'a pas renâclé quand saint Remy lui a demandé de COURBER LA TÈTE et de BRÛLER ce QUE SES PÈRES AVAIENT ADORE. Peu d'hommes en sont capables.

Ils parlent contre la vérité historique ceux qui prétendent que nos rois furent des TYRANS.

DEUXIÈME PARTIE

Elle se réduira à sa plus simple expression, à un embryon de raisonnement.
Nous venons de voir que L'INSTITUTION ROYALE en France est une ŒUVRE DIVINE, et cela non seulement à ses origines, mais tout au long de son cours.
Mais nous savons aussi que Dieu ne laisse pas ses œuvres inachevées. Il les conduit toujours à la PERFECTION. Nous savons aussi que pour montrer la divinité de Ses œuvres, DIEU les RESSUSCITE, de même qu'il a montré Sa PROPRE DIVINITÉ en Se ressuscitant Lui-même.

Aussi pouvons-nous nous attendre à la RÉSURRECTION de notre Monarchie Très Chrétienne, comme étant une œuvre divine provisoirement éteinte.
D'autant plus nous y attendre, que cette résurrection nous est annoncée par une grande quantité de textes PROPHÉTIQUES qui nous laissent espérer cette RÉSURRECTION, qui nous l'affirment expressément, qui nous la PROMETTENT (on peut bien dire "avec serment" puisque le serment résulte de la Répétition de la PROMESSE).

Néanmoins cette espérance, cette croyance, n'est PAS de FOI. C'est une OPTION. C'est un RISQUE A COURIR. Mais ce risque, beaucoup sont décidés à le courir, du fait de sa LOGIQUE et parce qu'il résume notre dernier ESPOIR.

Comment refuserions-nous de croire et d'espérer que le Roi de France qui a disparu en la Personne de LOUIS XVI le 21 janvier 1793 en la Fête de sainte AGNÈS comme un AGNEAU BÉNISSANT doive reparaître un jour, comme un LION RUGISSANT. ?

LES FINALITÉS SURNATURELLES DE LA MONARCHIE FRANÇAISE

Dans l'arsenal courant des IDÉES REÇUES, le TRADITIONALISTE est un HOMME DU PASSE, un ATTARDE, un ANACHRONIQUE qui n'a pas évolué, un homme CRISPE, "FIGE DANS LA SCLÉROSE TRADITIONNELLE".

Tel est le "CLICHE CONVENTIONNEL" couramment admis. Rien n'est plus éloigné de la vérité. Ce cliché est tout ce qu'il y a de plus inexact. (Et nous devons nous en réjouir d'ailleurs, car plus nos adversaires se tromperont sur notre compte, mieux cela vaudra.)

Les traditionalistes, certes, ne négligent pas les attendus historiques de la CAUSE qu'ils défendent. Ils les CULTIVENT même. C'est ce que nous venons de faire. Mais ils ne font pas que cela.

Les traditionalistes sont aussi des hommes d'AVENIR, des hommes de PROPHÉTIES, parce que leur CAUSE est PROMISE à la RÉSURRECTION. Nous venons de voir que L'INSTITUTION ROYALE en France est une ŒUVRE DIVINE. C'est une Monarchie de Droit divin, c'est-à-dire de fondation divine. De "DROIT DIVIN" non seulement à l'origine, mais encore au cours de l'Histoire car ses RESTAURATIONS (quand les institutions royales seront blessées) se produiront toujours sous le signe et par la vertu du MIRACLE.

Les plus incontestables étant ceux qui ont tissé la vie de sainte Jeanne d'Arc. Nous savons tout cela, mais nous savons aussi que DIEU NE LAISSE PAS SES ŒUVRES INACHEVÉES. Voilà le point-charnière de notre raisonnement.

"Dieu ne laisse pas Ses œuvres inachevées."
Or telle qu'elle se présente aujourd'hui, la Monarchie française est une œuvre inachevée : le dernier Roi de France selon l'ANCIEN DROIT, c'est Louis XVI. (Certainement il y eut après lui encore 2 ou 3 autres Rois, mais ils n'ont pas régné selon l'ancien droit). A Louis XVI est échu le rôle de glorifier par le martyre l'origine divine de ses droits. Mais si l'institution royale devait se terminer avec Louis XVI (ou même avec Charles X, si l'on tient à la prolonger à tout prix), il faudrait reconnaître que Dieu a laissé son œuvre INACHEVÉE.
Si la vie terrestre de Notre-Seigneur Jésus-Christ s'était arrêtée au Calvaire, nous ne croirions pas à Sa divinité. Si nous y croyons, comme l'enseigne expressément saint Paul, c'est à cause de Sa résurrection.

En la personne de Louis XVI, l'institution monarchique a disparu le 21 janvier 1793 en la fête de sainte Agnès, comme un AGNEAU BÉNISSANT. Nous savons qu'elle doit réapparaître comme un LION RUGISSANT, car l'agneau ressuscite lion.

Et comment connaissons-nous par avance cette RÉAPPARITION radicalement impossible si l'on compte sur les seules forces humaines ?
Il existe en France des ARCHIVES MYSTIQUES et PROPHÉTIQUES tout à fait exceptionnelles. La PROPHÉTIE PRIVÉE française est d'une très grande richesse. (et pas seulement française d'ailleurs, tous les pays catholiques en possèdent, mais c'est la France qui en est la plus riche).

Quand on est en présence de cette Précieuse Réserve Prophétique, il faut s'armer de la plus grande PRUDENCE. Parce que ces textes sont toujours plus ou moins OBSCURS. Et leur obscurité est voulue parce que Dieu ne nous révèle jamais la TOTALITÉ de L'AVENIR, "Nous ne prophétisons qu'en partie", écrit saint Paul.

Certains événements du futur sont éclairés et pas les autres. Nous manquons de repères. Le Temps n'est pas compté selon la chronologie terrestre. De multiples causes d'erreur interviennent. C'est pourquoi l'Eglise est prudente en matière de PROPHÉTIES PRIVÉES.
Elles ne sont pas "de Foi divine".
Si nous y adhérons c'est seulement "de foi humaine", c'est-à-dire après un examen rationnel.
Cependant, moyennant la PRUDENCE nécessaire, on peut puiser dans ce stock prophétique en lui demandant ce qu'il peut donner, c'est-à-dire ses LIGNES COMMUNES. Ses "lignes communes", c'est-à-dire les TRAITS qui sont en commun dans toutes (ou presque toutes) les PROPHÉTIES sérieuses (celles dont la présomption d'inspiration divine est forte).

Quels sont ces TRAITS COMMUNS ? Voici donc un RÉSUMÉ du stock prophétique dont nous disposons.(toutes prophéties confondues, les publiques, comme les privées).
La première des choses à savoir, parce qu'elle commande tout le reste, c'est que l'humanité doit s'attendre dans un avenir plus ou moins proche à l'AVÈNEMENT de MAJESTÉ, la Manifestation Glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ venant comme JUGE. Telle est la base du Prophétisme. Tel est le Grand événement universel qui constitue la CAUSE FINALE de toute l'Histoire Humaine.
L'Avènement d'HUMILITÉ à déjà eu lieu, c'est la vie terrestre de Notre-Seigneur. Il est dans le PASSE. Maintenant, ce que l'Humanité attend, inconsciemment, c'est L'AVÈNEMENT DE MAJESTÉ
Cet "Avènement de Majesté" mettra fin à ce que l'on est convenu d'appeler les TRIBULATIONS DERNIÈRES dont l'attiédissement de la Foi et le Règne de l'Antéchrist marqueront le paroxysme.
Sur ce fond prophétique, qui appartient à la Révélation publique, la Révélation Privée (ou "particulière") vient apporter une PRÉCISION de première IMPORTANCE en ce moment, précision dont la formulation la plus précise est due à sainte Marguerite-Marie (1689), prophétie qui se résume ainsi : "Avant l'Avènement de Majesté, le Divin Maître se dispose à en donner une image, une prémonition, préfiguration, par un REGNE, dit "DU SACRE-CŒUR".
Règne promis à un Roi de France : "Je régnerai MALGRÉ mes ennemis..."

Étant donné que le Serment résulte de la répétition de la promesse et que cette promesse est contenue dans la quasi-totalité des prophéties sérieuses, on est en droit de penser que ce Règne du Sacré-Cœur a été promis AVEC SERMENT, et comme il n'a pas encore eu lieu, il est encore situé DANS L'AVENIR.
Toutes ou presque toutes les PROPHÉTIES font état d'une fausse Paix qui engourdira les esprits et leur enlèvera leur vigilance, FAUSSE PAIX interrompue par une CRISE VIOLENTE, à déclenchement inopiné.

Puis un Sauveur doit nous être envoyé A L'APOGÉE de la CRISE parce qu'un Sauveur ne Sauve que quand tout est humainement perdu.

Telles sont les GRANDES, les TRÈS GRANDES LIGNES du Mouvement prophétique qui a commencé avec saint Remy aux origines, et qui s'est prolongé tout au long de notre HISTOIRE jusqu'à ces dernières années.

Mais il faut savoir qu'aujourd'hui ce Mouvement prophétique est profondément TROUBLE et qu'il n'est plus fiable, parce que le Démon, de même qu'il a réussi à pénétrer dans l'Eglise hiérarchique, de même a réussi à pénétrer dans l'Eglise mystique (qui n'était plus défendue). On ne peut plus se fier aux prophéties récentes. Elles ne sont pas toutes fausses, mais elles sont toutes plus ou moins polluées.
Peu importe, car le stock des ANCIENNES est suffisamment RICHE et SOLIDE et FIABLE et SUFFISANT.

Nos vieilles vaticinations contiennent non seulement des prédictions mais aussi des consignes.
Ces Consignes se résument en TROIS MOTS : CONFIANCE, CONSTANCE, CALME.

CONFIANCE. La Confiance ne nous manque pas. Pour Sauver, il faut avoir le pouvoir de sauver et le vouloir de sauver. Nous sommes pénétrés de l'idée que Dieu possède ce pouvoir et ce vouloir.

CONSTANCE. Elle ne nous manquera pas non plus. Je vous ferai remarquer que la voyante de Pellevoisin (qui représentait la France malade auprès de la sainte Vierge) s'appelait CONSTANCE, Estelle Constance. Or, de la Constance, il en faudra car nous ne savons ni le JOUR ni l'Heure.

Nous ne manquerons ni de CONFIANCE ni de CONSTANCE. Mais c'est le CALME qui risque de manquer. Il y a encore beaucoup trop de gens qui échafaudent des plans machiavéliques archi-compliqués et utopiques, alors que la conduite que Dieu nous demande est SIMPLE, archi-SIMPLE. Mais ce n'est pas ici ni le lieu ni le moment de traiter ces problèmes difficiles. Rappelons seulement que DIEU DÉSIRE ETRE DÉSIRÉ. Il ne se décide que lorsque "la Somme des désirs a atteint la MESURE COMBLE".

La Bataille préliminaire que nous avons à livrer pour FLÉCHIR LE CIEL consiste à COMBLER la MESURE DES DÉSIRS.

Jean Vaquié - Lyon, le 28 janvier 1989

A la mort, on perd tout.

1. « Il est proche le jour de perdition » (Dt 32, 35). Pourquoi l'Écriture appelle-t-elle « jour de perdition » le jour de la mort? C'est parce que, ce jour-là, l'homme perd tout ce qu'il a possédé pendant sa vie. Honneurs, amis, richesses, domaines, puissance, tout lui est enlevé.

Quelle utilité, donc, dans la possession de l'univers entier, s'il faut tout laisser sur le lit de mort, sans pouvoir rien emporter?

« A-t-on jamais vu, disait saint Ignace à François-Xavier, dans cet entretien où la grâce fit la conquête du grand apôtre des Indes, a-t-on jamais vu monarque emporter au-delà de la tombe un seul fil de son manteau de pourpre, en signe de sa dignité? Quel riche, en quittant ce monde, a pu se faire suivre d'une seule pièce d'argent, ou d'un seul serviteur? » (O. Bartoli, Saint Ignace de Loyola, trad. J. Terrien, liv. 2, Ch. 1, Paris, 1893, 217 « en est-il un seul (riche) qui ait emporté seulement un denier, pour s'en servir au-delà de la tombe, qui ait emmené avec lui un esclave... pour l'avoir à sa suite; un seul qui ait gardé même un fil de pourpre usé par le temps, pour montrer au moins, dans cet autre monde, qu'il avait été roi sur la terre? »). Mourir, c'est tout laisser. L'âme entre seule dans l'éternité; seules, la suivent ses oeuvres.

Malheureux que je suis! Où sont les oeuvres dont je puisse me faire un cortège pour me présenter à la porte de l'éternité bienheureuse? Je ne découvre en ma vie que des péchés, des titres à l'enfer.


2. Inégale est la condition des hommes, lorsqu'ils viennent au monde. L'un naît riche, l'autre pauvre, celui-ci noble, celui-là roturier. Mais la mort vient tôt ou tard établir entre tous la plus complète égalité.

Entrez dans un cimetière; considérez tous ces cadavres; cherchez une différence entre le cadavre du maître et celui du serviteur, entre le cadavre du monarque et celui du sujet; vous ne la trouverez pas. Suivant l'expression d'Horace « entre le sceptre et la houe, la mort met l'égalité: sceptra ligonibus oequat » (Saint Alphonse cite ici une partie d'un vers latin qu'il attribue à Horace, et que saint Antonin cite en entier: « Mors dominum servo, mors sceptra ligonibus aequat », en l'attribuant seulement au poète sans préciser le nom. S. Antonin, Summa Theologica, tome 4, Vérone 1740, 812. Horace, dans Odes I, 4, 13-14, dit l'équivalent: « Pallida mors aequo pulsat pede pauperum tabernas regumque turres »).

Ah! Mon Dieu, que les autres courent après les richesses de ce monde! Je ne veux, moi, d'autres richesses que votre grâce. Mon unique Trésor, c'est Vous pour cette vie et pour l'autre.


3. Somme toute, rien sur cette terre qui n'ait un terme. Richesses et misères finiront; honneurs et humiliations finiront; plaisirs et souffrances finiront.

Heureux au moment de la mort, non pas celui dont la vie s'écoula dans les richesses, les honneurs et les plaisirs, mais heureux celui qui supporta patiemment la pauvreté, les mépris et les souffrances! Au moment de la mort, ce qui console, ce n'est pas ce qu'on possède, mais cela seulement qu'on a fait et souffert pour Dieu.

Mon Jésus, détachez-moi de ce monde, avant que la mort m'en arrache. Vous connaissez ma faiblesse; venez donc m'aider de votre grâce; ne permettez pas que je vous sois encore infidèle comme je l'ai été jusqu'ici. Je me repens, ô mon bien-aimé Seigneur, de vous avoir si souvent méprisé. Maintenant je vous aime plus que tous les biens de la terre; je suis résolu de perdre la vie mille fois plutôt que de perdre votre amitié. Mais l'enfer ne cesse pas de me tenter; ayez pitié de moi, ne m'abandonnez pas. Ne permettez pas que je me sépare encore de votre amour.

Ô Marie, mon Espérance, obtenez-moi la sainte persévérance.

Saint Alphonse-Marie de Liguori

Le Règne de l'Antéchrist.

Il est sûr que nous approchons chaque jour de ce Règne. Le concile Vatican II fut une étape décisive, car ayant omis de rappeler que seule l’Eglise avait la Vérité et la Voie, il engendra sur toute la planète la création de la société multiraciale-multireligieuse, faisant de tout le globe une nouvelle Babel.

Ce Règne sera monumental, immense, impressionnant (d’où un grand R). Quand on voit comment à fonctionné le règne de l’Antéchrist sous l’Ancien Testament, à Babylone, on peut supposer que le Règne final de l’Antéchrist sera très organisé, très structuré, avec un aspect grandiose, avec une certaine majesté.

Apparemment tout converge dans ce sens et tout est fait pour cela. Mais il est bon de réfléchir sur le fonctionnement de ce Règne car nous allons découvrir qu’un certain nombre d’étapes ne sont pas encore réalisées.

Nous savons depuis Genèse III, 15 que deux camps irréductibles sont condamnés à se battre jusqu’à la victoire définitive de l’un des deux chefs. Nous savons que la Très Sainte Vierge Marie meurtrira à la tête celui qui pour la vaincre essaiera de la meurtrir au talon. Et ainsi la Très Sainte Vierge Marie, toujours Vierge, assurera le triomphe final de son Divin Fils.

Mais avant, l’Antéchrist, Satan, le Prince de ce monde règnera et son Règne sera pratiquement universel puisque Notre-Seigneur a prophétisé «quand le Fils de l’homme reviendra trouvera-t-il la Foi sur terre ?» (Luc XVIII, 8). A voir ce qui se passe avec la secte conciliaire (substitution de la foi œcuménique, charismatique, mondialiste, maçonnique, gnostique à la foi catholique ; destruction irréversible des canaux de la grâce par le rituel Montinien des sacres épiscopaux qui abolit la vie sacramentelle) on peut raisonnablement penser que le retour de Notre-Seigneur est proche.

Nous ne partageons pas cette vision de la situation annonçant pour demain le Règne de Satan.

1° COMMENT FONCTIONNE LE REGNE DE L’ANTECHRIST ?

Ce règne sera universel. Pas un lieu de la planète n’échappera à sa verge de fer. Il faut donc une organisation mondiale sans faille. Toute opposition aura dû être anéantie.
Et tout d’abord il faut une capitale, une seule capitale, qui sera, bien sûr, Jérusalem.
Puis un seul gouvernement et donc une seule monnaie, une seule armée (qui sera d’ailleurs une police), un seul pouvoir de décision de gouvernement, un seul pouvoir de décision de justice, un seul pouvoir de décision des lois (et de leur application), un seul pouvoir d’information.

Surtout il y aura un seul lieu de culte où le Saint Sacrifice ayant été aboli (et le peu d’Eglise Catholique obligée difficilement de se cacher), les rituels sataniques rendront à l’Antéchrist des sacrifices homicides "agréables" (en particulier par les martyrs catholiques). Pour cela il faut reconstruire le temple de Jérusalem (tout est déjà prévu et les matériaux stockés). Seul problème : faire sauter la mosquée d’Omar construite au-dessus du temple. Ce sera un des objectifs du prochain conflit mondial.

Le monde entier sera divisé en provinces (déjà 800 pour l’Europe, tout Etat indépendant ayant été détruit), avec à leur tête une dizaine de dirigeants bien formés au moule voulu, bien éprouvés, bien tenus, très fermes. L’ordinateur sera l’outil efficace de cette concentration du pouvoir. En imposant par le système binaire les règles du oui et du non, du bien, du mal, du vrai, du faux, le pouvoir central peut tout diriger, contrôler, sanctionner avec peu de personnes.

Ces milliers de cadres seront sélectionnés par une seule université qui, par une police de la pensée les programmera dans la même formation, joignant des connaissances profanes à une formation ésotérique qui par les «sacrements lucifériens» leur évitera toute dérive personnelle.

Actuellement un seul centre est capable d’assurer cette formation mondiale, c’est l’université américaine où les dogmes-clefs, comme le mondialisme, la démocratie, l’évolutionnisme, le syncrétisme, l’amoralisme, etc., sont complétés par une formation maçonnique ou ésotérique. Personne ne peut faire carrière et prétendre à des postes de commandement s’il n’est passé par cette institution.

En dehors de cette dizaine de cadres provinciaux, tout le genre humain vivra sans liberté de penser et d’agir. Même plus il devra consacrer aux idoles sous peine de ne pas avoir le signe de la bête (marquage au front ou sur la main) lui permettant de vivre. Pas un seul habitant de la planète ne pourra y échapper.

Même si avec l’ordinateur, tout s’accélère, nous ne sommes pas encore tout proches de ce Règne. Il est vrai que les cadres futurs sont déjà formés et prêts à prendre les places, mais le monde entier n’est pas encore en provinces. Ce sera le but de la prochaine guerre mondiale.

2° Mais si le Règne de l’Antéchrist est l’étape prochaine, cela élimine le Règne du Sacré-Cœur ou l’oblige à se réaliser après.

Rien ne confirme que le Règne de Notre-Seigneur vienne après le Règne de l’Antéchrist. Et à notre avis il ne peut pas venir après. Il faut que le Règne de l’Antéchrist soit une vengeance complète de l’Adversaire et donc une victoire diabolique sur Notre-Seigneur Jésus-Christ. Quelle plus grande victoire que d’abattre le Règne du Sacré-Cœur et d’y succéder !

De plus, le retour prédit de Notre-Seigneur est réservé pour le jugement général.

Ce qui nous conforte dans cette idée, ce sont toutes les prophéties sur le Règne du Sacré-Cœur, comme celles de sainte Marguerite-Marie, de sainte Jeanne d’Arc, de saint Pie X, du vénérable Holzhauser, des vénérables Catherine Emmerich, Anna-Maria Taïgi, Elizabeth Carnori Mora[1], le tout confirmé par les messages de La Salette et Fatima. Comment rejeter les méditations, les réflexions des Cardinal Pie, des Lémann, des Ayroles, des Gaume, des Vial, des Delassus, étayées d’arguments historiques, scripturaires, prophétiques, probants.

Tous ils annoncent un effondrement de l’Eglise et donc de la Foi, avec un tout petit nombre très éprouvé (Holzhauser, Gaume, Pie, Delassus), épuré (abbé Augustin Lémann, Delassus, Pie), pour précéder le Règne du Sacré-Cœur. Il est même précisé qu’il restera une centaine de prêtres (Catherine Emmerich) et le nombre de fidèles sera si petit qu’ils se connaîtront par leurs noms (Holzhauser).

Et tous annoncent la Résurrection de l’Eglise qui va suivre. Saint Pierre et saint Paul rétabliront la papauté et nous verrons le fameux grand Pape annoncé depuis des siècles. Il appellera le Grand Monarque qui rétablira cette société chrétienne qui après un concile universel permettra le salut du plus grand nombre et le Règne visible du Sacré-Cœur.

Ajoutons que cela est cohérent avec le plan de Dieu, qui jaloux de Sa gloire et rejeté non seulement de la société chrétienne, mais aussi de Son Eglise remportera un triomphe éclatant sur tous Ses ennemis. Il veut Régner malgré tous Ses ennemis et Il veut que ce Règne passe par le triomphe du Cœur Immaculé de Sa très Sainte Mère.

Prions, espérons et attendons confiants
ce Règne du Sacré-Cœur sur la France
et par la France sur le monde.

Source: a-c-r-f.com

La Royauté Sociale de Notre-Seigneur.

Il l’exerce toujours avec une sagesse très haute qui descend pourtant aux moindres détails, avec une bonté faite de force et de douceur, mais de façon différente dans la société civile, dans le gouvernement de l’Eglise, dans la direction intime des âmes.



Dans la société civile Jésus exerce discrètement sa royauté universelle. Il a droit d’exiger que cette société, loin d’être régie par les principes athées du laïcisme, qui détruisent la famille et la patrie, soit gouvernée selon les principes de la loi chrétienne; que les chefs d’Etat, loin de nier l’autorité divine, fondement de la leur, la reconnaissent publiquement, en se soumettant à elle. Le Christ Jésus, incarnation de la Vérité, de la Bonté, de la Justice, a droit à être enseigné à l’école, à être représenté au tribunal au moment où l’on va prêter serment, à être parlé au malade à l’hôpital. Il a droit à un culte public dans nos villes; et les chefs d’Etat seront jugés pour avoir violé ce droit imprescriptible du Christ roi, ou pour avoir voulu rester neutres (14).

Ici-bas Notre-Seigneur vient en aide aux peuples qui réclament son secours. Il donne à leurs chefs les inspirations qui les portent à se conformer à l’esprit évangélique, à y conformer leurs institutions, à respecter par exemple la loi divine de l’unité et de l’indissolubilité du mariage, à gouverner pour la sécurité de tous, pour obtenir la paix temporelle subordonnée à celle de l’âme et à la vie de l’éternité. Sous saint Louis en France nous avons vu ce que peut être et doit être le règne de Jésus-Christ dans un pays et dans la chrétienté tout entière.



Dans l’Église, le Christ Jésus exerce sa royauté spirituelle en la gouvernant par son Vicaire, par toute la hiérarchie ecclésiastique: les évêques, les pasteurs, les supérieurs des Ordres religieux. L’hérésie et le schisme ont souvent voulu diviser ce royaume du Christ, mais l’Église restera une et indéfectible jusqu’à la fin des temps. Les efforts de l’enfer ne prévaudront pas. Le Christ est dans son Église, comme il était dans la barque avec Pierre et avec les Apôtres pendant la tempête; il lui suffit de dire un mot pour apaiser la tourmente.

De ce royaume il n’est pas seulement le Maître absolu, mais la tête vivante, qui dirige tout, qui vivifie par les sacrements, qui régénère l’enfant par le baptême, le confirme ensuite, qui sanctifie le mariage, nous rend la grâce par l’absolution, l’augmente par la communion; qui nous soutient à l’agonie, et nous conduit à la vie de l’éternité. C’est lui qui inspire ses ministres, éclaire les docteurs, fortifie les missionnaires, protège les vierges, assiste les familles chrétiennes, y fait germer des vocations. Et s’il permet dans son Église l’imperfection humaine, c’est en vue du plus grand bien, jusqu’à l’heure où le mal sera définitivement vaincu.



C’est enfin dans la direction intime des âmes que Jésus exerce sa royauté spirituelle de la façon la plus profonde et la plus cachée, que Lui seul et son Père pourraient révéler. Ici ce sont des merveilles que manifeste de temps en temps la vie des saints et qui seront connues au dernier jour. Jésus éclaire intérieurement les âmes par les illuminations de la foi, des dons de sagesse, d’intelligence, de science, de conseil. Il nous attire et nous console, en nous inspirant une piété toute filiale envers son Père, envers lui-même et sa sainte Mère. Il nous meut et nous fortifie dans nos bonnes résolutions.

Jésus, comme Dieu, nous a envoyé le Saint-Esprit; comme homme, il a reçu la plénitude de ses dons et veut nous y faire participer. Si nous nous abandonnons pleinement à lui, il nous comblera de ses grâces, nous serons de plus en plus vivifiés par lui, et nous comprendrons expérimentalement que le servir c’est régner, régner avec lui sur nos passions désordonnées, sur l’esprit du monde et celui du démon; nous comprendrons de mieux en mieux le chant du Te Deum: « Tu Rex gloriae, Christe: Vous êtes le Roi de gloire, ô Christ », et la parole du Credo qui ravissait sainte Thérèse en extase: Cujus regni non erit finis (15).

Il convient donc que la souveraineté royale du Christ soit l’objet d’un culte spécial, à l’heure surtout où le laïcisme athée s’efforce de plus en plus de la détruire. L’apostasie officielle de plusieurs nations est un crime qui demande une réparation par un culte non seulement intérieur mais extérieur, non seulement privé mais public, et cette réparation ne peut mieux s’exprimer que par la reconnaissance solennelle, sincère, profonde et effective de la royauté du Christ sur les intelligences, les volontés, les cœurs, sur les nations elles-mêmes et sur leurs chefs. « Oportet illum regnare. Il faut qu’il règne... Et lorsque tout lui aura été soumis, alors il en fera hommage à Celui qui lui aura soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 25, 27).

Frère Réginald Garrigou-Lagrange

L'unique nécessaire.

Cette chose, la seule nécessaire, c'est le salut de notre âme. Grandeur, noblesse, fortune, santé florissante, rien de tout cela n'est nécessaire: l'unique nécessaire, c'est de nous sauver.

Pourquoi Dieu nous place-t-il sur la terre? Est-ce pour que nous puissions nous élever aux honneurs, acquérir des richesses, jouir de tous les plaisirs? Non pas. Son but est de nous faire mériter, par nos bonnes oeuvres, le royaume éternel, magnifique récompense réservée à ceux qui combattent vaillamment et triomphent des ennemis de leur salut.

Ah! Mon Jésus, que de fois il m'est arrivé de renoncer au paradis, en renonçant à votre grâce! Mon bien-aimé Seigneur, je suis plus affligé d'avoir perdu votre amitié que d'avoir perdu le ciel. Donnez-moi, mon Jésus, une vive douleur de mes péchés, et pardonnez-moi.


2. Qu'importe à l'homme de passer sa vie entière dans la misère et l'obscurité, dans la maladie et les humiliations, s'il a finalement le bonheur de mourir en état de grâce et de se sauver? Que dis-je? Plus cet homme aura passé par le creuset des tribulations, plus, aussi, la patience avec laquelle il aura souffert augmentera sa gloire éternelle, son éternelle félicité.

Par contre, quel profit retirera-t-il d'avoir été comblé de richesses et d'honneurs, s'il a le malheur de mourir dans le péché et de se damner? Loin d'en retirer le moindre gain, il n'en recueillera qu'un accroissement de peine: le souvenir de tous ces biens dont il aura joui sur la terre, deviendra pour lui une source intarissable d'amers regrets.

Ô mon Dieu, daignez m'accorder votre lumière. Faites-moi comprendre qu'en ce monde il n'y a pour moi qu'un mal: vous offenser; qu'il n'y a pour moi qu'un bien: vous aimer. Donnez-moi la force d'employer à vous servir le reste de mes jours.


3. Nous sauver, c'est une nécessité, parce que, si nous ne nous sauvons pas, nous nous damnons. Pas de milieu: ou sauvés, ou damnés.

C'est en vain que quelqu'un dira: « Il me suffit de ne pas aller en enfer; peu m'importe d'être exclu du paradis. » Il n'y a que deux possibilités: ou le ciel, ou l'enfer; ou bien toujours heureux avec Dieu dans le ciel dans un océan de délices, ou bien toujours malheureux en enfer dans un abîme de feu et de tourments. Ou sauvés, ou perdus: pas de milieu.

Bien des fois, ô mon Jésus, j'ai choisi l'enfer pour mon partage; j'y serais depuis de longues années, si vous ne m'aviez supporté par pure miséricorde. Je vous remercie, ô mon Sauveur; je suis affligé de vous avoir offensé plus que de tout autre mal. J'espère, avec l'aide de votre grâce, ne plus m'engager à l'avenir sur le chemin de l'enfer. Je vous aime, ô mon Dieu suprême, je veux vous aimer à jamais. Au nom du Sang précieux que vous avez versé pour moi, donnez-moi la sainte persévérance et sauvez-moi.

Ô Marie, mon Espérance, priez pour moi.

Saint Alphonse-Marie de Liguori

L'origine du Mal.

Le mal, nous l’avons dit, n’existe pas à l’état de substance ; il n’est pas tangible, palpable. C’est un défaut, un vide, un rien, mais un défaut qui vicie un être, un vide qui dépare une substance, un rien qui insulte en quelque manière à la toute-puissante vertu de Dieu remplissant et pénétrant toutes choses. Expliquons-nous.

Le mal, pris en général, peut se définir : le défaut d’une qualité, là où cette qualité est requise à l’intégrité d’un être. Ainsi, que la main ne possède pas la faculté de voir, ce n’est pas un mal, parce que la main n’est pas l’organe de la vision, mais simplement du toucher. Mais que l’œil soit privé de la vue, c’est un mal, parce que l’œil est fait précisément pour voir. Ceci nous semble assez compréhensible. Dans le premier cas l’intégrité du membre n’est pas lésée ; dans le second, elle l’est.

Il y a deux sortes de maux : le mal physique et le mal moral.

Le mal physique est un accident qui porte atteinte à l’intégrité, soit d’un être pris en particulier, soit d’une certaine catégorie d’êtres.

Le mal moral, ou péché, est une lésion de l’ordre voulu de Dieu dans les êtres doués d’intelligence et de liberté. Il y a une intégrité morale comme il y a une intégrité physique. L’intégrité morale consiste en ce que la volonté, restant dans l’ordre voulu de Dieu, y maintienne toutes les puissances de l’âme ; alors c’est le bien, le bien parfait. Y a-t-il une rupture totale ou partielle de cet ordre, c’est le péché. Ainsi le péché résulte-t-il de ce que la volonté s’écarte en quelque manière de la règle posée par la volonté divine.

Or, il est manifeste que Dieu n’est à aucun titre cause du péché. Comment serait-il l’auteur de ce qu’il punit ? demande saint Augustin ; l’auteur de ce qui nie sa bonté, de ce qui insulte à sa puissance, de ce qui méconnaît sa justice, de ce qui, s’il était possible, irait à détruire son être infini ? Non, Dieu ne peut pas plus être l’auteur du péché que la lumière ne peut produire les ténèbres.

Dieu n’est pas même indirectement l’auteur du mal moral, qui est en contradiction absolue avec ses attributs divins, c’est-à-dire qu’il n’autorise le péché en aucune manière ; il n’a donné à personne, nous dit la sainte Écriture, la permission de pécher (Eccl 15, 21). Merveilleuse expression ! La création n’a, dans son vaste sein, aucune place réservée au pécheur et au péché : telle était du moins la première intention de Dieu. La faculté de pécher n’est pas une puissance accordée par le Créateur à sa créature ; c’est une défaillance de la créature abandonnant son Créateur. Cette défaillance, Dieu permet qu’elle se produise pour des raisons dignes de sa sagesse : mais cette permission n’emporte pas une autorisation quelconque, c’est simplement pour Dieu le fait de ne pas empêcher ce qu’à toute rigueur il pourrait empêcher.

L’origine du péché ne doit donc pas être rapportée à Dieu, ni directement, ni indirectement ; elle est tout entière dans la créature qui s’écarte de la volonté divine. Et cet écart n’est pas l’exercice d’une puissance, mais une défaillance, une chute. Du sein de Dieu où elle était libre et heureuse par l’attachement à sa volonté, la créature tombe en elle-même et trouve son châtiment dans sa propre indigence.

Et toutefois Dieu permet cette défaillance, cette chute, ce désordre, en ce sens qu’il ne l’empêche pas de se produire par un de ses actes de volonté absolue qui obtiennent toujours leur effet. Cette permission, ou plutôt ce laisser-faire, est un des grands mystères du monde. Saint Augustin l’explique en quelques mots renfermant un sens bien profond : Dieu, dit-il, ne laisserait en aucune façon exister le mal, s’il n’était assez puissant et assez bon pour tirer le bien même du mal.

Dieu tire le bien du mal, et même de ce mal moral qu’on nomme le péché ; telle est la clef de l’énigme. Mais il importe de s’entendre. Le mal n’est jamais la cause du bien ; Dieu ne tire pas le bien du mal, comme il a, par exemple, au cinquième jour, tiré les poissons et les oiseaux du sein fécond des eaux primitives. Il tire le bien du mal, par voie de réaction et de contraste ; et en ce sens on peut dire que le mal devient l’occasion du bien. Ainsi le péché d’Adam a-t-il amené comme correctif et comme remède l’Incarnation de Notre Seigneur ; sur quoi l’Église s’écrie : Ô péché d’Adam vraiment nécessaire… Ô heureuse faute, qui a mérité d’avoir un si grand et si divin rédempteur ! (Prières du samedi saint). De même la cruauté des tyrans, dit saint Thomas, a fait ressortir la patience des martyrs ; la subtilité des hérésies a mis en relief la doctrine de l’Église, etc.

A un certain point de vue, la profondeur de la sagesse divine éclate précisément par ces réactions et ces contrastes. Il faut être tout-puissant pour tirer du néant une quantité incommensurable d’êtres ; il faut être infiniment sage pour faire servir même le péché au triomphe du bien, au triomphe de l’éternelle miséricorde et de l’éternelle justice.

Disons quelque chose des raisons pour lesquelles Dieu a laissé le péché se produire :

1°) le péché montre comment la créature est sujette à défaillance ; et par suite il fait ressortir ce privilège de la nature divine d’être absolument indéfectible.

2°) Dès lors que quelques créatures tombent, les autres sont averties de s’appuyer sur Dieu pour ne pas tomber, et de rendre grâces à Dieu si elles ne tombent pas.

3°) La justice de Dieu paraît dans la punition du pécheur ; et par cette punition le péché, qui s’écartait de l’ordre, y est pour ainsi dire ramené.

4°) La rédemption du péché est devenue, dans les conseils du Tout-Puissant, une œuvre si admirable que la création du monde en est comme éclipsée[4].

Et voilà comment, tout en défendant le péché, tout en ne lui concédant aucun espace pour se produire, Dieu l’a néanmoins laissé se produire ; il voulait montrer que sa toute-puissante bonté ne pouvait être vaincue par la perversité de ses créatures, selon cette parole des saints livres : Comparée à la lumière, la sagesse l’emporte sur elle ; car à la lumière succède la nuit, et la malignité n’est jamais victorieuse de la sagesse (Sg 7, 30).

Après avoir parlé du mal moral, dirons-nous un mot du mal physique ? Qu’entend-on par là ? Que certains êtres souffrants sont lésés, sont même détruits ; qu’il y a certaines perturbations dans l’économie du monde. Dieu n’est pas l’auteur direct du mal physique ; voulant un être, il le veut intègre et complet, il le veut atteignant le but de son existence. Mais on peut dire qu’indirectement il en est l’auteur, parce qu’il a posé des lois en vertu desquelles certains maux relatifs sont permis pour le bien de l’ensemble. Ainsi il y a dans le monde une grande loi de balancement et d’équilibre, d’après laquelle les différentes espèces du règne végétal et animal se limitent les unes les autres par une destruction partielle qui les empêche de tout envahir. En même temps qu’il posait une loi de propagation indéfinie, Dieu posait un correctif à cette loi : et, si la loi est digne de la bonté de Dieu, le correctif est digne de sa sagesse. En réalité ce qu’on nomme mal physique n’est pas proprement un mal, à moins qu’on ne qualifie ainsi la taille d’un arbre ou la fauchaison d’un pré.

Par mal physique, on peut aussi entendre la punition du péché. Or cette punition, émanant de la justice divine, est en elle-même un bien ; et par suite rien ne répugne à ce que Dieu en soit l’auteur.

En résumé, le monde physique, avec ses contrastes de lumière et de ténèbres, ses alternatives de productions et de destructions, ses vicissitudes de révolutions sidérales et de saisons annuelles, est une image et comme un reflet du monde moral où le bien et le mal se combattent, où la vie spirituelle lutte contre la mort du péché, où l’existence humaine gravite autour de Jésus-Christ unique Rédempteur. Et de ces combats, de ces morts suivies de résurrection, de ces captivités suivies de rédemption, se dégage la gloire de celui qui a fait toutes choses pour lui-même, impium quoque ad diem lalum (Pr 16, 4).



Père Emmanuel - extrait d’un article intitulé "la Création" – Juin 1889

La lettre de Saint-Athanase.

L'évêque d'Alexandrie, à ses fidèles:
( IVème siècle )


Que Dieu vous console !... Ce qui vous attriste aussi, c'est que les autres ont occupé les églises tandis que vous, pendant ce temps, vous êtes dehors. C'est un fait, ils ont les locaux : Mais vous avez la vraie foi apostolique. Eux, ils peuvent occuper nos églises, mais ils sont hors de la vraie Foi Catholique (hors de la vraie Église). Réfléchissez : qu'est ce qui est le plus important, le lieu ou la Foi ? La vraie foi, c'est évident. Dans cette lutte, qui a perdu, qui a gagné, celui qui garde le lieu ou celui qui garde la foi ? Le lieu, c'est vrai, est bon quand on y prêche la foi apostolique ; il est saint si tout s'y passe saintement...

C'est vous qui êtes heureux, vous qui restez dans l'Église par votre foi, vous qui tenez fermement aux fondements de la foi qui vous est parvenue de la sainte Tradition apostolique et si, à maintes reprises, une jalousie exécrable a voulu l'ébranler, elle n'y a pas réussi. C'est ceux qui s'en sont détachés dans la crise présente.

Personne, jamais, ne prévaudra sur notre foi, frères bien aimés. Et nous croyons que Dieu nous rendra un jour nos églises.

Ainsi donc, plus ils s'acharnent à occuper les lieux de culte, plus ils se séparent de l'Église. Ils prétendent représenter l'Église ; en réalité, ils s'en expulsent eux-mêmes et s'égarent. Les catholiques fidèles à Dieu dans la sainte Tradition, même s'ils sont réduits à une poignée, voilà ceux qui sont la vraie Église de Jésus-Christ.

mercredi 3 février 2010

Le mythe de l'exil.

L’historien Shlomo SAND affirme que l’existence des diasporas de Méditerranée et d’Europe centrale est le résultat de conversions anciennes au judaïsme. Pour lui, l’exil du peuple juif est un mythe, né d’une reconstruction à postériori sans fondement historique.

Parmi la profusion de héros nationaux que le peuple d’Israël a produits au fil des générations, le sort n’aura pas été favorable à Dahia Al-Kahina qui dirigea les Berbères de l’Aurès, en Afrique du Nord. Bien qu’elle fût une fière juive, peu d’Israéliens ont entendu le nom de cette reine guerrière qui, au septième siècle de l’ère chrétienne, a unifié plusieurs tribus berbères et a même repoussé l’armée musulmane qui envahissait le nord de l’Afrique. La raison en est peut-être que Dahia Al-Kahina était née d’une tribu berbère convertie semble-t-il plusieurs générations avant sa naissance, vers le 6e siècle.

D’après l’historien Shlomo Sand, auteur du livre « Quand et comment le peuple juif a-t-il été inventé ? » (aux éditions Resling - en hébreu), la tribu de la reine ainsi que d’autres tribus d’Afrique du Nord converties au judaïsme sont l’origine principale à partir de laquelle s’est développé le judaïsme séfarade. Cette affirmation, concernant les origines des Juifs d’Afrique du Nord à partir de tribus locales qui se seraient converties - et non à partir d’exilés de Jérusalem - n’est qu’une composante dans l’ample argumentation développée dans le nouvel ouvrage de Sand, professeur au département d’Histoire de l’Université de Tel Aviv.

Dans ce livre, Sand essaie de démontrer que les Juifs qui vivent aujourd’hui en Israël et en d’autres endroits dans le monde, ne sont absolument pas les descendants du peuple ancien qui vivait dans le royaume de Judée à l’époque du premier et du second Temple. Ils tirent leur origine, selon lui, de peuples variés qui se sont convertis au cours de l’Histoire en divers lieux du bassin méditerranéen et régions voisines. Non seulement les Juifs d’Afrique du Nord descendraient pour la plupart de païens convertis, mais aussi les Juifs yéménites (vestiges du royaume Himyarite, dans la péninsule arabique, qui s’était converti au judaïsme au quatrième siècle) et les Juifs ashkénazes d’Europe de l’Est (des réfugiés du royaume khazar converti au huitième siècle).

A la différence d’autres « nouveaux historiens » qui ont cherché à ébranler les conventions de l’historiographie sioniste, Shlomo Sand ne se contente pas de revenir sur 1948 ou sur les débuts du sionisme, mais remonte des milliers d’années en arrière. Il tente de prouver que le peuple juif n’a jamais existé comme « peuple-race » partageant une origine commune mais qu’il est une multitude bigarrée de groupes humains qui, à des moments différents de l’Histoire, ont adopté la religion juive. D’après Sand, chez certains penseurs sionistes, cette conception mythique des Juifs comme peuple ancien conduit à une pensée réellement raciste : « Il y a eu, en Europe, des périodes où, si quelqu’un avait déclaré que tous les Juifs appartenaient à un peuple d’origine non juive, il aurait été jugé antisémite séance tenante. Aujourd’hui, si quelqu’un ose suggérer que ceux qui sont considérés comme juifs, dans le monde (...) n’ont jamais constitué et ne sont toujours pas un peuple ni une nation, il est immédiatement dénoncé comme haïssant Israël » (p. 31).

D’après Sand, la description des Juifs comme un peuple d’exilés, errant et se tenant à l’écart, qui « ont erré sur mers et sur terres, sont arrivés au bout du monde et qui, finalement, avec la venue du sionisme, ont fait demi-tour pour revenir en masse sur leur terre orpheline », cette description ne relève que d’une « mythologie nationale ». Tout comme d’autres mouvements nationaux en Europe, qui ont revisité un somptueux âge d’or pour ensuite, grâce à lui, fabriquer leur passé héroïque - par exemple, la Grèce classique ou les tribus teutonnes - afin de prouver qu’ils existaient depuis fort longtemps, « de même, les premiers bourgeons du nationalisme juif se sont tournés vers cette lumière intense dont la source était le royaume mythologique de David » (p. 81).

Mais alors, quand le peuple juif a-t-il réellement été inventé, selon l’approche de Sand ? « Dans l’Allemagne du 19e siècle, à un certain moment, des intellectuels d’origine juive, influencés par le caractère ‘volkiste’ du nationalisme allemand, se sont donné pour mission de fabriquer un peuple "rétrospectivement", avec la soif de créer une nation juive moderne. A partir de l’historien Heinrich Graetz, des intellectuels juifs commencent à esquisser l’histoire du judaïsme comme l’histoire d’un peuple qui avait un caractère national, qui est devenu un peuple errant et qui a finalement fait demi-tour pour revenir dans sa patrie. »

ENTRETIEN :

Shlomo Sand, historien du 20e siècle, avait jusqu’à présent étudié l’histoire intellectuelle de la France moderne (dans son livre « L’intellectuel, la vérité et le pouvoir », Am Oved éd., 2000 - en hébreu), et les rapports entre le cinéma et l’histoire politique (« Le cinéma comme Histoire », Am Oved, 2002 - en hébreu). D’une manière inhabituelle pour des historiens de profession, il se penche, dans son nouveau livre, sur des périodes qu’il n’avait jamais étudiées - généralement en s’appuyant sur des chercheurs antérieurs qui ont avancé des positions non orthodoxes sur les origines des Juifs.

En fait, l’essentiel de votre livre ne s’occupe pas de l’invention du peuple juif par le nationalisme juif moderne mais de la question de savoir d’où viennent les Juifs.

« Mon projet initial était de prendre une catégorie spécifique de matériaux historiographiques modernes, d’examiner comment on avait fabriqué la fiction du peuple juif. Mais dès que j’ai commencé à confronter les sources historiographiques, je suis tombé sur des contradictions. Et c’est alors ce qui m’a poussé - je me suis mis au travail, sans savoir à quoi j’aboutirais. J’ai pris des documents originaux pour essayer d’examiner l’attitude d’auteurs anciens - ce qu’ils avaient écrit à propos de la conversion. »

Des spécialistes de l’histoire du peuple juif affirment que vous vous occupez de questions dont vous n’avez aucune compréhension et que vous vous fondez sur des auteurs que vous ne pouvez pas lire dans le texte.

« Il est vrai que je suis un historien de la France et de l’Europe, et pas de l’Antiquité. Je savais que dès lors que je m’occuperais de périodes anciennes comme celles-là, je m’exposerais à des critiques assassines venant d’historiens spécialisés dans ces champs d’étude. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas en rester à un matériel historiographique moderne sans examiner les faits qu’il décrit. Si je ne l’avais pas fait moi-même, il aurait fallu attendre une génération entière. Si j’avais continué à travailler sur la France, j’aurais peut-être obtenu des chaires à l’université et une gloire provinciale. Mais j’ai décidé de renoncer à la gloire. »

« Après que le peuple ait été exilé de force de sa terre, il lui est resté fidèle dans tous les pays de sa dispersion et n’a pas cessé de prier et d’espérer son retour sur sa terre pour y restaurer sa liberté politique » : voilà ce que déclare, en ouverture, la Déclaration d’Indépendance. C’est aussi la citation qui sert de préambule au troisième chapitre du livre de Shlomo Sand, intitulé « L’invention de l’Exil ». Aux dires de Sand, l’exil du peuple de sa terre n’a en fait jamais eu lieu.

« Le paradigme suprême de l’envoi en exil était nécessaire pour que se construise une mémoire à long terme, dans laquelle un peuple-race imaginaire et exilé est posé en continuité directe du "Peuple du Livre" qui l’a précédé », dit Sand ; sous l’influence d’autres historiens qui se sont penchés, ces dernières années, sur la question de l’Exil, il déclare que l’exil du peuple juif est, à l’origine, un mythe chrétien, qui décrivait l’exil comme une punition divine frappant les Juifs pour le péché d’avoir repoussé le message chrétien. « Je me suis mis à chercher des livres étudiant l’envoi en exil - événement fondateur dans l’Histoire juive, presque comme le génocide ; mais à mon grand étonnement, j’ai découvert qu’il n’y avait pas de littérature à ce sujet. La raison en est que personne n’a exilé un peuple de cette terre. Les Romains n’ont pas déporté de peuples et ils n’auraient pas pu le faire même s’ils l’avaient voulu. Ils n’avaient ni trains ni camions pour déporter des populations entières. Pareille logistique n’a pas existé avant le 20e siècle. C’est de là, en fait, qu’est parti tout le livre : de la compréhension que la société judéenne n’a été ni dispersée ni exilée. »

Si le peuple n’a pas été exilé, vous affirmez en fait que les véritables descendants des habitants du royaume de Judée sont les Palestiniens.

« Aucune population n’est restée pure tout au long d’une période de milliers d’années. Mais les chances que les Palestiniens soient des descendants de l’ancien peuple de Judée sont beaucoup plus élevées que les chances que vous et moi en soyons. Les premiers sionistes, jusqu’à l’insurrection arabe, savaient qu’il n’y avait pas eu d’exil et que les Palestiniens étaient les descendants des habitants du pays. Ils savaient que des paysans ne s’en vont pas tant qu’on ne les chasse pas. Même Yitzhak Ben Zvi, le second président de l’Etat d’Israël, a écrit en 1929, que "la grande majorité des fellahs ne tirent pas leur origine des envahisseurs arabes, mais d’avant cela, des fellahs juifs qui étaient la majorité constitutive du pays". »

Et comment des millions de Juifs sont-ils apparu tout autour de la Méditerranée ?

« Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est propagée. Le judaïsme était une religion prosélyte. Contrairement à une opinion répandue, il y avait dans le judaïsme ancien une grande soif de convertir. Les Hasmonéens furent les premiers à commencer à créer une foule de Juifs par conversions massives, sous l’influence de l’hellénisme. Ce sont les conversions, depuis la révolte des Hasmonéens jusqu’à celle de Bar Kochba, qui ont préparé le terrain à la diffusion massive, plus tard, du christianisme. Après le triomphe du christianisme au 4e siècle, le mouvement de conversion a été stoppé dans le monde chrétien et il y a eu une chute brutale du nombre de Juifs. On peut supposer que beaucoup de Juifs apparus autour de la mer Méditerranée sont devenus chrétiens. Mais alors, le judaïsme commence à diffuser vers d’autres régions païennes - par exemple, vers le Yémen et le Nord de l’Afrique. Si le judaïsme n’avait pas filé de l’avant à ce moment-là, et continué à convertir dans le monde païen, nous serions restés une religion totalement marginale, si même nous avions survécu. »

Comment en êtes-vous arrivé à la conclusion que les Juifs d’Afrique du Nord descendent de Berbères convertis ?

« Je me suis demandé comment des communautés juives aussi importantes avaient pu apparaître en Espagne. J’ai alors vu que Tariq Ibn-Ziyad, commandant suprême des musulmans qui envahirent l’Espagne, était berbère et que la majorité de ses soldats étaient des Berbères. Le royaume berbère juif de Dahia Al-Kahina n’avait été vaincu que 15 ans plus tôt. Et il y a, en réalité, plusieurs sources chrétiennes qui déclarent que beaucoup parmi les envahisseurs d’Espagne étaient des convertis au judaïsme. La source profonde de la grande communauté juive d’Espagne, c’étaient ces soldats berbères convertis au judaïsme. »

Aux dires de Sand, l’apport démographique le plus décisif à la population juive dans le monde s’est produit à la suite de la conversion du royaume khazar - vaste empire établi au Moyen-âge dans les steppes bordant la Volga et qui, au plus fort de son pouvoir, dominait depuis la Géorgie actuelle jusqu’à Kiev. Au 8e siècle, les rois khazars ont adopté la religion juive et ont fait de l’hébreu la langue écrite dans le royaume. A partir du 10e siècle, le royaume s’est affaibli et au 13e siècle, il a été totalement vaincu par des envahisseurs mongols et le sort de ses habitants juifs se perd alors dans les brumes.

Shlomo Sand revisite l’hypothèse, déjà avancée par des historiens du 19e et du 20e siècles, selon laquelle les Khazars convertis au judaïsme seraient l’origine principale des communautés juives d’Europe de l’Est. « Au début du 20e siècle, il y a une forte concentration de Juifs en Europe de l’Est : trois millions de Juifs, rien qu’en Pologne », dit-il ; « l’historiographie sioniste prétend qu’ils tirent leur origine de la communauté juive, plus ancienne, d’Allemagne, mais cette historiographie ne parvient pas à expliquer comment le peu de Juifs venus d’Europe occidentale - de Mayence et de Worms - a pu fonder le peuple yiddish d’Europe de l’Est. Les Juifs d’Europe de l’Est sont un mélange de Khazars et de Slaves repoussés vers l’Ouest. »

Si les Juifs d’Europe de l’Est ne sont pas venus d’Allemagne, pourquoi parlaient-ils le yiddish, qui est une langue germanique ?

« Les Juifs formaient, à l’Est, une couche sociale dépendante de la bourgeoisie allemande et c’est comme ça qu’ils ont adopté des mots allemands. Je m’appuie ici sur les recherches du linguiste Paul Wechsler, de l’Université de Tel Aviv, qui a démontré qu’il n’y avait pas de lien étymologique entre la langue juive allemande du Moyen-âge et le yiddish. Le Ribal (Rabbi Yitzhak Bar Levinson) disait déjà en 1828 que l’ancienne langue des Juifs n’était pas le yiddish. Même Ben Tzion Dinour, père de l’historiographie israélienne, ne craignait pas encore de décrire les Khazars comme l’origine des Juifs d’Europe de l’Est et peignait la Khazarie comme la "mère des communautés de l’Exil" en Europe de l’Est. Mais depuis environ 1967, celui qui parle des Khazars comme des pères des Juifs d’Europe de l’Est est considéré comme bizarre et comme un doux rêveur. »

Pourquoi, selon vous, l’idée d’une origine khazar est-elle si menaçante ?

« Il est clair que la crainte est de voir contester le droit historique sur cette terre. Révéler que les Juifs ne viennent pas de Judée paraît réduire la légitimité de notre présence ici. Depuis le début de la période de décolonisation, les colons ne peuvent plus dire simplement : "Nous sommes venus, nous avons vaincu et maintenant nous sommes ici" - comme l’ont dit les Américains, les Blancs en Afrique du Sud et les Australiens. Il y a une peur très profonde que ne soit remis en cause notre droit à l’existence. »

Cette crainte n’est-elle pas fondée ?

« Non. Je ne pense pas que le mythe historique de l’exil et de l’errance soit la source de ma légitimité à être ici. Dès lors, cela m’est égal de penser que je suis d’origine khazar. Je ne crains pas cet ébranlement de notre existence, parce que je pense que le caractère de l’Etat d’Israël menace beaucoup plus gravement son existence. Ce qui pourra fonder notre existence ici, ce ne sont pas des droits historiques mythologiques mais le fait que nous commencerons à établir ici une société ouverte, une société de l’ensemble des citoyens israéliens. »

En fait, vous affirmez qu’il n’y a pas de peuple juif.

« Je ne reconnais pas de peuple juif international. Je reconnais un "peuple yiddish" qui existait en Europe de l’Est, qui n’est certes pas une nation mais où il est possible de voir une civilisation yiddish avec une culture populaire moderne. Je pense que le nationalisme juif s’est épanoui sur le terreau de ce "peuple yiddish". Je reconnais également l’existence d’une nation israélienne, et je ne lui conteste pas son droit à la souveraineté. Mais le sionisme, ainsi que le nationalisme arabe au fil des années, ne sont pas prêts à le reconnaître.

« Du point de vue du sionisme, cet Etat n’appartient pas à ses citoyens, mais au peuple juif. Je reconnais une définition de la Nation : un groupe humain qui veut vivre de manière souveraine. Mais la majorité des Juifs dans le monde ne souhaite pas vivre dans l’Etat d’Israël, en dépit du fait que rien ne les en empêche. Donc, il n’y a pas lieu de voir en eux une nation. »

Qu’y a-t-il de si dangereux dans le fait que les Juifs s’imaginent appartenir à un seul peuple ? Pourquoi serait-ce mal en soi ?

« Dans le discours israélien sur les racines, il y a une dose de perversion. C’est un discours ethnocentrique, biologique, génétique. Mais Israël n’a pas d’existence comme Etat juif : si Israël ne se développe pas et ne se transforme pas en société ouverte, multiculturelle, nous aurons un Kosovo en Galilée. La conscience d’un droit sur ce lieu doit être beaucoup plus souple et variée, et si j’ai contribué avec ce livre à ce que moi-même et mes enfants puissions vivre ici avec les autres, dans cet Etat, dans une situation plus égalitaire, j’aurai fait ma part.

« Nous devons commencer à œuvrer durement pour transformer ce lieu qui est le nôtre en une république israélienne, où ni l’origine ethnique, ni la croyance n’auront de pertinence au regard de la Loi. Celui qui connaît les jeunes élites parmi les Arabes d’Israël, peut voir qu’ils ne seront pas d’accord de vivre dans un Etat qui proclame n’être pas le leur. Si j’étais Palestinien, je me rebellerais contre un tel Etat, mais c’est aussi comme Israélien que je me rebelle contre cet Etat. »

La question est de savoir si, pour arriver à ces conclusions-là, il était nécessaire de remonter jusqu’au royaume des Khazars et jusqu’au royaume Himyarite.

« Je ne cache pas que j’éprouve un grand trouble à vivre dans une société dont les principes nationaux qui la dirigent sont dangereux, et que ce trouble m’a servi de moteur dans mon travail. Je suis citoyen de ce pays, mais je suis aussi historien, et en tant qu’historien, j’ai une obligation d’écrire de l’Histoire et d’examiner les textes. C’est ce que j’ai fait. »

Si le mythe du sionisme est celui du peuple juif revenu d’exil sur sa terre, que sera le mythe de l’Etat que vous imaginez ?

« Un mythe d’avenir est préférable selon moi à des mythologies du passé et du repli sur soi. Chez les Américains, et aujourd’hui chez les Européens aussi, ce qui justifie l’existence d’une nation, c’est la promesse d’une société ouverte, avancée et opulente. Les matériaux israéliens existent, mais il faut leur ajouter, par exemple, des fêtes rassemblant tous les Israéliens. Réduire quelque peu les jours de commémoration et ajouter des journées consacrées à l’avenir. Mais même aussi, par exemple, ajouter une heure pour commémorer la "Nakba", entre le Jour du Souvenir et la Journée de l’Indépendance. »