dimanche 4 avril 2010

La Sainte Inquisition.

Une institution nécessaire !
Par Zacharias


Les vomissures abjectes qui s’exposent à la « une » des journaux, radios et télévisions, ne sont pas sans devoir nous pousser à entreprendre une interrogation approfondie à propos de la place fantastique prise par ces dites « ténèbres du péché » au sein de la cité d’aujourd’hui. A ce titre, ce n’est sans doute pas pour rien que sous l’Ancien Régime, à l’intérieur duquel la séparation fatale entre le religieux et le politique n’était pas encore advenue, on n’hésitait pas à livrer au Tribunal de l’Inquisition et soumettre à « La Question » quiconque pouvait être suspect de répandre les germes fétides de la corruption à l’intérieur de la société. Rappelons que le châtiment pour le coupable consistait le plus souvent en une mise au « pilori », devenant ainsi par dérision, l’objet de la honte publique - le fautif, sous un accoutrement grotesque étant flétri par les rires, les quolibets et les sarcasmes du peuple. Telle était la raison de la tenue de l’hérésiarque, rendue célèbre par Goya, avec laquelle étaient justement exhibés les pécheurs.

I. Les bienfaits de la Sainte Inquisition


Joseph de Maistre (1753-1821), le génial penseur de la contre-révolution catholique, à une époque de décadence qui accouchera du fruit empoisonné de la Révolution de 1789, le XVIIIe siècle, époque pervertie pas si éloignée de la nôtre du point de vue moral qui, de plus en plus, n’en comprenait plus le rôle, l’importance et la nécessité, exposa clairement les avantages des châtiments inquisitoriaux, et la place fondamentale du Tribunal de la Sainte Inquisition :

- « […] Il n’y a rien de si juste, de si docte, de si incorruptible que les grands tribunaux espagnols de la sainte Inquisition, et si, à ce caractère général, on ajoute encore celui du sacerdoce catholique, on se convaincra, avant toute expérience, qu’il ne peut y avoir dans l’univers rien de plus calme, de plus circonspect, de plus humain par nature que le Tribunal de l’Inquisition. » [1]




Pourquoi n’y a-t-il rien de plus calme, de plus humain par nature que ce saint Tribunal ? Maistre nous l’explique :

- « Dans ce tribunal établi pour effrayer l’imagination, et qui devait être nécessairement environné de formes mystérieuses et sévères pour produire l’effet qu’en attendait le législateur, le principe religieux conserve néanmoins toujours son caractère ineffaçable. Au milieu même de l’appareil des supplices, il est doux et miséricordieux, et parce que le sacerdoce entre dans ce Tribunal, ce Tribunal ne doit ressembler à aucun autre. En effet, il porte dans ses bannières la devise nécessairement inconnue à tous les tribunaux du monde : ‘‘MISERICORDIA ET JUSTITIA’’. » [2]

Oui, ce Tribunal est doux et miséricordieux, il combat le péché pour le bien des âmes, et s’il s’entoure d’un appareil apte à frapper l’imagination, c’est surtout pour éviter d’user de violence envers le pécheur. Le comte chambérien poursuit :


- « La miséricorde siège donc avec la justice et la précède même: l’accusé traduit devant ce tribunal est libre de confesser sa faute, d’en demander pardon, et de se soumettre à des expiations religieuses. Dès ce moment le délit se change en péché, et le supplice en pénitence. Le coupable jeûne, prie, se mortifie. Au lieu de marcher au supplice, il récite des psaumes, il confesse ses péchés, il entend la messe, on l’exerce, on l’absout, on le rend à sa famille et à la société. » [3]

Ce traitement conféré par la Sainte Inquisition, n’était-il pas préférable à cet étalage impudique des crimes auquel on assiste de nos jours ? Le repentir sincère du coupable, entendant la messe, rendu à sa famille après s’être purgé de ses péchés, n’était-il pas un signe exemplaire de la miséricorde de l’Eglise et un témoignage frappant de ce que pouvait faire le Ciel pour laver l’âme du pécheur ?


II. Tragique corruption de la signification du péché

Certes, on considèrera que les temps sont révolus pour de telles pratiques, qui ont pourtant fait leurs preuves, et qu’il convient en notre siècle d’impunité généralisée, de juger sévèrement les obscurs contrevenants, de punir de façon inflexible « les petits, les sans grades, les oubliés de la vie » [4], et d’absoudre les puissants, donnant un spectacle révoltant qui encourage à la ruse, au mensonge, à la tromperie, à la dissimulation et conduit au mépris définitif de l’autorité. Comprenne qui pourra ?

Ce qui nous importe, par delà ces évidentes disparités du lamentable désordre laïc et républicain, c’est le constat que l’on peut établir, au regard de la hideuse peinture que la société moderne donne d’elle-même et place sous nos yeux étonnés, à savoir que le péché est devenu un état de normalité ! La faute est à présent admise et regardée comme participant d’un ordre habituel. Or, le péché, le monde l’oublie volontairement, est intrinsèquement lié au règne des ténèbres. Il est le signe de la domination de l’infection corporelle, psychique et spirituelle. Il est la marque de l’Adversaire ; sa signature directe !

Mais ces ténèbres du péché, demanderont certains, quelles sont-elles véritablement ? Que sont réellement ces marques de la réprobation et du mal ? Comment distinguer et purger socialement les affres de la décadence des mœurs, éradiquer les vices et mettre fin, ou du moins sérieusement limiter l’exploitation industrielle des émois et des palpitations irrationnelles de la chair ? Disposons-nous effectivement d’une analyse capable d’éclairer les cœurs et les intelligences sur ces sujets fondamentaux, autre que celle proposée par l’Eglise ?

Evidemment, d’innombrables ouvrages emplissent, jusqu’à les saturer, les rayons des bibliothèques, et l’interrogation, placée à la racine matinale de la pensée, ne cesse de traverser l’esprit des penseurs depuis l’aube des temps, en particulier s’agissant du mal et de son traitement. Cependant, hélas ! nous assistons de plus en plus aujourd’hui à une hideuse transformation juridique, comportementale, littéraire et même religieuse sous l’influence des normes empuanties du monde qui se sont introduites à Rome sous la force de l’esprit de Vatican II, de l’authentique doctrine du péché.

Les études, les thèses, les ouvrages publiés depuis plusieurs décennies, tendent vers une sorte de verbiage superficiel dénué de substance essentielle, transformant la pensée en de mauvais romans pour kiosque de gare. Dans la sphère non religieuse, on ne compte plus en philosophie, chez les auteurs à la mode, les pénultièmes dissertations sur Spinoza, Schopenhauer, l’inévitable Nietzsche, Sartre, Ricoeur, Deleuze, Lévinas, etc., toujours et encore ressassant les mêmes sempiternelles banales balivernes, dont l’unique objet est de peindre les émois, les doutes et les petites peines existentielles, des éternels étudiants assistés, narcissiques victimes consentantes de la modernité.

La religion, sachant qu’il n’y en a qu’une qui puisse revendiquer cette dénomination, à savoir la sainte religion chrétienne (héritière de la Révélation primitive et du mosaïsme biblique elle seule reçoit son origine d’une source pure et divine faisant d’elle la Tradition au sens authentique et surtout générique du terme), reste donc le domaine, alors que l’ensemble de la réalité sociale, économique et politique, est soumise à une terrible réification, encore en mesure d’autoriser une réflexion essentielle sur l’homme, soit celle de son rapport au religieux.

Toutefois elle aussi, par l’effet des mouvements de mode et de la fluctuation des tendances, est devenue l’objet des esthètes oisifs et des vanités bavardes désoeuvrées qui peuplent les salons où flottent surtout en guise de pieuse odeur, avec insistance, non l’encens avec lequel on devrait honorer le Créateur dans le secret des chapelles, mais celle du de tabac froid et de la morne non-pensée. Elle est devenue « tendance », fait vendre des livres, et l’on porte le catholicisme en ville chez certains très mauvais scribouillards qui ont pour noms Sollers, Hadjadj, Dantec, etc., comme une marque de puant snobisme.

III. Le nécessaire retour au catholicisme de combat


Il est donc vital de mettre en œuvre une démarche nouvelle, d’effectuer, en rompant avec les schémas obsolètes de la modernité, une reprise ontologique du domaine sacré, non par une nouvelle « pause » mondaine à la futilité passagère, mais par une étude attentive des pervers fondements de l’exécrable monde héritier des fruits mortifères de la Révolution. L’installation de la corruption généralisée que nous connaissons : effondrement des valeurs, dégradation des mœurs, perte du sens de la religion, négation du caractère sacré de l’enfant, etc. Tout cela représente un tel naufrage, qu’il faut, à l’évidence, un certain équilibre pour éviter d’être saisi par un puissant vertige, mais surtout une authentique virilité spirituelle pour réagir en Chevalier chrétien ! [5]

Ce n’est pas pour rien que l’ultime modèle dont s’est doté ce système satanique pour conduire son œuvre de perdition généralisée, est le libéralisme qui étend avec une efficacité redoutable son règne sur l’ensemble de la planète [6]. Sans que l’on n’y prenne garde et quasi invisiblement alors que beaucoup l’ignorent (le marxisme, frère jumeau du libéralisme en tant que système politique a quasi disparu, ou est en voie de disparition), l’idéologie libérale s’est généralisée au sein d’un monde qui ne pense qu’en termes d’évolution, de devenir, de plaisir, de jouissance, de légèreté des mœurs, de satisfaction immédiate, de frénésie licencieuse.

a) L’enfer du libéralisme

Pour la société libérale, l’individu, détaché et coupé de son « être historique », est le sujet-objet vivant, enchaîné à la nécessité techno-industrielle, financière et consumériste, devenant une abstraction, un rouage finalisé du mécanisme mondial de production et de valorisation. Le devenir technique et monétaire du monde, a arraché, et arrachera l'homme à toute assise stable, le réduira au simple rang d'objet, plongé de gré ou de force dans le mouvement historique du devenir spéculatif, technique et hédoniste.

L'humanité, il est vrai, se meurt depuis toujours, ou du moins depuis la Chute, dans le fétichisme qui constitue son mode aliéné d'existence et de conscience. Les objets de la production, s'opposent donc fatalement à l'homme comme un être étranger, comme une puissance indépendante, et il est donc vital que la réflexion critique, qui est une tâche de la métaphysique comme de la philosophie véritable, puisse partir, en mettant à la question la conception libérale de l’homme, de l'existant, de « l'être-là » (Dasein), rivé et jeté au monde, qui sans l’apport de la Révélation, serait dans une situation de délaissement moral absolument total et tragique.

b) Sagesse d la société traditionnelle d’Ancien Régime

La société traditionnelle n’était donc pas pour rien profondément religieuse, car l’essence de l’homme, faute d’une raison suffisante et d’un discernement des causes, ne peut se penser, se comprendre, s’interpréter, que par l’entremise de la Révélation qui est à la fois un don et une grâce. On perçoit ainsi pourquoi, souhaitant abattre la civilisation d’Ancien Régime, la modernité s’est tout d’abord, et en priorité, attaquée à la religion ; le laïcisme et la déchristianisation devenant le cri de guerre d’un monde désireux d’en finir avec les anciens cadres spirituels.

C’est pourquoi, toute tentative de dénonciation des valeurs erronées de la modernité, comme d’une remise en lumière des vérités du christianisme, doit et ne peut passer, que par une dénonciation des conceptions démiurgiques du libéralisme.

IV. En finir avec l’humanisme athée

On trouve la meilleure formulation de la conception matérialiste qui peu à peu s’est imposée, chez Feuerbach (1804-1872) qui affirma : « le secret de la théologie c'est l'anthropologie » [7]. Le pari de l'athéisme humaniste porta de ce fait sur l'homme, et sur l'homme uniquement, car dans cette conception il était impossible de pouvoir accéder à Dieu. Ainsi l'humanisme feuerbachien s’est placé au sein d'une problématique nominaliste qui ne cessa de préoccuper la théologie protestante, soit la question du « pro me, pro nobis » de Luther, d’un Dieu existant que pour autant qu'il existe pour nous. Les théologiens protestants, et à leur suite les théologiens modernistes catholiques qui imposèrent leurs thèses lors du dernier concile, se sentiront d'autant plus attirés par l'humanisme feuerbachien que celui-ci se situera dans une sorte de prolongement de Luther, voilà pourquoi Hans Ehrenberg, Karl Heim et Karl Barth lui reconnaissent aujourd'hui d'avoir posé le problème religieux au niveau où il doit se situer pour eux, c'est-à-dire ni au niveau historique, ni au niveau philosophique ou métaphysique, ni théologique, mais au niveau des aspirations humaines.

Feuerbach lui-même soulignera que sa tentative de transformer la théologie en anthropologie (c'est-à-dire de redécouvrir l'homme sous les revêtements de la divinité), rejoignait les efforts de la théologie luthérienne : « Le mode religieux ou pratique de cette humanisation fut le protestantisme, dit-il, seul Le Dieu qui est homme, le Dieu humain, le Christ, est le Dieu du protestantisme. Le protestantisme ne se préoccupe plus, comme le catholicisme, de ce qu'est Dieu en lui-même, mais seulement de ce qu'il est pour l'homme ; aussi n'a-t-il plus de tendance spéculative ou contemplative, comme le catholicisme ; il n'est plus théologie - il n'est que christologie, c'est-à-dire anthropologie religieuse ». [8]

Or cette œuvre de la nature, précisément, est pour la pensée moderne, dissimulée par le discours religieux, qui s'oppose fatalement à l'homme comme un être étranger, comme une puissance indépendante, d’où la célèbre formule de Marx : « la religion c'est l'opium du peuple » [9]. Brutale affirmation qui donna lieu à de nombreuses, et souvent inexactes interprétations. Pour Marx, dont finalement l’athéisme contemporain est largement redevable, l'essence d'une critique du fait religieux s'enracine dans une volonté d’émancipation de l’homme. Emancipation de ses besoins afin de parvenir, car il ne peut en être autrement, à une satisfaction de ses désirs les plus secrets.

V. Les fruits pervers de la liberté

Cette émancipation, après deux siècles d’éloignement à l’égard de la religion, nous en mesurons à présent les terribles effets. Ainsi donc, comme nous le savons, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère depuis que l’humanité, incapable de se diriger de par une dégradation de ses facultés, est victime de ses passions et soumise à ses vices. Il faut, dès lors, que s’impose à tous un ordre, un Ordre qui soit d’Eglise car elle seule possède une essence divine, les hommes étant incapables de forger par eux-mêmes une loi qui soit juste, bonne et raisonnable.

Dans ces conditions, s'il ne peut y avoir de politique naturelle fondée en raison, s'il n'est pas possible d'instaurer une organisation de la société basée sur l'enseignement conféré par les lumières de l'intelligence que faut-il faire ? Tout simplement convenir, sans délai, de l'incapacité des moyens humains, des projets collectifs, des ambitions temporelles car, « aucune institution n'est solide ni durable si elle ne repose que sur la force humaine : l'histoire et le raisonnement se réunissent pour démontrer que les racines de toute grande institution sont placées hors de ce monde... Les souverainetés surtout n'ont de force, d'unité et de stabilité qu'en proportion qu'elles sont divinisées par la religion. » [10] Insupportable affirmation ? Inacceptable humiliation des facultés ? Mépris des causes secondes ? Dépréciation scandaleuse des possibilités contenues en l'homme ? Oui ! sans aucun doute. Car la force des souverainetés, la puissance du pouvoir, ne proviennent que d'en Haut, « ... cette force, c'est le Nom sur lequel les institutions reposent ; car rien n'est que par Celui qui est. » [11]

Le monde moderne accélère sa course démentielle vers une désorientation de plus en plus marquée et évidente, une société profane et apostate à l’égarement nauséabond, à présent dépourvue et vidée de toute dimension sacrée depuis la terrible Révolution satanique et antichrétienne de 1789, se précipite vers un abîme qui prend le visage de l’ignoble décadence contemporaine, le siècle étant entièrement livré aux mains des puissances de l’Enfer.

Conclusion


"Toutes les fois que vous verrez une grande institution,
approuvez tout sans balancer,
et bientôt l’examen philosophique récompensera votre confiance,
en vous présentant une démonstration complète du mérite de toutes ces choses."
La Tradition catholique n’est pas de l’archéologie, les chrétiens doivent avoir l’esprit tourné vers le futur, tout en sachant qu’une force lancée en avant avec courage doit prendre appui sur un socle antérieur solide. Ce socle, c’est la Tradition ! “Que m’importe le passé en tant que passé, s’écriait Gustave Thibon, ne voyez-vous pas que, lorsque je pleure sur la rupture d’une tradition, c’est surtout à l’avenir que je pense ? Quand je vois pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs qui demain sécheront faute de sève.” Telles sont donc les raisons de maintenir et défendre ardemment les éléments de la Tradition.
C’est pourquoi, à la faveur de la contre-révolution qui s’impose, réveillons les institutions salutaires, espérons, avant qu’il ne soit trop tard, pour que l’Histoire accorde un temps de redressement après les périodes ténébreuses que nous traversons. Prions pour le retour de la Sainte Inquisition !
Ecoutons, en conclusion, les précieux conseils de Joseph de Maistre, conseils qui peuvent nous être très utiles dans cette œuvre salvatrice de contre-révolution catholique que nous devons entreprendre pour sauver la France :

« L’Inquisition est en soi une institution salutaire,
qui a rendu les services les plus importants,
et qui a été ridiculement et honteusement calomniée
par le fanatisme sectaire et philosophique […]
je ne conseillerais jamais à une nation de changer ses institutions antiques,
qui sont toujours fondées sur de profondes raisons,
et qui ne sont presque jamais remplacées par quelque chose d’aussi bon.

Rien ne marche au hasard, rien n’existe sans raison.
L’homme qui détruit n’est qu’un enfant vigoureux qui fait pitié.

Toutes les fois que vous verrez une grande institution ou une grande entreprise
approuvée par les nations,
mais surtout par l’Église, comme la chevalerie, par exemple, les ordres religieux,
mendiants, enseignants, contemplatifs, missionnaires, militaires, hospitaliers, etc.;
les indulgences générales, les croisades, les missions, l’Inquisition, etc.;
approuvez tout sans balancer,
et bientôt l’examen philosophique récompensera votre confiance,
en vous présentant une démonstration complète du mérite de toutes ces choses.
Je vous l’ai dit plus haut, Monsieur, et rien n’est plus vrai :
la violence ne peut être repoussée que par la violence ». [12]




+

« MISERICORDIA ET JUSTITIA »





Notes.

1. Joseph de Maistre, Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1815.

2. Ibid.

3. Ibid.

4. N. Sarkozy, Discours au soir de son élection présidentielle, mai 2007.

5. On pourra être saisi d’écoeurement à la lecture d’un éditorial intitulé : "Eviter Massada" dans la très conciliaire revue La Nef du très couard Jacques de Guillebon, lorsqu’à l’initiative de jeunes volontés s’était constitué il y a quelques mois un mouvement visant à s’opposer, par la force si besoin, aux actions des immondes crapules d’Act Up qui voulaient salir la Papauté suite aux déclarations de Benoît XVI.
6. En tant que doctrine constituée, le libéralisme a été radicalement censuré et condamné par l’Eglise, qui l’a qualifié sous les termes de « rationalisme » et de « naturalisme » - la condamnation la plus explicite de cette hérésie figure dans la Constitution « De Fide » du Concile de Vatican I, en 1870.
7. L. Feuerbach, L'Essence du Christianisme, FM/Fondations, 1982.

8. Ibid.

9. K. Marx, Contribution à la Critique de la Philosophie du Droit de Hegel, Molitor, 1976. La véritable accusation portée contre la religion par Marx, est que l'homme de par l'emprise du concept religieux aliène, oublie son rôle dans l'oeuvre historique de son émergence sur la scène de l'Histoire. En ce sens il n'y a pas de séparation entre la pensée du jeune Marx et l'auteur du Capital, car entre le philosophe et l'économiste politique continue d'agir la critique historique, voilà pourquoi le matérialisme chez Marx présente une spécificité originale le rendant extrêmement différent de l'humanisme athée. Cette originalité distingue le matérialisme historique, en tant que conception et compréhension du développement de l'homme dans l'Histoire comme moteur de son propre devenir, de toute forme classique de la critique antireligieuse. La religion chez Marx est ainsi critiquée, sous un aspect peu connu, elle est accusée de séparer, de masquer l'essence créatrice de l'homme, d'organiser le « mensonge » social et historique. Dès 1844, Marx établira d'ailleurs une relation entre le « trafic », la fraude et la religion ; il met à jour, comme Nietzsche, une filiation sur ce point entre le judaïsme et le christianisme : « le fondement socio-économique du judaïsme est le commerce et l'usure, le culte temporel des juifs -le trafic- et leur dieu temporel l'argent- sont des projections fétichistes (...) la religion judaïque est la forme spiritualisée du commerce, en ce sens le christianisme est la pensée sublime du judaïsme, le judaïsme est la mise en pratique du christianisme » (K. Marx, La Question Juive, Aubier Montaigne, 1971.) Le christianisme, selon Marx, achève de séparer l'homme de l'homme, de masquer le véritable procès de son auto-émergence créatrice dans l'histoire, voilà pourquoi : « la religion est la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine c'est de ne pas avoir d'essence » (K. Marx, Manuscrits de 1844, Ed. Sociales, 1962.) La religion voile l'historicité fondamentale de l'être humain, voile le fait qu'il se crée, qu'il se forme, qu'il se produit par son action créatrice, qu'il constitue son « monde », en édifiant le monde. L'homme dans son action, dans sa praxis créatrice connaît les choses en agissant, il agit sur elles, il les transforme ; et sa connaissance « réfléchit », tel le miroir de Nicolas de Cuse, les principes créateurs de sa pensée. L'homme connaît le monde en créant son monde humain : en se créant. Pour Marx la « matière » est impliquée dans l'activité sensible, productrice et transformatrice de la praxis. Tant que le matérialisme se réduit à l'affirmation de la chose isolée (ce caillou, cet arbre etc...), il les comprend abstraitement, le matérialisme historique de Marx retrouve l'unité vivante de la relation, du nexus, dépassant en cela le vieux matérialisme et l'idéalisme religieux. En réalité Marx cherchera à rendre à la pensée sa force active celle qu'elle avait avant la séparation de la conscience et du travail, lorsqu'elle était directement liée à la pratique. « L'acte qui posa la pensée humaine et sépara l'homme de l'animal et de la nature fut un acte pleinement créateur, bien qu'il ait abouti à la scission interne de la réalité humaine. Il s'agit de retrouver, à un niveau supérieur, cette puissance créatrice totale » (H. Lefebvre, Le Matérialisme Dialectique, PUF, 1962.) En édifiant son système philosophique, Marx critiquera toutes les théories matérialistes antérieures qui n'ont pas saisi dans la réalité extérieure la matérialisation de l'activité humaine : « le principal défaut des matérialistes (et surtout Feuerbach), dit Marx, a toujours été de ne voir dans l'objet, dans la réalité, qu'une perception des sens et non ce qu'il contenait de réalité humaine, sensible. Si Feuerbach admet bien que les objets matériels soient distincts des objets de la pensée, il ne comprend pas ce que l'activité humaine a, en elle-même, d'objectif » (K. Marx, L'Idéologie Allemande ).

10. J. de Maistre, Réflexion sur le protestantisme dans ses rapports avec la Souveraineté.

11. J. de Maistre, Considérations sur la France, chap. V.

12. J. de Maistre, op. cit. La suite de cette Lettre sur l’Inquisition est intéressante, décrivant exactement la manière dont les esprits sont pervertis : « On y pensera au milieu du siècle le plus irreligieux, lorsque personne ne songe à faire des fondations, et que tous les souverains semblent se concerter pour spolier l’Église au lieu de l’enrichir. C’est ainsi que la souveraineté est la dupe éternelle des novateurs, et que les nations se jettent dans l’abîme, en croyant atteindre une amélioration imaginaire, tandis qu’elles ne font que satisfaire les vues intéressées et personnelles de ces hommes téméraires et pervers. La moitié de l’Europe changera de religion pour donner une femme à un prêtre libertin, ou de l’argent à des princes dissipateurs; et cependant le monde ne retentira que des abus de l’Église, de la nécessité d’une réforme et de la pure parole de Dieu. On fera de même des phrases magnifiques contre l’Inquisition, mais cependant les avocats de l’humanité, de la liberté, de la science, de la perfectibilité, etc., ne demandent, dans le fond, pour eux et leurs amis, que la liberté de faire et d’écrire ce qui leur plaît. Des nobles, des riches, des hommes sages de toutes les classes, qui ont tout à perdre et rien à gagner au renversement de l’ordre, séduits par les enchanteurs modernes, s’allient avec ceux dont le plus grand intérêt est de le renverser. Inexplicables complices d’une conjuration dirigée contre eux-mêmes, ils demandent à grands cris pour les coupables la liberté dont ceux-ci ont besoin pour réussir. On les entendra hurler contre les lois pénales, eux en faveur de qui elles sont faites, et qui abhorrent jusqu’à l’ombre des crimes qu’elles menacent. C’est un délire dont il faut être témoin pour le croire, et qu’on voit encore sans le comprendre. » (Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, Lettre VI.)