lundi 8 février 2010

Vérités sociales et erreurs démocratiques.

L'ensemble des richesses matérielles, intellectuelles et morales amassées par le genre humain au cours des siècles forme le trésor actuel de l'humanité, trésor immense, acquis par une somme de travail incommensurable et par un nombre infini d'actes de vertu.

A qui appartient-il ? Et qui a le droit d'en user ?
A cette question, les socialistes, les démocrates et les conservateurs donnent des réponses diverses sinon contradictoires.
La solution n'en peut être trouvée qu'en remontant au premier principe de la raison humaine : le principe de la causalité.

Toute chose appartient à celui qui l'a faite.
C'est le principe qui nous oblige à reconnaître la suprême autorité de Dieu sur nous, à l'adorer, à obéir à ses commandements. C'est le principe qui légitime l'autorité des parents sur leurs enfants. C'est aussi le principe qui me rend le maître de mes oeuvres, sauf réserve des droits de Dieu, cause première de toutes choses. «Le capital, dit M. de Saint-Bonnet, a un père, fils de l'homme, le travail, et une mère, également fille de l'homme, l'économie.» Les laborieux le créent, les vertueux le conservent et les intelligents le font valoir. Il n'est que juste qu'il appartienne à chacun dans la mesure où chacun a contribué à le former.

Or si nous recherchons quels ont été les facteurs de la richesse totale que possède actuellement l'humanité, et par conséquent, quels doivent être ses maîtres, nous trouvons qu'il est en une grande part qu'il faut laisser au genre humain dans son ensemble; mais qu'il est d'autres parts que l'on peut attribuer à telle ou telle nation, telle ou telle famille, telle ou telle personne.
Conformément au principe que nous avons posé, tout homme qui travaille a droit au fruit de son travail; toute famille qui met en réserve les produits de son labeur de ses membres est légitime possesseur de son épargne; toute nation a une patrie qui lui est propre, composée du territoire qu'elle a fécondé des sueurs de ses générations, des institutions qu'elle s'est données et qu'elle a perfectionnées dans le cours des âges. Et, par suite, les nations ont le droit de résister aux envahisseurs; les familles - associations religieuses ou laïques aussi bien que les familles naturelles - ont le droit de résister aux spoliateurs, et les particuliers au vol. C'est la raison qui dit cela, aussi bien que la loi de Dieu, la raison appuyée sur le principe de la causalité et du domaine que la cause acquiert sur l'effet en le produisant.

(pp. 184-185, Vérités sociales et erreurs démocratiques, Mgr Delassus)