mardi 2 février 2010

Le Bouddhisme.

Un effet de mode ?

On pourrait penser de prime abord que le bouddhisme en France est un phénomène de mode tiré par quelque personnalité du show-biz et dont la pratique permet d’afficher une certaine spiritualité - ce qui fait bien - tout en étant à distance du christianisme qui, dans un monde superficiel d’orgueil et de vanité, est perçu comme la dernière des ringardises.

L’apparition du bouddhisme en France date des années trente. C’est en 1924 qu’Alexandra David-Neel parviendra à Lhassa avec un jeune tibétain qui lui servait- de guide et d’interprète, Aphur Yongden - qu’elle adoptera par la suite.
Pour la première fois un occidental pénétrait à Lhassa... et en plus c’était une femme ! L’affaire eu un ressentiment énorme. Toutes les sociétés géographiques du monde saluèrent le succès de cette exploratrice qui fut couverte d’honneurs et de gloire. Alexandra David-Neel, grande orientaliste et grande voyageuse, avait alors la cinquantaine.
De retour en France après avoir poursuivi une longue initiation bouddhique au terme de laquelle Yongden fut nommé rinpoché, elle s’établit dans la région de Digne où elle s’installa dans une villa baptisée Samten-Dzong. C’est là, alors que j’étais très jeune, que j’eus l’occasion de la rencontrer... C’était une très vielle dame - elle mourut à plus de cent ans - qui vivait avec une disciple qui lui servait de gouvernante et de secrétaire.
La mort de son fils adoptif en 1955 l’avait laissée très affectée.
Un premier petit centre bouddhique fut installé près de sa maison.
Dans les années trente également, un auteur américain, Adams Beck, publia un livre qui eut son heure de gloire : Du Cachemire au Tibet, livre étonnant, traduit en 1959, où est raconté l’initiation mystique bouddhique de deux jeunes américains au cours du voyage.
Beaucoup d’intellectuels français en quête de mystique se sont alors tournés vers le monde du bouddhisme.
Aujourd’hui, de nombreux temples parsèment notre pays, rattachés à la Grande Pagode du Bois de Vincennes à travers l’Union Bouddhiste de France, et de nombreux Français, comme d’autres Européens sont ordonnés lamas (bonnets jaunes - rite réformé), ou rinpoché (bonnets rouges - rite ancien) selon l’obédience auxquels ils se rattachent, et également des femmes sont ordonnées nonnes (selon le rite coréen, car c’est le seul qui reconnaît aux femmes la capacité à l’ordination moniale), sans parler des adeptes du Zen japonais, etc.
Le fond du problème reste l’attitude philosophique fondamentale du bouddhisme qui consiste en l’amélioration de l’individu par la maîtrise de l’esprit, non pas à l’image de "Dieu qui l’a créé à son image" - dogme biblique et chrétien - mais à l’image de la vie du Bouddha, prince indien devenu ascète au VIIIe siècle avant notre ère, qui prônait la recherche de la perfection de l’homme au fil du cycle de ses réincarnations.
Il s’agit bien de la foi en l’homme de l’homme "perfecté" par l’homme.
Le bouddhisme apparaît dès lors comme l’arme philosophique la plus redoutable pour lutter contre l’idée de Dieu : Il le supprime de la cosmogonie comme de l’esprit humain et de la conscience.
Il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’un quelconque folklore oriental : la littérature bouddhique (écrite en sanscrit) est considérable, et date pour les premiers livres et les commentaires les plus anciens d’une époque où en Occident on en était à peine aux balbutiements de la littérature grecque... et on ne parlait pas encore de civilisation romaine !
Le bouddhisme, de la Mongolie au Japon, à l’Inde, à la Chine, de la Corée au Vietnam a finalement plus d’adeptes que le christianisme ou l’islam, quoiqu’en disent certains.
Le tort de nombreux occidentaux d’aujourd’hui, pourtant lettrés et érudits, est de négliger ce monde oriental immense et multiple dans sa philosophie et ses civilisations. Ce monde a une vision mystique extraordinairement riche, même s’il échappe totalement à notre conception et à notre mentalité d’occidentaux...
Ce bouddhisme là est très très loin des sympathies de circonstances des occidentaux, bobos ou issus du show-biz, « séduits par les mantras » dans leurs salons feutrés comme des hippies touristes des années 60 !

Saint-Plaix