mercredi 3 février 2010

Maurras.

LES REPONSES DE MAURRAS ET DE L’ACTION FRANÇAISE.

A. Quelques repères importants de la vie de Maurras.

Comme dans chaque vie, il y a des étapes à bien observer pour bien comprendre un homme.

a) Maurras fut élevé chrétiennement, très chrétiennement.

b) Comme tout chrétien, il subit l’épreuve de la seconde conversion, la plus importante, celle du chemin de Damas, celle de la complète conversion. DIEU permit une dure épreuve : la surdité. Malheureusement, au lieu de se soumettre, il se révolta et, par voie de conséquence, il apostasia. Ce ne sera pas la seule révolte de sa vie. Quelle erreur de dire et répéter qu’il est devenu agnostique ! Un chrétien bien formé qui abandonne et rejette sa foi est un apostat .

c) Montant à Paris, il ambitionne une carrière littéraire. C’est alors qu’il est marqué par les fréquentations et les auteurs qui seront ses principaux Maîtres, qu’il ne reniera jamais et qui influenceront toute sa pensée et son enseignement : Taine, Renan (!), Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, et surtout Auguste Comte, son repère philosophique et plus, son Maître dans l’action . Retenons qu’il professe la construction de la cité en dehors de DIEU. C’est l’antithèse du Omnia instaurare in Christo, si cher au Cardinal Pie et que saint Pie X prendra comme drapeau de son Pontificat . Il rédigera alors ses fameux écrits païens, écrits qu’il ne reniera jamais non plus et qu’il fera rééditer toute sa vie. Citons Le chemin de Paradis, Anthinéa, les scandaleux Contes libertins.

d) Puis ce fut sa grande œuvre : la création d’une école de pensée et d’action centrée sur la vie politique, sur une recherche de solution politique au malheur des temps issus de la Révolution. Son combat contre Dreyfus lui avait ouvert les yeux sur la volonté avouée par de nombreux ennemis d'anéantir la France. Il redécouvrit alors les bienfaits de la monarchie. Malheureusement celle qu'il choisit n’est pas la Royauté très chrétienne, et son prétendant est un d’Orléans , successeur de l’ennemi de cette Royauté très chrétienne ! Pour lui, la vraie monarchie ne commence qu'en 987 aux Capétiens. Oubliés, nos premiers rois et omis, le pacte si cher entre saint Remy et Clovis ! Mais surtout, son analyse de la Révolution, trop insuffisante, ne permet pas de tirer une bonne conclusion et de proposer une bonne solution.

Remarquons cependant qu’il sut efficacement s’entourer d’hommes de qualité et eut une action si importante qu’on en parle encore aujourd’hui.

Quel malheur qu’un homme ayant de telles rarissimes qualités de chef ait entraîné tant de monde dans une fausse voie !

e) Ensuite, sa lutte contre le sillonisme lui procura l’estime des catholiques les plus fidèles. Mais en réponse, les modernistes, se fondant sur l’incohérence des auteurs cités plus hauts, commencèrent le siège de Rome pour sa condamnation instruite et conclue sous saint Pie X. Ce fut le fameux damnabiles, sed non damnandos. Le chrétien retient le damnabiles, laissant le non damnandos à la contingence.

f) Lors de la Première Guerre mondiale, il prôna la scandaleuse Union sacrée . Une opposition à la guerre, comme s’apprêtait à la faire saint Pie X (ce qui lui valut en quinze jours une mort rapide très douteuse) nous aurait peut-être évité la boucherie de 14-18 (50 % des jeunes de vingt à trente ans tués ou mutilés), et la disparition du dernier pouvoir catholique, l’empire austro-hongrois, la mise en place de gouvernements occultes dans toute l’Europe et la création de l’intrinséquement pervers système communiste.

g) A la fin de cette guerre, ce fut le célèbre : Prenons le pouvoir même d’une façon légale. Il acceptait le jeu démo(n)cratique et le vote, le seul acte démocratique. En conséquence : il ne pouvait plus combattre la démocratie au niveau des principes. Il batailla seulement contre les mauvais effets du régime.

Telle sera aussi l’erreur de ses successeurs : CRC, Cité Catholique, Action familiale et scolaire , etc. D’une école de pensée, l’A.F. devint un parti, le parti royaliste dans le système démocratique. L’action ne fut que journalistique et inefficace.

h) La solennelle condamnation de 1926 engendra la seconde révolte de Maurras. Un silence chrétien respectueux, une offrande sublimée de l’épreuve (comme l’avait fait Marc Sangnier à son époque) aurait permis une rapide absolution. DIEU merci, cette rébellion l’enferma dans son erreur et interdit la solution monarchique orléaniste, la pire des parodies pour un monarchiste de droit divin. Combien nous louons cette condamnation par la Chaire de Vérité !

i) La levée des condamnations, plus par charité que par justice, décision miséricordieuse, ne lui donne pas raison a posteriori comme voudraient nous le faire croire ses successeurs.

j) De sa conversion finale, au dernier moment, grâce obtenue par de nombreuses prières, qu'en est-il au juste ? S’est-il réellement converti ? La réponse appartient à DIEU. Cette conversion ne justifierait pas toutes les erreurs passées, cependant.

Maurras ne se fête pas le 1er novembre, mais on prie pour lui le 2.

B. Réponses de Maurras à la Révolution.

Qui n’est pas avec Moi est contre Moi Matt. XII, 30.

Tout d’abord, on est loin avec Maurras de l’enjeu si essentiel pour le chrétien. Combat-il pour la vie éternelle ? Pour une société qui aura le souci de la vie éternelle ?

Pour le chrétien, cette question est toujours la question primordiale. Pour le chrétien, c’est le seul point de repère pour juger, accepter ou refuser de suivre un Maître.

Malheureusement, jamais et pour cause, ce ne sera le souci de Maurras. Voilà qui est capital. Ce point seul devrait permettre à tout vrai chrétien de rejeter un tel faux Maître.

Il est évident que Maurras fut attaqué, prit des coups, fut courageux. Ce n’est pas suffisant. D’autres le furent tout autant.

Il est évident que dans les écrits de Maurras, il y a d’excellentes pages. Mais à ces excellentes, s’en ajoutent d’autres bien plus mauvaises. On pourrait dire : ne parlons que des bonnes. C’est justement cet état d’esprit qui est dangereux. Car, qui aura la formation, les connaissances, les lumières suffisantes pour faire un choix indubitable ? A voir le comportement de ses partisans, ce choix est bien difficile à faire sans se tromper.

Si à une bonne bouteille de vieux Bordeaux vous ajoutez 1% d’arsenic, allez-vous parler des 99% de bons ou n’allez-vous pas mettre en garde contre le 1% ?

Il en est de même pour les écrits de Maurras : on est bien obligé de parler des mauvaises pages, des idées mauvaises.

Oui, insuffisantes, tronquées, mutilées surtout dans l’approche surnaturelle, ses analyses éliminent le paramètre diabolique, si bien vu par les auteurs chrétiens.

Oui, ses solutions : monarchie, nationalisme intégral, empirisme organisateur, etc., furent inefficaces, parodie de la solution voulue par DIEU, et pis, font l’affaire de nos adversaires. Réfléchissons.

Du fait de son agnosticisme déclaré , lui manque l’élément primordial : l’ordre surnaturel de ce conflit. CHACUN VOULANT REGNER, c’est donc le conflit entre Notre-Seigneur Jésus-Christ et Satan : à la civilisation chrétienne a succédé le décalogue de Satan, la déclaration des droits de l'Homme. Il se joue entre les disciples de Notre-Seigneur Jésus-Christ et tous les autres. Son centre, le centre du combat est une fois encore Notre-Seigneur Jésus-Christ, non pas cette fois-ci comme Rédempteur du genre humain, mais comme Roi de la société.

Éliminant cette dimension, Maurras ne comprend pas qui est attaqué, ne comprend pas l’ennemi, et en conséquence, il ne peut envisager la véritable solution. La solution n’est pas un roi, n’est pas la monarchie. Elle n’est même pas QUE la monarchie chrétienne. Elle est dans le choix du gouvernant. Pour Maurras, un d’Orléans ! Pour nous, SON Lieutenant . Pour Maurras, un roi choisi par les électeurs, pour nous un roi choisi par Lui, le DIEU Tout-Puissant . Pour nous un chef n’ayant en vue que la gloire de DIEU et le salut de ses sujets, pour Maurras et ses fidèles un roi rétablissant Versailles et qui, comme Louis XIV, n’aura que le souci de sa gloire. Pour nous un roi ayant compris la liturgie du sacre : combattre les ennemis visibles et invisibles de la chrétienté. Et pour Maurras… ?

Maurras a les apparences de la vérité, mais pour un catholique, il a TOUT FAUX. Agnostique, il reste naturaliste : il lui manque l’action principale, l’action décisive, en fait la seule grande action : la prière. Agnostique, il élimine, car il ne la comprend pas, LA VOLONTE DE DIEU : REGNER SUR LA FRANCE ET PAR LA FRANCE SUR LE MONDE. Pis, il refusera cette volonté, il s’en moquera (ta théocratie ! comme me le reprochait avec raillerie un indécrottable maurrassien tordu), il combattra Ses partisans, il cherchera à occulter les écrits des vrais Maîtres, il y parviendra avec les ennemis du nom de chrétien pendant plus de cent ans. (Si l'école maurrassienne est combattue, l’école antilibérale, elle, est occultée, parce que haïe). Quant aux disciples maurrassiens, - bourgeois ou de fausse noblesse souvent ou pis encore, de noblesse d’empire, cette noblesse révolutionnaire -, ils agiront pareillement, même les clercs, même en 2002. Observez, regardez : qui enseigne, diffuse, choisit, fait connaître sérieusement le Cardinal Pie, Mgrs Delassus, Gaume, etc. ? Qui se moque d’eux ? Qui ne les cite jamais ou presque ?

Une fois de plus s’applique la consigne de Notre-Seigneur : Qui n’est pas avec Moi, est contre Moi, Matt. XII, 30.
Faux maître, Maurras ne comprend pas la démonologie et pollue les intelligences, bien souvent, d’une façon irréversible, rendant ses fidèles limités , inintelligents , aveuglés, obstinés dans l’erreur, par manque d’humilité ; avec lui, ces derniers concilient l’erreur et la vérité. Dans ceux, dits catholiques, on ne retrouve que des chrétiens de la deuxième classe d’hommes, "...acharnés à CONCILIER la lumière avec les ténèbres et LA VERITE AVEC L'ERREUR" (Pie IX, 21-5-1874), ceux qui sont parfaits, ceux qui parlent toujours de la faute des autres, ceux qui sont plus attachés aux biens de la terre qu’à leur Foi, ceux qui dans leur Pater, pensent plus à demander à DIEU d'augmenter et protéger leur patrimoine , les gens du : oui, mais…, du : non, peut-être… etc, etc.

Le catholique, ayant compris que la Révolution est un châtiment, cherche à connaître les raisons qui ont mérité une punition aussi grave et qui, plus de 200 ans après, dure encore. Ayant lu le cardinal Pie, Les Pourquoi de la guerre mondiale de Mgr Delassus, il sait ! Il sait quels en sont les responsables : les élites (évêques, rois, noblesse). Il connaît ceux qui ont tout détruit : les ennemis du nom chrétien (voir La conjuration antichrétienne). Il sait qui, seul, restaurera la société chrétienne : Notre-Seigneur Jésus-Christ (voir Théotime, Ayroles, Delassus). Il sait combien il faut demander pardon, combien il faut devenir un vrai chrétien. Il sait que le Règne grandiose du Sacré-Cœur demande des chrétiens soumis à la volonté de DIEU en tout.

En dehors de cela, tout est faux, tout est mensonge. Il y aura quelques vérités éparses, mais mélangées à des erreurs gravissimes. Tout combat s’appuyant sur les hommes, sur un homme, sera vain. Depuis 1789, aucun succès ! Un tel échec devrait faire réfléchir ! Même pas !

Maurras et ses disciples attendent tout des hommes. Donc, ils chercheront le nombre et s’appuieront sur les combinaisons humaines, y compris le vote. Ce vote est le seul acte de la démo(n)cratie. Dans une société en ordre, il n’y avait que le Gouvernant et les gouvernés. La politique, qui constitue la troisième partie de la morale , est l’art de gérer la cité. Cet art, comme tout art, demande une énorme compétence et des grâces spéciales (données par le Sacre). C’est le fait des gouvernants, et d’eux seuls. L’homme est fait pour être gouverné, non pas pour gouverner. L’observation de tous les jours le confirme.

En France, de par la volonté divine, le gouvernant est le roi : un roi choisi par DIEU, un roi de droit divin. L’aristocratie fait exécuter les ordres royaux ; elle est parfois, mais rarement, vraiment gouvernante. Elle est, comme tout le reste de la nation, gouvernée, et tous ne font jamais de politique au sens moderne. Chacun à sa place assume le plus vertueusement possible ses devoirs d’état, personnels, familiaux, sociaux. C’est bien suffisant. La société a fonctionné ainsi pendant 1300 ans environ.
La société chrétienne avait le souci du salut du plus grand nombre. La société moderne fondée sur la démo(n)cratie cherche à damner le plus grand nombre. C’est le dernier souci des maurrassiens.

La Révolution a fait croire - et fait toujours croire - aux gouvernés qu’ils sont devenus gouvernants. C’est la pseudopolitique si bien vue par le Vénérable Holzhauser. Les gouvernés n’ont jamais eu aucun pouvoir, hors celui permis par les loges, mais on les oblige à s’exciter à longueur d’années sur une prise de pouvoir future ou sur une participation à la vie politique. Le seul acte qui leur est imposé, car il n’y en a pas d’autre, est celui de voter . Voter, non pas comme sous la chrétienté pour tel candidat très précis, mais aujourd’hui pour le candidat choisi par un parti, souvent inconnu de l'électeur. Car les gouvernés ont été divisés en parties et les vrais gouvernants, qui sont inconnus et occultes, créent et tiennent chaque partie par des partis. Et les élus sont tenus. Ils obéissent, non pas à leurs électeurs, mais aux chefs de leur parti. S’ils désobéissent, ils n’ont plus l'investiture nécessaire lors de l’élection suivante. Les partis sont, bien sûr, dirigés par les financiers. Ce qui fait que depuis deux cents ans le vote ne sert à rien. Tout est mensonge. Le seul vrai pouvoir est celui des financiers. Le vote n’est qu’une communion au système démo(n)cratique.

Aux arguments de raison, s’ajoute l’argument historique : plus de 200 ans d’échec prouvent qu’en aucun cas la solution ne se trouve dans les urnes. Ce sera pourtant le combat principal des maurrassiens pour rétablir leur d’Orléans (!).

Pire, les esprits sont tellement déformés que des maurrassiens catholiques , veulent faire croire que le pouvoir temporel est le pouvoir des laïcs, et que le pouvoir spirituel est le pouvoir des clercs, alors que le pouvoir temporel est celui du Gouvernant, le Roi, le pouvoir spirituel est celui des évêques unis au Pape. Avec de telles erreurs, d’esprit révolutionnaire, "on" passe son temps à écrire des articles et des livres complètement inutiles. On rentre bien dans le système démo(n)cratique moderne qui oblige à ne penser qu’à cette inversion : de gouvernés devenir des gouvernants. C’est la pseudopolitique : bêtise et orgueil.

De tels esprits, fidèles maurrassiens, en arriveront à écrire des blasphèmes comme : la Révolution n'a pas TROUVE DE PLUS GRANDS ALLIES DEPUIS DEUX SIECLES QUE LES HOMMES D'ÉGLISE, Y COMPRIS CERTAINS PAPES, de par leurs erreurs politiques, et leurs interventions dans ce domaine, concrétisées par des successions de ralliements . C’est inique !

Qui n’est pas avec Moi est contre Moi (Matt, XII, 30). Avec Maurras, on n’est pas pour le Règne du Sacré-Cœur, on est même un obstacle à ce Règne. A chacun son choix !

Analysons plus en détail, au risque de nous répéter, les principaux choix de Maurras.
1° Sa monarchie : un d’Orléans. Cinq remarques :

a) Qui choisit le prétendant ? Maurras. Nous sommes dans le système révolutionnaire, où le gouverné choisit le gouvernant. Les troupes doivent suivre le prétendant choisi par Monsieur Maurras.

b) Un d’Orléans ! un d’Orléans ? un descendant de celui qui a voté la mort du Lieutenant de DIEU, le seul qui a fait frémir toute l’Assemblée quand il a voté la mort. Quel blasphème ! quelle parodie ! Cela seul suffirait à vomir Maurras.

c) Et cette monarchie, est-ce bien la monarchie très chrétienne, seule admissible pour un vrai chrétien français ? Est-ce bien un Lieutenant du Christ que l’on veut voir régner ?

On est obligé de constater que si, pour nous, un auteur comme le Marquis de La Franquerie est la référence par son ouvrage La Mission Divine de la France , les maurrassiens non seulement évitent de citer et l’auteur et le livre, mais, comme nous l’avons maintes fois constaté, ne cachent pas en privé le mépris qu'ils en ont.

d) Et cette victoire monarchique doit être acquise par le parti fondé par Maurras, par les moyens démocratiques. Finalement, l’A.F., c’est le parti royaliste dans le système démo(n)cratique.

e) Souvent, surtout aujourd’hui, les troupes qui défendent Maurras sont non des serviteurs des serviteurs de DIEU, mais des personnages hautains, méprisants, prétentieux, suffisants, arrogants, dédaigneux, insolents, souvent de fausse noblesse, libéraux, mondains, bourgeois, plus attachés à leur patrimoine et à leurs prétentions, fondées ou non, qu’aux devoirs chrétiens. Quelques braves types donnent le change, mais la clientèle générale, identique à celle des châtelains du XVIIIè, ne rêve que de retrouver des châteaux et des honneurs.

2° Son "nationalisme intégral" . Créé par la Révolution (cf. le Robert), ce mot recouvre une idée révolutionnaire. Le nationalisme s’oppose par principe à l’idée même de chrétienté. Il a son origine dans le gallicanisme qui voyait dans le Pape un étranger, chef des États de l’Eglise. Pour nous, nous préférons le mot de Patrie dans lequel il y a la notion de Père, le vrai Père étant DIEU et le père apparent étant Son LieuTenant, le roi. S’il y a Père, il y a fils et frères. Le lien est donc la charité et l’amour. Dans une société en ordre ce n’est pas l’individu qui existe, mais des frères d’une même famille avec un seul Père aimé et servi.

Cette approche sociale profondément chrétienne n’est pas celle de Maurras. Elle dépasse les limites de la nation car tous les convertis de n’importe quel pays du monde, de n’importe quelle langue, étant Fils de ce Père, sont concernés. Ne disait-on pas autrefois que les étrangers ont deux patries : la leur et la France ? Est-ce possible avec le parti de l’A.F. ?

3° "L’empirisme organisateur". Les chrétiens préfèrent le réalisme thomiste . Comment peut-on avoir le sens complet de l’expérience en éliminant le paramètre essentiel et primordial du surnaturel ? On ne peut avoir qu’une vue superficielle des événements et des hommes. Les gens de l’A.F. sont limités, mutilés dans leurs observations. Ils ramènent tout à quelques discours, toujours les mêmes.

Cet empirisme naturaliste pollue gravement les intelligences, car il a pour conséquence de penser à la monarchie (et même parfois à la seule bonne) et en même temps de communier au système révolutionnaire par le vote, donc d’être double, ce que DIEU honnit le plus. On voit de nos jours les "traditionalistes" défendre la monarchie et dans le même temps voter Le Pen. On n’a rien compris. On aboutit toujours (depuis plus de cent ans, on a l’expérience et on devrait en tirer les conclusions) à des défaites électorales magistrales et on souille les intelligences, on les infecte du virus révolutionnaire. De génération en génération, on forme des chrétiens de plus en plus révolutionnaires. Avec Maurras trois générations furent perdues, avec Le Pen une de plus.

4° "Pays légal, pays réel" ; là encore, fausse approche. Il y a les vrais chrétiens et les autres. Voilà les deux camps. L'idée même du concept "pays légal et pays réel", est une chimère, une idée de style Signe de Piste.

5° "Politique d’abord". Non. La politique n'est pas l'affaire du commun des hommes. La politique est un art qui demande des artistes particulièrement doués. Et ces artistes n’ont pas besoin d’être nombreux. Un seul suffit, mais… choisi par DIEU. Il faut le Lui demander, Le supplier, et donc prières d’abord, prières conformes à la volonté de DIEU, tout le reste étant donné par surcroît.

6° "Réforme intellectuelle et morale". Mais où va-t-on la chercher : un peu dans l’Eglise ; pas trop quand même puisqu’on accepte toutes les religions ; un peu partout pour le reste : Taine, Renan (!), Nietzsche (!), Stendhal, Proudhon, Auguste Comte, etc. mélangés au Syllabus… N’importe qui, n’importe quoi.

7° Ses ennemis : les "quatre états confédérés". Et Satan ?

Je répète : Et Satan ? Le seul, le véritable ennemi. Les autres ennemis ne peuvent être compris sans leurs attaches et soumissions à leur chef. Le combat qui ne se situe pas au niveau naturel, mais au niveau surnaturel, requiert la vie intérieure, l'état de grâce donc la prière, la réception des sacrements. Ce n’est ni la science, ni la réflexion qui priment, c’est la méditation.
8° Son état-major : (relire son collaborateur le plus efficace, Louis Dimier ) quelques très rares bons catholiques, mélangés à de faux nobles, à des agnostiques, à des viveurs, à des athées, à des mondains et surtout à des libéraux. Je le répète, beaucoup de ses disciples sont des libéraux, mêlant l’erreur et la vérité, et c’est ce que Notre-Seigneur supporte le moins.

9° Sa clientèle : peu de lecteurs sérieux. Demandez à un maurrassien s’il a quelques œuvres de Maurras. Il sera très fier de dire oui. Demandez-lui quelques minutes après ce qu’il a lu de Maurras, vous découvrirez qu’il n’en a rien lu ou presque. La plupart des partisans ne lisent que des articles et causent, surtout. Comme les révolutionnaires, ils pensent que dire c’est faire. Observez leurs œuvres : elles ne vont pas bien loin.

Les quelques élites qui ont un peu plus travaillé étalent leurs prétentions, leur arrogance qui devient vite leur seule défense quand ils sont en présence de ceux qui ont vraiment travaillé. Ils esquivent alors très vite ces derniers.

10° Son mot d’ordre après 1918 : Prenons le pouvoir même d’une façon légale.

Maurras rentrait par le vote, le seul acte démo(n)cratique, dans le système révolutionnaire. Il ne combattait plus, n'attaquait plus la démocratie à laquelle il se ralliait. L'arrêt d'un vrai combat était définitif. C’était accepter les règles du jeu imposées par la Révolution, devenir par un parti (le parti royaliste) une partie du système. C’était accepter le mensonge démo(n)cratique. C’était rentrer dans le camp de l’adversaire, le menteur et le Père du mensonge (Jean, VIII, 44).

C’était surtout refuser le plan de DIEU enseigné par les vrais contre-révolutionnaires. C’était polluer les intelligences, et si gravement, que ceux qui ont communié par le vote au système, n’en comprennent plus la nocivité. On observe qu’une telle démarche est en général irréversible.
Oui, l’intelligence est pervertie, car l’homme perd son unité, il devient double . Il se veut contre-révolutionnaire et il accepte le jeu révolutionnaire ; il se veut antidémocrate et participe au seul acte de la démocratie, le vote ; il se veut chrétien et il s’interdit d’appliquer ce que Jésus-Christ veut ; il se veut catholique et il participe par la vie politique, élément lié à la morale (la troisième partie de la morale), avec pour chefs des agnostiques, des athées, des libéraux ; il est obligé de mutiler son sens religieux pour accepter l’union sacrée.

Les autres, particulièrement les républicains, agissent de même, mais, la nouveauté, c’est que maintenant ceux qui se veulent les meilleurs catholiques composent eux aussi avec le système. La sanction est souvent la même : la Foi devient seconde et n’est pas transmise dans toute sa pureté à la génération suivante. Remarquez combien les descendants des vieilles familles maurrassiennes ont perdu la Foi et militent dans n’importe quel mouvement politique.

11° Cette perversion contre l’unité de l’être a pour conséquence de ne pas être oui, oui - non, non, mais oui, peut-être - non, mais. Ces êtres ne savent pas appliquer le principe fondamental de la philosophie : le principe de non-contradiction . Ils ne peuvent avoir une notion pleine et fidèle de la Vérité. Il y a toujours chez eux un mélange d’éléments contradictoires, aussi bien dans la pensée que dans l’action. L’approche maurrassienne fabrique des générations de personnes incapables même de saisir la Vérité .
12° La contrefaçon du message et de l’enseignement de Jeanne d’Arc, si importants de leçons pour les bons combattants des ennemis du nom chrétien. Le Père Ayroles, historien de la cause de canonisation, l’avait prévu et prédit. Jeanne, c’est l’envoyée du ciel pour obtenir que Jésus-Christ soit roi de France. L’A.F. en fera seulement une sainte libératrice au service de la cause nationaliste.

13° Enfin, l'élimination du règne de Miséricorde, le Règne du Sacré-Coeur. Avec Maurras nous irons jusqu’au bout du désespoir et de la violence. Il ne dira ni ne répétera jamais que Quand DIEU ne règne pas par les bienfaits de Sa présence, Il règne par les méfaits de Son absence.

On comprend pourquoi l’abbé Augustin Lémann, dans Le dénouement de la persécution, en 1886, annonce qu’un petit nombre, un tout petit nombre, ne trahira pas, restera fidèle. Seuls ceux qui refusent tout libéralisme, tout compromis, à l’exemple de notre Reine et de notre Roi, peuvent comprendre.

LE BILAN :

Maurras et l’A.F. école de pensée ?
Maurras et l’A.F. école d’action ?

Non et NON.

Le bilan est négatif. Il n’a pas fait reculer la Révolution d’un pouce. Il y a même coopéré en étant une fausse antithèse. La Révolution a besoin d’une opposition connue, tenue, stérile, pour faire avancer ses plans. Maurras n’a pas formé de vrais contre-révolutionnaires. Il a même occulté, caché, étouffé, les vrais anti-révolutionnaires, les vrais antilibéraux, l’école antilibérale. Ou il récupère les jeunes générations qui se devraient d’être catholiques ou il les annihile. Soulignons qu’il en est de même aujourd’hui.

Il faut de vrais chrétiens, ni mous ni doubles, et seulement de vrais chrétiens pour combattre et vaincre la Révolution satanique, des chrétiens qui comprennent cet enseignement de l’Évangile s’appliquant particulièrement à Maurras :

Nul ne peut servir deux Maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Matth. VI, 24.

Nous avons trop souvent observé chez les maurrassiens catholiques (?) un attachement désordonné à Maurras et un mépris (transformé en haine chez les maurrassiens non catholiques) pour tout opposant à Maurras. Il n’y a qu’une explication : ce passage de l’Évangile. Sachons en tirer la leçon.

Louis-Hubert Remy