mardi 2 février 2010

L'Eglise et la Maçonnerie - 2.

De même que l’Église catholique est l’organisme universellement chargé d’apporter l’Évangile à l’humanité, la franc-maçonnerie est l’organisme s’efforçant de priver du Christ les âmes et les sociétés. Le danger est si grand que dans une lettre de 1892 au peuple italien, le pape Léon XIII avertissait les catholiques qu’ils devaient éviter la franc-maçonnerie, sous peine de « rester séparés de la communion chrétienne et de perdre leur âme maintenant et pour l’éternité » (cité par Fisher, p. 58) ; c’est lui qui souligne). Dix ans après, il déclarait : « La franc-maçonnerie est la personnification permanente de la Révolution [c’est-à-dire la Révolution française – JKW], dont l’unique raison d’être est de faire la guerre à Dieu et à Son Église » (cité par de Poncins, p. 45).

Si la franc-maçonnerie a été un combattant aussi formidable, cela tient à deux raisons. D’abord, loin d’être une simple hérésie, elle est un ensemble complexe d’hérésies qui a réussi à rassembler les forces anticatholiques du monde entier pour les amener à lutter ensemble contre le Christ et Son Église. (Malheureusement, beaucoup de dirigeants catholiques laïcs – ainsi que pas mal d’évêques et de prêtres – ont contribué à la recherche de cet objectif en ignorant les plaidoyers répétés des papes pour que la peste maçonnique soit éradiquée de leurs terres.) Ensuite, fidèle en cela à son secret, la franc-maçonnerie ne s’est pas contentée d’attaquer ouvertement et de manière sanglante l’Église et l’ordre social chrétien, mais avec une ruse infernale, elle a conçu le dessein de pénétrer l’Église et de la détruire de l’intérieur en lui faisant poursuivre sans le savoir (sur le biais d’infiltrés ecclésiastiques ou de leurs dupes) la réalisation de son plan antichrétien.

Il existe bien des preuves de ce complot, qui remonte à avant la révolution de 1789 en France. La place nous manque pour le démontrer intégralement, mais les lecteurs intéressés trouveront près de cinquante pages de preuves dans « The Bugnini File » (le dossier Bugnini), publié dans l’édition de mars-avril 1993 de Catholic Restauration [disponible en ligne (en version PDF) sur le site Internet www.novusordowatch.org/bugnini.pdf]. Aux alentours de 1908, la franc-maçonnerie déclarait : « Le but n’est plus de détruire l’Église, mais plutôt de se servir d’elle en l’infiltrant » (cité par Michael Davies, Pope John’s Council, Vol. 2 : Liturgical Revolution, Angelus Press, 1977, p. 165). Un siècle auparavant (en 1806), un pieux prêtre « papiste », l’abbé Augustin Barruel, qui avait émigré de France pendant la révolution, communiqua au pape Pie VII les conclusions alarmantes tirées de ses contacts avec un ancien franc-maçon italien. Sa Sainteté, constatant la nécessité d’en avertir les fidèles, ordonna la publication d’une analyse, dans laquelle on peut lire ceci : « Sur notre propre sol italien, ils [les francs-maçons – JKW] ont déjà recruté comme membres plus de 800 ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, parmi lesquels de nombreux prêtres, professeurs, prélats, ainsi que certains évêques et cardinaux… » (cité par Arriaga, p. 394) [c’est nous qui soulignons].

Cette infiltration massive s’est produite un siècle avant que le pape saint Pie X ne se plaignît, dans son encyclique Pascendi, du nombre « de prêtres, qui [sont] imprégnés […] jusqu’aux moelles d’un venir d’erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique », et plus d’un siècle et demi avant la révolution de Vatican II ! En 1819, la Haute Vente (Alta Vendita) – organe directeur des loges maçonniques d’Europe – adopta un rapport interne, l’Instruction permanente, qui soulignait les moyens à employer dans la poursuite de ses desseins subversifs. L’existence du rapport en question ne fut dévoilée qu’en 1846, une fois ce dernier publié avec l’autorisation du pape Pie IX après perquisition des bureaux de la secte par le gouvernement pontifical.

On n’y trouve rien de moins qu’un plan de bataille en vue de la victoire de la Franc-maçonnerie sur l’Église : « la destruction définitive du Catholicisme, et même de l’idée Chrétienne » (cité par Cahill, p. 101). Les méthodes prévues pour y parvenir sont les suivantes : installation dans l’Église d’une « tête de pont » composée d’agents infiltrés ; campagnes de diffamation menées par ceux-ci contre tout fidèle – en particulier s’il est membre du clergé – connu pour s’opposer à la Franc-maçonnerie ; corruption des prêtres par les éléments infiltrés, en vue de la corruption des laïcs ; engagement de rester en place aussi longtemps que possible « afin de porter l’Église dans la tombe » (voir Cahill, p. 101 et 103, et Monsignor George F. Dillon, D.D., Grand Orient Masonry Unmasked, Briton éd., 1965, p. 89 et 90, 93 et 94). Selon la Haute Vente, la clé du succès tenait à ce que ses agents soient capable de feindre la piété et l’orthodoxie en vue de gagner la confiance, voire la haute estime des catholiques ! Cette admiration déplacée, enseignait-elle, serait le commencement de la fin de l’Église catholique, car :
« Cette réputation donnera accès à nos doctrines au sein du jeune clergé, comme au fond des couvents. Dans quelques années, ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions : il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain, il sera appelé à choisir le pontife qui doit régner, et ce Pontife, comme la plupart de ses contemporains, sera plus ou moins imbu des principes italiens et humanitaires que nous allons commencer à mettre en circulation […] Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des Clefs apostoliques. Tendez vos filets comme Simon-Barjona ; tendez-les au fond des sacristies, des séminaires et des couvents plutôt qu’au fond de la mer ; et, si vous ne précipitez rien, nous vous promettons une pêche plus miraculeuse que la sienne […] Vous aurez prêché une révolution en tiare et en chape, marchant avec la croix et la bannière, une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu aux quatre coins du monde. » (Cité par Dillon, p. 94.)

Cette infiltration était censée durer cinquante ans, cent ans ou davantage, aussi longtemps qu’il faudrait pour créer une nouvelle « Église catholique », une église à l’ignoble image de la franc-maçonnerie.

John-Kenneth Weiskittle