samedi 23 janvier 2010

La Bulle de Paul IV.

Le 23 mai 1555, en pleine crise protestante, le Sacré Collège porte au Souverain Pontificat le Cardinal Jean-Pierre Carafa. C'est un Religieux à la volonté de fer, au sacerdoce d'une pureté angélique, un prélat savant et énergique à souhait. Il va incarner dans sa personne et son gouvernement la Contre-Réforme catholique en face des hérésies de Luther. Il coiffe la tiare sous le non de Paul IV. Le 15 février 1559, il publie la Bulle " Cum ex Apostolatus " qui, dans une fidélité absolue à la tradition, fixe à jamais les règles canoniques qui permettent de discerner le prélat légitime de l'intrus. Deux principes dominent le texte dont nous reproduisons l'essentiel ci-dessous, à savoir :

Si le Pape ne peut être jugé par aucun tribunal humain, on DOIT cependant " le contredire s'il dévie dans les matières de FOI " ; Si le Souverain Pontife lui-même a, avant son élection au trône de Saint Pierre, dévié dans la FOI, ou est tombé dans l'hérésie," son ELECTION EST NULLE, SANS VALEUR ET NON AVENUE. son pontificat ne peut être tenu comme légitime, en aucun de ses actes ". Voici la traduction des passages essentiels de la Bulle : § 1 - Nous considérons la situation actuelle assez grave pour que le Pontife romain, Vicaire de Dieu sur la terre, revêtu de la plénitude du pouvoir sur les nations et les royaumes, juge de tous les hommes et ne pouvant être jugé lui-même en ce monde par personne, puisse toutefois être CONTREDIT s'il DÉVIE DANS LA FOI.

§ 6 - Si jamais un jour il apparaissait qu'un évêque, faisant même fonction d'Archevêque, de Patriarche ou de Prélat ; qu'un cardinal de l'Église romaine, même Légat ; qu'un SOUVERAIN PONTIFE, lui-même, AVANT sa promotion et élévation au cardinalat ou au Souverain Pontificat, déviant de la Foi Catholique, soit tombé en quelque hérésie, sa Promotion ou Elévation, même si elle a eu lieu dans la CONCORDE et avec L'ASSENTIMENT UNANIME des cardinaux, EST NULLE, SANS VALEUR, NON AVENUE. Son entrée en charge, gouvernement, administration, TOUT DEVRA ÊTRE TENU POUR ILLÉGITIME.

S'il s'agit du Souverain Pontife, on ne pourra prétendre que son intronisation, l'agenouillement devant lui, l'obéissance à lui jurée, même une courte durée de règne, que tout cela a convalidé son pontificat ; car celui-ci ne peut être tenu pour légitime en aucun de ses actes. De tels hommes, évêques, archevêques, patriarches, primats, cardinaux ou même SOUVERAIN PONTIFE, ne peuvent être censé avoir reçu ou pouvoir recevoir AUCUN DROIT, ni dans le domaine spirituel, ni dans le domaine temporel. Toutes leurs paroles, faits et gestes, toute leur administration, tout est dénué de valeur, et ne confère par conséquent AUCUNE AUTORITÉ, AUCUN DROIT A PERSONNE. Ces hommes ainsi promus seront donc, sans besoin d'aucune déclaration ultérieure, privés par le fait même de toute dignité, place, honneur, titre, fonction, et pouvoir.

Le Pape Paul IV déclare que sa Bulle sera valable à perpétuité, qu'elle est promulguée en vertu de son pouvoir apostolique. Les mots dont il se sert sont précis, et ne laissent aucune place à l'équivoque. Les voici : " Nous décidons, statuons, décrétons et définissons ". De plus, il n'invente rien. Il est en accord avec la tradition constante de l'Église et en accord parfait avec l'Évangile. Jésus, en effet, a établi Pierre chef de son Église seulement après lui avoir fait confesser sa FOI en ces termes : " Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant " ( Math. XV, 13-19 ). Et ce n'est qu'après cet acte solennel qu'il devient le fondement inébranlable de l'Église et reçoit le pouvoir des Clefs. Ajoutons qu'il serait illogique et indigne de Dieu de supposer que Celui qui dit à saint Jean " être venu pour donner sa vie pour ses brebis " les livres " au voleur "( Jean. X, 10), c'est-à-dire, pour parler clairement : à l'Hérétique, au Démagogue, qui se fait ovationner par des foules dépourvues de sens religieux, qui se coudoie avec les Ennemis de la Foi catholique, fréquente leurs temples ou leurs synagogues...Et pourtant, Pie IX a découvert dans les documents qu'il fit saisir dans les Loges, que c'était d'un tel pape que rêvait la Maçonnerie, pour ruiner l'Église catholique. Heureusement, Dieu donna à son fidèle serviteur Paul IV une science prophétique qui lui fit écrire un texte qui empêche à jamais pareil malheur, car il dégage les Fidèles de l'obéissance à un Pontife qui n'est pas en communion de Foi avec son Maître, Notre Seigneur Jésus-Christ.

Saint Pie X avait inséré cette bulle dans le corps même du Code du Droit canonique. La mort le surprit avant qu'il n'ait pu le publier. Ce fut son successeur Benoît XV qui fit cette promulgation. Mais, dans l'ombre du pape, le cardinal Gaspari, imbu de l'esprit de Rampolla retira, avant la publication, du corps des lois canoniques la Bulle de Paul IV et la plaça dans le corps des lieux canoniques. Substitution gravissime, dont la confidence m'a été faite par un Prélat du Vatican... C'est un acte de forfaiture. Mais un acte parfaitement nul en droit puisque, nous le redisons, la bulle est quand même placée dans le corps des lieux canoniques. Mais si l'effet juridique est nul, l'effet psychologique fut et demeure réel chez ceux qui connaissent peu ou pas le droit canonique. Ajoutons que pour qu'une loi dans l'Église soit supprimée, il faut qu'un document le déclare expressément. Cela ressort des 30 premiers chapitres du Code publié par Benoît XV. Or, aucun document officiel ne supprima la Bulle de Paul IV.






Texte intégral :

§ 5. - En outre, quiconque prendra sur lui, sciemment et de quelque maniére que ce soit, d'accueillir, défendre, favoriser ou croire les coupables arrêtés sur aveux ou preuves d'hérésie, ou encore d'enseigner leurs erreurs, celui-là encourra, du fait même, une sentence d'excommunication. Il deviendra hors la loi : il ne pourra participer ni oralement, ni en acte, ni par écrit, ni par délégation ou procuration, aux fonctions publiques ou privées, Conseils, Synodes, Concile général ou provincial, Conclave des Cardinaux, assemblée des fidéles, élections, témoignage en justice. Il n'y sera point admis.
De plus, il sera inapte à tester, à hériter et personne ne sera contraint de répondre pour lui en aucune affaire. S'il est juge, ses sentences n'auront aucune valeur et nulle cause ne pourra être soumise à son jugement ; s'il est avocat, son patronage ne sera nullement accepté ; s'il est notaire, ses actes n'auront aucune portée, aucune importance.
De plus, les clercs seront privés de toutes et chacune de leurs églises, même cathédrales, métropolitaines, patriarcales et primatiales, de leurs dignités, de leurs monastéres, de leurs bénéfices et fonctions ecclésiastiques, même obtenus, comme il est dit, réguliérement. Eux-mêmes, comme les laïcs, bien que revêtus réguliérement des dignités susdites, seront privés, même en possession réguliére, ipso facto, de tout royaume, duché, domaine, fief et autres biens temporels ; leurs royaumes, duchés, domaines, fiefs et autres biens de cette sorte seront confisqués et deviendront propriété publique ; de droit, ils appartiendront au premier acquéreur si celui-ci, avec une foi sincére, se trouve uni à la sainte Eglise romaine, sous notre obédience ou celle de nos successeurs, les Pontifes romains canoniquement élus.

§ 6. - Nous ajoutons que si jamais il advient qu'un Évêque, même ayant fonction d'Archevêques, de Patriarche ou de Primat ; qu'un Cardinal de l'Eglise romaine, même Légat, qu'un Souverain Pontife même, avant leur promotion ou leur élévation au Cardinalat ou au Souverain Pontificat, ont dévié de la foi catholique ou sont tombés dans quelque hérésie, la promotion ou l'élévation - même si cette derniére a eu lieu dans l'entente et avec l'assentiment unanime de tous les Cardinaux - est nulle, non avenue, sans valeur et on ne pourra dire qu'elle est devenue valide ou qu'elle devient valide parce que l'intéressé accepte la charge, reçoit la consécration ou ensuite entre en possession ou quasi-possession du gouvernement et de l'administration, ou par l'intronisation du Pontife romain lui-même ou par l'adoration* devant lui ou par la prestation d'obéissance à lui rendue par tous ou par quelque laps de temps écoulé pour ces actes : on ne pourra la tenir pour légitime en aucune de ses parties et elle ne confére ni ne peut être censée conférer quelque pouvoir d'administration au spirituel ou au temporel à de tels hommes promus Evêques, Archevêques, Patriarches ou Primats, ou élevés au Cardinalat ou au Souverain Pontificat.
Tous leurs dits, faits et gestes, leur administration et tout ce qui en découle, tout est sans valeur et ne confére aucune autorité, aucun droit à personne. Ces hommes ainsi promus et élevés seront par le fait même, sans qu'il faille quelque déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité, fonction et pouvoir, même si tous et chacun de ces hommes n'a dévié de la foi, tombant dans la schisme ou l'hérésie, qu'aprés son élection, soit en le suscitant, soit en l'embrassant.

§.7. - Les sujets tant clercs séculiers et réguliers que laïcs, y compris les Cardinaux qui auraient participé à l'élection du Pontife romain déjà hors de la foi catholique par hérésie ou schisme, ou qui y auraient consenti et qui lui auraient accordé l'obéissance et fait hommage ; le personnel du Palais, les préfets, capitaines et autres officiers de notre Ville-Mére et de tout l'Etat ecclésiastique ; ceux qui se seraient liés et obligés par hommage, serment, engagement envers ces hommes promus et élevés pourront toujours se dégager impunément de l'obéissance et du service envers eux et les éviter comme des magiciens, païens, publicains, hérésiarques ; ces mêmes sujets pourront néanmoins demeurer attachés à la fidélité et à l'obéissance des futurs Évêques, Archevêques, Patriarches, Primats, Cardinaux et du Pontife romain entrant canoniquement en fonction : s'ils veulent continuer à gouverner et à administrer, pour une plus grande confusion de ces hommes ainsi promus et élevés, ils pourront faire appel contre eux au bras séculier et si à cette occasion ils se retirent de la fidélité et de l'obéissance envers ces hommes promus et élevés, ils n'encourront pas, comme ceux qui déchirent la tunique du Seigneur, la vengeance de quelque peine ou censure.