mardi 26 janvier 2010

La Bretagne catholique.

L’abbé Perrot , fondateur du Bleun-Brug

A la suite des travaux littéraires de Le Gonidec, de la Villemarqué et de la publication d’ouvrages sur l’Histoire de Bretagne comme ceux de Rojou, de Pitre-Chevalier et plus tard, de ceux de la Borderie, des Bretons voulant sauver le patrimoine culturel de leur pays, fondèrent diverses associations.

L’Association Bretonne est le plus ancien de ces groupements. Vinrent ensuite l’Union Régionaliste Bretonne, le Collège Bardique, la Fédération Régionaliste Bretonne. Ces Associations recrutaient leurs membres surtout dans les milieux aristocratiques ou bourgeois et parmi les intellectuels. La plupart des membres de ces associations étaient catholiques, mais les manifestations de ces groupements n’avaient pas un caractère religieux assez accentué. Le Gorsedd des Bardes affichait un éclectisme religieux dangereux pour la foi des participants.

Ces Associations Bretonnes élitistes ne touchaient pas le peuple, c’est pourquoi l’ennemi de la culture bretonne ne s’est pas trop ému au vu de leurs activités. Il en alla tout autrement lorsque l’abbé Perrot prit les choses en main pour sauver la langue bretonne, dernier rempart de la Foi contre les idées laïques françaises. L’abbé commença par fonder des cercles d’études sur l’histoire de la Bretagne dans sa paroisse et un théâtre tout en breton, bien évidemment. Cela marchait fort bien et l’abbé voulut étendre cette expérience si positive à toute la Bretagne.

L’année 1905 vit la naissance du premier Bleun-Brug au château de Kerjean, propriété du comte de Coat goureden, manifestation bénite et encouragée par Mgr Duparc, l’évêque de Quimper et par Albert de Mun, député du Finistère. Pourquoi le nom de Bleun-Brug, Fleur de Bruyère, donné à cette fête ? « Parce que, répondait l’abbé Perrot, cette plante symbolise la ténacité de la race bretonne. »

Le programme du Bleun-Brug était le suivant :
Défendre les plus essentielles traditions de la Bretagne catholique, maintenir la langue bretonne, soutenir le renouveau littéraire, revendiquer pour la Bretagne le plein exercices de ses droits en matière culturelle et linguistique et en matière d’enseignement. »

Jusqu’à la guerre 1914-18, le Bleun-Brug tint ses assises dans le pays du Léon. Après la guerre, il devint itinérant à travers la Bretagne. Les réunions annuelles étaient fixées au début de septembre : elles comprenaient une journée d’études et une journée de concours de chorales et de déclamation. Durant la deuxième journée, il y avait une grand’messe avec un sermon en breton. L’après-midi, avaient lieu un cortège et une pièce de théâtre. Chaque année verra un grand personnage historique de la Bretagne représenté sur le théâtre et dans le cortège.

L’esprit des Congrès du Bleun-Brug

Le Bleun-Brug de Lesneven, en 1923, fut un de ceux qui marquèrent le plus l’orientation de ses membres dans le sens des revendications bretonnes. On y avait célébré le Ve centenaire de la fondation de la Collégiale du Folgoat par le duc de Bretagne Jean V. Un cortège historique avait réveillé la gloire du passé. Le bon chanoine Abgrall qui assistait à la messe devant la Cour ducale reconstituée pour l’occasion, ne pouvait cacher son émotion.

L’abbé Perrot voulait un mouvement culturel breton d’inspiration nettement religieuse. Ce sont les saints, disait-il, qui ont formé l’âme de la Bretagne : il n’y aura donc de véritable restauration bretonne que si elle s’appuie sur la Foi catholique. D’autre part, la Bretagne ne pourra rester elle-même que si la tradition bretonne est maintenue, que si la langue est enseignée, que si les bretons aiment et connaissent l’histoire de leur pays, que s’ils sont décidés à maintenir l’esprit breton.

Et vous, chers amis, voulez-vous maintenir l’esprit breton ?

L’abbé Perrot savait le danger qui menaçait la Bretagne : la perte de l’identité catholique et de l’originalité bretonne. C’est pourquoi l’abbé Perrot s’est toujours distingué des mouvements séparatistes païens, comme Breiz Atao, par exemple, créé après la guerre 14-18. Dans ce but, il demanda à Yves Le Moal, président du Bleun-Brug, et ami de l’évêque de Saint-Brieuc, d’exposer les principes d’une action nationaliste bretonne d’inspiration catholique. Y. Le Moal publia dans le Feiz ha Breiz de 1923, une série d’articles sous la rubrique « La Bretagne et son avenir ». Le Moal y soutenait que la Bretagne pouvait légitimement, en vertu du Traité d’Union de 1532, et à cause de ses caractères distinctifs, aspirer à une large autonomie tout en faisant partie de l’État Français.

Dans une lettre à Mgr Duparc datée du 12/12/23, l’abbé Perrot expose bien le problème :

« La Bretagne s’est unie à la France, mais elle ne s’est pas suicidée pour cela. Elle vit toujours et ses enfants ne doivent jamais l’oublier. Ne disait-on pas jadis, que l’on était doublement français dès lors que l’on était breton ? Pourquoi les bretons ne pourraient-ils pas aussi bien dire que l’union de la Bretagne à la France, au lieu d’étouffer en eux le sens inné du patriotisme, n’a fait que l’ennoblir ? …

Au Feiz ha Breiz nous ne séparons rien, ni la Foi de la Bretagne, ni la Bretagne de la Foi, ni la Bretagne de la France. Nous voulons entre elles l’union la plus étroite, faite de justice et de charité et qu’on les aime et qu’on les serve dans la mesure où elles doivent être aimées et servies. »

Statuts du Bleun-Brug rédigés à Guingamp le 21 avril 1925
Extrait :

« Article II : L’Association a deux buts distincts, mais inséparables :
a) en tant que bretonne, elle a pour but de promouvoir l’idéal breton dans le triple domaine intellectuel, politique et économique.
b) En tant que catholique, de contribuer à rendre à la Bretagne, le plein exercice de sa foi traditionnelle, cela afin qu’elle devienne, par le rayonnement total de sa personnalité, un instrument de salut pour ses fils et un agent de civilisation dans le monde. »

L’abbé Perrot, directeur du Feiz ha Breiz

Le Feiz ha Breiz était une revue bretonne fondée en 1865 par l’abbé Gabriel Morvan, dans un but d’apostolat religieux. Cette revue hebdomadaire disparut en 1884.Le 25 mai 1899 eut lieu à Landerneau une réunion de prêtres et de laïques désireux de ressusciter le Feiz ha Breiz pour en faire un organe culturel breton. Ils créèrent un bureau permanent qui fit cette déclaration :

Depuis quelques temps, on demandait à grands cris qu’il fut fait quelque chose pour la langue bretonne qui courait de grands risques, au détriment de la foi et du bien de ceux qui la parlent.

C’est pour satisfaire à ce besoin qui se faisait sentir que des hommes de bonne volonté se sont réunis à Landerneau, le 25 mai dernier et ont fondé une œuvre pour la préservation et la diffusion du breton dans le diocèse de Quimper et de Léon. Le triple but de l’œuvre est :

1° l’introduction dans les écoles de l’étude du français à l’aide du breton
2° la composition de livres bretons ou la révision de ceux qui existent déjà
3° des études sur la langue bretonne.

Ce n’est qu’en 1902 que l’abbé Perrot commença à collaborer à la revue. Il en prendra la direction en 1911 et ne la quittera que trente-deux ans plus tard contraint et forcé par une mort prématurée.

Origine du Gwenn ha du ou drapeau à bandes

Ce drapeau a été dessiné d’après le blason de Rennes par un étudiant rennais, Morvan Marchal, pour le Cercle Celtique de Paris à la demande de son directeur, Eugène Régnier. Lancé en 1920 à Paris, il fut adopté vers 1925 par le Parti Autonomiste. En 1937, un architecte l’arbora sur le Pavillon breton au Village des Provinces Françaises à l’exposition de Paris.

Morvan Marchal prétendait faire de son drapeau, calqué sur le drapeau des Etats-Unis, l’emblème moderne de la Bretagne Fédérale et Fédéraliste. Les juristes lui répondirent avec un argument qui ne tolérait pas de réplique :
« Pour que l’on puisse parler de pavillon national, il faut qu’il s’agisse d’un emblème qui flotte ou ait flotté sur un pied d’égalité avec les pavillons des autres pays, à la poupe des navires, sur les troupes en marche, en tous lieux où un État doit manifester le signe extérieur de sa puissance. »
Le drapeau à bande ne répondait à aucune exigence du drapeau national. Exit le Gwenn ha du que l’on voit partout actuellement et qui n’a aucune légitimité.

Le drapeau herminé

Ce drapeau à l’origine n’en est pas un. Il dérive de la bannière de Pierre Mauclerc, deuxième fils de Robert II, comte de Dreux et de Braine et de Yolande de Coucy. Pierre naquit vers 1187 et mourut le 22 juin 1250. Par son mariage, en décembre 1213 avec Alix de Thouars, héritière du duché de Bretagne, il porta toujours les mêmes armoiries, celles de son père, qu’il brisa d’un franc quartier d’hermines.

C’est Jean III (1312-1341) qui changea ces armes pour un écu d’hermine plain, qui apparaît, pour la première fois sur un sceau de 1316.. Ces armes nouvelles deviennent celles de la Maison ducale. Cette bannière d’hermines que Charles de Blois et Montfort se disputaient à Auray, n’était qu’un emblème légitimiste, la marque de l’autorité des Ducs à l’intérieur du pays, leurs armoiries personnelles. Dans les guerres étrangères et les rencontres internationales, sur terre et sur mer, ce n’est pas la bannière, ce n’est pas l’oriflamme d’hermines qui symbolise la présence du peuple breton, c’est la Croix Noire (Croaz du). Pareillement, les Ecossais distinguèrent constamment la Croix de Saint-André, qui est leur drapeau, du Royal Scotch à Lion Rouge, qui était l’étendard de leur souverain. Il est à remarquer que l’Ecosse et la Bretagne sont les deux seuls pays celtiques qui aient constitué des États au sens moderne du mot, alors qu’elles sont les deux seules nations, à leur époque, à posséder des drapeaux comme les États indépendants contemporains à elles.

Le drapeau à Croix noire (Croaz du)

Ce sont les Croisades qui donnèrent naissance aux premiers emblèmes nationaux afin de distinguer entre elles les différentes nations qui mêlaient leurs chevaliers dans les combats en vue de délivrer le saint Tombeau du Christ. Le pavillon blanc à Croix noire fut donné à la Bretagne par le pape Urbain II lui-même qui le remit au duc Alain Fergent en 1095. Au camp de Gisors en 1188, la Croix Noire distingue les Bretons des Français, des Anglais et des Flamands qui arborent respectivement la Croix Blanche, rouge et verte. Tant que durera l’État Breton, la Croix Noire figura constamment sur les uniformes militaires, les enseignes de l’armée et les pavillons de la marine bretonne.
Le Croaz du ne cessa jamais de flotter sur les navires bretons de guerre et de commerce étant le pavillon officiel de l’Amirauté de Bretagne jusqu’en 1789.


Le Bleun Brug crut de son devoir de rétablir la vérité et l'abbé JM Perrot écrivait en 1937 : "Si des fautes ont été commises dans cette affaire de drapeau, ce n'est pas nous qui sommes les coupables !"

Au cours d'une réunion tenue au théâtre de Quimper en 1939, Raymond Delaporte, président du Bleun Brug demanda aux assistants de l'aider à relever le drapeau authentique de la Bretagne. La proposition fut adoptée avec enthousiasme et il fut décidé que l'assemblée du Bleun Brug débattrait ce thème la même année. Malheureusement la guerre empêcha la réunion d'avoir lieu et le projet ne put se réaliser.

LE TRAITE D'UNION DE LA BRETAGNE A LA FRANCE

Le texte qui suit a été rédigé par le roi François Ier en septembre 1532. Il publiait ainsi les engagements pris à Vannes, en août 1532, envers les Etats de Bretagne.

« François, par la grâce de Dieu Roy de France, usufructaire des pays et Duché de Bretagne, père et légitime administrateur des biens de nostre très-cher et très-aimé fils le Dauphin, Duc et seigneur propriétaire desdits pays et duché. Sçavoir faisons, à tous présents et à venir, Nous avons reçeu l’humble supplication de nos très-chers et bien aimez gens des trois Estats dudit pays et Duché de Bretagne, par laquelle ils nous ont remonstré que, à la dernière assemblée d’iceux à Vennes, où nous estions en personne, après avoir accepté et eu pour agréable la requeste qu’ils nous avaient baillée par escrit, signée de leur Procureur et Greffier, par laquelle Nous requéroient l’union d’icelui et Duché avecques la Couronne de France : Nous leur avions promis les entretenir en leurs privilèges et libertés anciennes, et que de ce leur baillerions lettres en forme de chartre.

A cette cause, il nous plaise leur confermer et agréer les privilèges dont ils ont par cy-devant jouy et usé deuëment, jouissent et usent encore de présent : c’est à sçavoir, que par cy-après, comme il a esté fait par cy-devant, aucunes sommes de deniers ne leur puisse estre imposée si préalablement n’a esté demandé aux Estats d’iceluy pays et par eux octroyée. Et que les deniers provenant des billots soient soient féablement employéz aux fortifications et réparations nécessaires des villes et des places fortes dudit pays, d’autant que ledit billot fut mis sus, principalement à cause desdites réparations qui revient à grand’charge et foule du pauvre peuple; et que la justice soi entretenuë en la forme et manière accoustumée : c’est à sçavoir : le Parlement, Conseil, Chancellerie, Chambre des Comptes, assemblée des Estats, les barres et juridictions ordinaires dudit pays, et que les subjects d’iceluy n’en soient tiréz hors soir en première instance ou autrement : fors aux cas ressortant par appel à Paris, ensuivant les déclarations qui ont esté par cy-devant sur ce faites. Et que moyennant l’union faicte dudit Duché de Bretagne avec la couronne de France, à la requeste desdits Estats, aucun préjudice ne soit faict à l’indult d’iceluy pays : qui porte que nul non originaire ne pourra avoir ne obtenir bénéfice audict pays sans avoir sur ce lettres du Prince. Et que icelles lettres ne soient baillées à gens estrangers, ne autres, sinon à ceux qui sont à l’entour de notre personne. Et avec ce, que nous ayons à confermer tous les autres privilèges dont ils ont chartres anciennes et jouissance immémoriale jusques à présent.

Nous, désirans gratifier lesdits supplians, ains de les leur augmenter, pour la grand’amour et fidélité qu’avons cogneu par effect qu’ils ont envers nous, de nostre certaine science, pleine puyissance et autorité, avons confermer et agréé, confermons et agréons, lesdicts privilèges, lesquels en tant que besoin seroit leur avons donné et donnons de nouveau, pour d’yceux jouyr pleinement et entièrement, tant et si avant qu’ils en ont par cy-devant deuëment et justement jouy et usé, jouyssent et usent encores à présent. Toutefois n’entendons aucunement par ce que dessus révoquer les ordonnances par nous dernièrement faictes à Vennes sur l’abbréviation des procèz, suivant l’advis des principaux du conseil d’iceluy pays.

Si nous donnons en mandement par ces mesmes présentes à nos amés et féaux nostre Gouverneur Lieutenant général audit pays, gens dudit Parlement, Conseils et Chancelier, Chambre des Comptes, Sénéchaux, Allouez et à tous nos autres justiciers et officiers dudit pays et Duché, ou leurs Lieutenans, de publier et enregistrer les présentes chacun en son endroit, et icelles faire garder et observer de poinct en poinct selon leur forme et teneur, sans aucunement venir au contraire : car ainsi nous plait-il estre faict. Et afin que ce soit chose ferme et stable toujours, nous avons faict nostre scel à cesdites présentes; sauf en autres choses nostre droict, et l’autruy en toutes.

Donné au Plessis-Macé, au mois de septembre, l’an de grâce mil cinq cents trente deux. Et de nostre règne le dix-huitième.
Ainsi signé, par le Roy, Breton. Et scellé en laqs de soye de cire verde.
Et sur le reply est escrit :

Lecta, publicata et registrata in Parlamenti Curia, audito super hoc procuratore generali Regis, die sexta Octobris, anno Domini millesimo quingentesimo trigesimo secundo.
Sic signatum : LE FORESTIER. »

Ce texte est reproduit par l’historien Bertrand d’Argentré dans « Coutumes générales des pays et Duché de Bretagne », Paris, édit. N.BUON, 1608.

Les Etats de Bretagne furent convoqués à Vannes, au début du mois d’août 1532. Les députés, dans l’ensemble, n ’étaient que résignés au principe de l’union et il leur répugnait de la solliciter eux-mêmes. Le parti des opposants à l’union avec la France était conduit par le procureur-syndic de Nantes, Julien Bozech et faillit l’emporter. Mais l’opposition, c’était la guerre, et la Bretagne n’avait plus d’armée. On fit observer qu’il valait mieux solliciter l’union en stipulant de bonnes conditions, que de la subir par la force et sans conditions.

Le 4 août 1532, les députés rédigèrent une supplique au roi, demandant :

1° que le Dauphin soit reconnu comme duc et prince, propriétaire du duché, et qu’il fasse à ce titre son entrée à Rennes. Toutes clauses ou conventions contraires étant révoquées et annulées;
2° que la Bretagne soit unie et jointe à perpétuité à la France, de façon qu’il n’y ait jamais de guerre entre les deux pays;
3° que les droits, libertés et privilèges du pays soient gardés et maintenus;
4° que le dauphin s’y engage par serment et qu’il en soit délivré lettres patentes.
François Ier répondit en s’engageant publiquement à maintenir et à respecter les droits et libertés de la Bretagne. Les libertés garanties énumérées dans l’édit du Plessis-Macé cité plus haut peuvent se résumer ainsi :

1° aucune somme de deniers ne pourra être imposée aux Bretons si préalablement elle n’a été demandée aux Etats de Bretagne;
2° maintien de la forme actuelle de la justice et de la souveraineté du Parlement de Bretagne. Les justiciables ne pourront être contraints de plaider hors de Bretagne;
3° les bénéfices ecclésiastiques de Bretagne seront réservés à des Bretons;
4° les Bretons ne pourront être appelés à faire du service militaire hors de Bretagne
5° aucun changement dans la législation, les institutions, les coutumes, ne pourra être apporté sans le consentement des Etats de Bretagne.

Deux remarques s’imposent :

Le Traité n’avait pas assimilé la Bretagne dans l’Etat français, mais avait seulement « prié le Roi de France de prendre la Bretagne en sa garde… ». Ce Traité est un véritable traité international entre les représentants légitimes du peuple breton et le gouvernement français.

Au regard du droit international, la France n’a pas d’autres titres à occuper la Bretagne que ce Traité de 1532 passé avec le roi de France et ses successeurs. Ce Traité n’a jamais été modifié par un nouvel accord entre les mêmes parties et la République Française s’est ôtée tout droit de l’invoquer en le rompant de deux façons :
- en en violant toutes les conditions;
- en supprimant, par la déposition de Louis XVI, le seul lien juridique existant : la communauté de souverain
- en ne refaisant pas un nouveau Traité.
La Cour Internationale de La Haye a jugé en 1953 qu’il n’y a pas de prescription pour les traités. •Alors...

Le Roi de France s’engageait à respecter la Constitution coutumière de Bretagne. Ainsi le duc était traditionnellement couronné à Rennes. Le dauphin fut effectivement couronné le 13 avril 1532, par l’évêque de Rennes, Yves Mayeuc, sous le nom de François III. Il se rendit à la cathédrale selon le cérémonial accoutumé, au milieu des applaudissements du peuple qui criait : « Vive le duc » et non : « Vive le dauphin ».

Ce fut le dernier couronnement avant le traité d’union. Ce prince mourut quatre ans plus tard, à l’âge de dix-huit ans. Son frère, qui régna sous le nom d’Henri II, hérita de la Bretagne, mais ne se fit pas couronner à Rennes. La Chancellerie française, désormais, mit son point d’honneur à ignorer LA PRINCIPAUTE DE BRETAGNE.




Je vous livre une citation de l’abbé CAHOUR L'Apostolat de saint Clair - Tradition Nantaise Editions de l’Imprimerie de l’Ouest - Nantes- 1883.
J'ai découvert ce livre à la Médiathèque de Nantes.


"Vers l’an 56, saint Pierre ayant ordonné évêques saint Lin, saint Clément et saint Clet, chargea spécialement saint Lin de gouverner l’Église de Rome en son absence ; et que l’an 65-66, sous le consulat de Nerva et de Vertinius, saint Pierre souffrit le martyre et eut pour successeur saint Lin, qui était déjà son coadjuteur. Ajoutons que saint Pierre resta enfermé dans la prison Mamertine avec saint Paul, neuf mois entiers. Cela étant, n’est-il pas vraisemblable que saint Clair, admis à l’intimité des Apôtres, le fut également à celle de saint Lin et que de cette familiarité serait née une communauté de vue entre l’Apôtre et son coadjuteur, et que la prison et le martyre de saint Pierre étant survenus inopinément, le second serait resté chargé d’investir définitivement saint Clair de sa mission lointaine, et lui aurait confié, comme encouragement et bénédiction, le clou, précieuse relique de leur commun maître ?

Cette mission date du premier siècle. Notre tradition s’est ainsi perpétuée sans altération essentielle jusqu’en 1782. A cette époque, dit Mgr richard, il se trouva des hommes qui, entraînés par le torrent de la nouveauté, se donnèrent mission de réformer le Propre nantais. Pour la première fois, l’antique tradition qui nous était parvenue intacte fut mise de côté, et pas un iota ne fut gardé dans les nouvelles leçons des Matines qui pût faire soupçonner l’existence de cette tradition, la gloire jusqu’alors de l’Église de Nantes."

Très beau témoignage d’un des plus grands évêques nantais, Mgr Fournier , le 1er juin 1877 devant le Pape Pie IX :

L’Église de Nantes, dont Votre Paternité daigne me confier la garde, a un grand souvenir qui est son honneur. Dès les temps apostoliques, le Pontife Suprême envoya dans nos contrées l’illustre Clair. Notre Armorique ne connaissait alors que le culte des Druides ou celui des faux dieux. Saint Clair y planta la Foi. Avec la Croix de Jésus-Christ, il apportait de Rome un des clous par lesquels saint Pierre subit son glorieux martyre. Ce clou sacré nous a attaché à saint Pierre et à ses successeurs. Nous ne nous en détacheront jamais. » Cité dans la Semaine Religieuse du diocèse de Nantes du 7 juin 1877.

Saint Clair a été inhumé à Réguiny, dans le Morbihan où son chef était exposé jusqu’à ces dernières années.

Ab. Grossin.